Dès le premier récit – dans lequel se met en scène l'écrivain (1854-1929) – il sera question de ces deux femmes, les deux défuntes, O-Yoné (épousée en 1899, et décédée en 1912) et Ko-Haru (jeune nièce de O-Yoné avec qui il partagera sa vie jusqu'à son décès en 1916) de leurs tombes qu'il visite fréquemment, de leurs présences fantomatiques à ses côtés. Ces textes sont comme des divagations, bienveillantes et pleines d'esprit, sur divers sujets – à l'origine ils sont destinés à des journaux de Lisbonne - , la famille japonaise, les ammas (virtuose du massage), les cascades de Kobe ou le suicide à travers portraits, souvenirs, anecdotes, réflexions sur la solitude, le temps qui passe ou observations sur les animaux...
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L’homme esseulé qui ne voit rien autour de lui excepté lui-même, qui n’entend rien autour de lui que son propre écho, n’existe pas ; sont là pour l’accompagner, sinon d’autres êtres humains, au moins le souvenir de beaucoup d’entre eux et l’intérêt qu’il porte à toute l’humanité : mieux encore, à toute la création. Il est donc en fort bonne compagnie. Car, si l’on y réfléchit bien, celui qui vit le plus dans la solitude, ce n’est pas l’homme qui s’est retiré du monde, sans famille, sans amis, seul, reclus dans son abri obscur, mais bien l’autre, ou plutôt les autres (car ils sont légion), les hommes absorbés par la vie sociale, entraînés dans le tourbillon des passions, des intérêts, des conflits, des rivalités, des plaisirs, des désirs, des ambitions.
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Payot - Marque Page - Wenceslau de Moraes - O-Yoné et Ko-Haru.