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EAN : 9782416005794
304 pages
Eyrolles (10/03/2022)
4.17/5   27 notes
Résumé :

À l'aube de ses 30 ans, Pauline quitte sa vie parisienne et son travail de cadre dans le secteur bancaire. Elle se met à marcher seule, sac sur le dos, depuis sa maison natale en Alsace en direction de Saint-

Jacques-de-Compostelle, avec l'envie de ralentir, de se connecter davantage à la nature, aux autres et à elle-même.

Dans ce carnet de voyage, Pauline partage avec nous son cheminement intérieur : comment elle fait face à la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Juste avant un épuisement professionnel annoncé, Pauline Wald a quitté son emploi de cadre bancaire à Paris pour se lancer sur la voie de Compostelle. Une histoire apparemment banale, mais qui va beaucoup plus loin.
En effet, la trentenaire alsacienne d'origine ne se contente pas d'un simple récit de ses pas sur la voie du Puy, elle décrit aussi dans le détail ses tourments psychologiques.
Pauline est l'archétype même de la « fille intelligente qui veut plaire à tout le monde quitte à s'oublier elle-même » ... Soit exactement le profil analysé par Thomas d'Ansembourg dans “Cessez d'être gentil, soyez vrai !”. Pour faire plaisir à ses parents, elle a emprunté la voie royale vers la réussite sociale : prestigieuse école de commerce puis CDI dans une grande banque.
Le problème, c'est qu'à force de suivre à la lettre les « injonctions » de sa famille pétrie de valeurs bourgeoises, elle s'empoisonne lentement mais surement en vivant une existence dans laquelle elle ne se reconnaît pas : «Quel est le sens d'une vie sans rencontre profonde avec soi? Peut-on vraiment connaître l'autre si on ne se rencontre pas soi-même dans nos facettes les plus sombres ? La profondeur du lien que nous créons avec l'autre ne serait-elle pas dépendante de l'intensité de la rencontre avec soi? »
Et de poursuivre : « Je traverse des villages avec de belles maisons à colombage, mais je me sens étrangère. Je ne fais que passer. J'ai l'impression d'être la spectatrice de la vie d'autres personnes sans être actrice de la mienne. Je regarde les habitants de ces maisons interagir, s'occuper de leurs enfants et de leurs jardins (...) J'ai envie de comprendre qui sont ces gens, plus en profondeur. Qu'est-ce qui les incite à se lever le matin ? Où courent-ils ? Que cherchent-ils ? Et pourquoi ? Se posent-ils même la question ? Cela me renvoie à ma propre vie. Parfois, j'aimerais moins
m'interroger et être comme tous ces gens qui semblent suivre le schéma classique sans trop réfléchir. »
Alors, à défaut de s'entretenir avec le citoyen lambda sur ce qui l'anime, Pauline va proposer à des pèlerins croisés en route de lui livrer une partie de leur intimité :
- Pourquoi es-tu parti sur le chemin ?
- Qu'est-ce que tu cherches ?
- Quelles réponses à tes questionnements espères-tu trouver ici ?
- Etc.
En parallèle, tourmentée par une souffrance morale que la fatigue physique peine à atténuer elle va encore plus loin dans sa propre introspection : « Et s'il n'y avait pas de Dieu ? Alors quel serait le sens de la vie ? On naît, on travaille, on se marie, on fait des enfants, on continue de travailler jusqu'à la retraite et on meurt.
La vie ne pouvait quand même pas se résumer à ça? Ces questionnements qui m'ont visitée enfant refont surface en ce moment. Quel est l'intérêt de posséder un bout de terre puisque de toute façon, nous ne l'emporterons pas dans notre tombe ?
J'ai l'impression que la vie ne peut avoir de sens qu'à travers l'exploration de son mystère et de sa magie. Peut-être parce que, comme le dit Pierre Teilhard de Chardin, nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle... Nous sommes des êtres spirituels vivant, pendant une courte période qu'est la vie, une expérience humaine. »
Parvenue sur le plateau de l'Aubrac, elle accepte enfin de lâcher prise concrètement, pas seulement en théorie : « Il a fallu que j'emprunte le chemin du "succès professionnel" et que je frôle le burn-out pour que la spiritualité vienne à nouveau frapper à ma porte, encore plus fortement. Je n'ai plus envie de me protéger et d'essayer d'éviter d'être blessée, car la blessure est l'endroit par lequel la lumière peut se frayer un chemin en moi. »
Dans sa position de vulnérabilité assumée, elle reçoit inévitablement des conseils de la part des pèlerin-e-s auxquel-les elle se confie avec parfois un impact assez mitigé : « J'apprends à prendre les conseils qu'on me donne avec beaucoup de scepticisme. Chaque personne vit dans une réalité différente qui se manifeste selon ses propres filtres, ses peurs et ses croyances. Il y a des peurs qui ne nous appartiennent pas et que nous portons sur notre dos, par loyauté ou par conformisme. Dans mon cas, je n'ai pas eu peur de me faire agresser en partant marcher seule. Néanmoins, j'ai failli intérioriser cette peur au fur et à mesure qu'on me parlait des risques que je prenais. Pas une anxiété qui vient du fin fond de mon être : une anxiété apprise, une anxiété de surface. Celle que je croyais devoir ressentir.»
Et, naturellement serais-je tenté d'écrire, la narratrice ne peut éviter LA QUESTION qui la taraude depuis qu'elle a fini ses (longues) études : comment doit-on aborder le travail ? Comme un sacrifice, comme un mal nécessaire ? Non affirme-t-elle avec force : « Travailler sans amour, dans la frustration, c'est apporter notre frustration au monde. Que l'on soit boulangère, danseur ou employé de banque, si l'on n'a pas envie d'être à la place que l'on occupe, alors on le fait subir au monde, à nos collègues, nos amis, nos enfants et surtout à nous-même... Je n'arrivais plus à mettre d'amour dans mon travail. C'était un énorme gâchis. Je pense à Benjamin qui me confiait qu'il s'arrêterait de travailler s'il n'avait pas besoin d'argent pour vivre. J'ai aussi par moments espéré cela. Mais au fond, ce dont j'ai vraiment envie, c'est de pouvoir jouer ma propre note de musique dans l'orchestre de la vie, librement et dans la joie. Et je crois que la clé pour savoir quelle note de musique jouer, c'est la connaissance de soi, obtenue en se connectant à ses sensations au quotidien. Quand j'exerce telle ou telle activité, est-ce que ça génère une expansion dans mon corps, ou une contraction ? Est-ce que ça me rend joyeuse ? Est-ce que ça a du sens ? »
C'est ici que j'ai été surpris de voir à quel point les questions que se pose Pauline et les réponses qu'elle ébauche rejoignent à 90% la réflexion de d'Ansembourg dans son remarquable ouvrage « Qui fuis-je ? Où cours-tu ? A quoi servons-nous ? ». Et là, je me dis qu'une rencontre publique de la marcheuse tourmentée et du psychologue innovateur pourrait valoir son pesant d'or !
Mais revenons à « Marcher vers son essentiel ». Par la suite, logiquement, Pauline Wald s'attaque à la notion de bonheur : « À fleur de peau, je ressens tout plus fort, la joie, mais aussi la tristesse et la colère. J'ai encore du mal à accepter ces émotions désagréables comme partie intégrante de cette aventure humaine. Pourtant, je ne connais personne qui vive tout le temps au sommet de la montagne et qui ne descende plus dans l'abîme.
Et si un obstacle au bonheur était de croire qu'on doit être heureuse par défaut? Il ne s'agit pas d'essayer de devenir la plus belle version de soi-même ni d'arriver au sommet de la montagne. Il s'agit de continuer à s'aimer même quand on se sent au plus bas et quand on marche dans le brouillard. »
Alors, à force de creuser au plus profond d'elle-même pour trouver ne serait-ce qu'un soupçon de vérité, l'ex-cadre bancaire parvient, j'en suis convaincu, à en toucher du doigt une petite parcelle, mais quelle parcelle ! « Je vois tous ces pèlerins marcher sur leur propre chemin, rencontrer des embûches ou de grandes joies. Mais peut-être que la destination finale est la même pour toutes et tous. On croit marcher vers Saint-Jacques-de-Compostelle ; je crois qu'on marche vers soi. Pas vers le moi égocentrique : vers le soi le plus profond, son essentiel (Thomas d'Ansembourg dirait "vers l'intériorité citoyenne"), derrière les couches de protection et de conditionnements. Et en touchant à ce moi, au coeur de l'oignon, on rencontre aussi l'autre plus profondément. »
Vous l'aurez compris, la quête intime de Pauline Wald m'a bouleversé et ses échos en moi ne sont pas près de s'éteindre tant ils touchent au plus profond de mon être. J'ai lu une bonne vingtaine de récits de pèlerins, mais celui-ci constitue un témoignage exceptionnel de par la portée universelle des questionnements qu'il soulève et des réponses qu'il ébauche. Un livre à mettre entre toutes les mains, y compris les plus fragiles ou les plus abîmées par la vie.
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Il y a des histoires qui marquent et des livres que l'on garde comme des trésors. Comme : Pauline Wald - Marcher vers son Essentiel . Quelque soit l'endroit d'où l'on part c'est toujours une aventure. Alors pour Pauline comme pour toutes celles et ceux qui décident un jour de franchir le pas c'est atteindre un objectif. le chemin vers Saint Jacques de Compostelle n'est pas une partie de plaisir mais plutôt une manière de sortir de sa zone de confort, tout en accomplissant un périple intérieur. En lisant ce livre je me suis senti emporté par les questions de Pauline et à sa capacité à y répondre. Quand nous choisirons nous aussi le moment de pousser la porte de chez nous, nous devrons chercher au fond de nous des réponses que nous ne soupçonnons pas encore aujourd'hui. Toutes ces questions existentielles qui font toute la complexité de ce pourquoi nous sommes en vie. Et puis en fonction de nos âges et de nos croyances il y aura des rencontres qui changeront nos perceptions et nous ouvrirons à d'autres horizons. le livre et le film de Pauline sont l'aboutissement d'un processus complexe mûrit au fil de ses rencontres à l'image des interviews de Lilou Macé LA TÉLÉ DE LILOU . Et alors que j'arrive à la fin du livre les réflexions de Tim ajoutent un peu plus à mes ressentis. Depuis toujours j'ai intégré dans ma vie que dans l'échange et le partage nous attirons ce que nous sommes, ‹Un et interconnectés›. Quand je dis que je vais partir pour Saint Jacques de Compostelle on me dit souvent oh toi il te faudra un an et plus pour y arriver car tu t'arrêtes tout le temps à parler à des inconnus. En fait je me dis que sur ce chemin d'introspection il y aura surement des moments plus silencieux que d'autres. Et les conseils des pèlerines et des pèlerins pour appréhender le chemin sont des conseils avisés de bon sens à prendre en compte avant de partir. La vie est le chemin ✨ Merci Pauline ✨
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Cet ouvrage m'a transportée. J'ai savouré chaque chapitre, chaque anecdote, presque chaque ligne
Pauline nous livre des pépites de sagesse tout au long de l'ouvrage.
C'est tellement plus qu'un récit de voyage, c'est un cheminement vers soi.
J'en sors émue, transformée, nourrie.
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J'aime assez les livres de voyage et celui ci ne me tentait pas plus que ça, notamment pour la dimension pseudo sagesse que je suspectais. Puis, j'ai vu quelques post de l'auteur sur les réseaux (hors promo du livre et film) et j'avais trouvé ses propos intéressants. J'ai donc décidé de lire le livre.
Je l'ai trouvé intéressant, notamment sur le ressenti de l'auteure, sa fatigue, ses doutes. Ensuite, les rencontres, les découvertes, bof. Je trouve qu'il coche toutes les cases du livre sur les nouvelles spiritualités. J'ai même trouvé ça agaçant par moment, gentillet, mais bon... ça ne peut pas faire de mal. Bref, une lecture mitigée.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
—Je suis envieux car tu as eu un rêve, une envie, et tu l’as réalisé, me confie une personne que je viens de rencontrer ici, au sud du Portugal, alors qu’on se balade pieds nus sur la plage. Je viens de lui raconter avec enthousiasme l’aventure de mon film, qui est sorti en version longue en décembre, et du livre en cours d’écriture. Il ajoute :
— En fait, je ne suis pas envieux du fait que tu aies réalisé ton rêve. Plutôt du fait que tu aies eu un rêve. Moi, je ne sais pas ce que je ferais si je devais quitter mon job demain. Je n’ai pas de passion. Il n’y a rien de particulier qui allume suffisamment ma flamme.
— Tu sais, si je n’avais pas créé de l’espace en moi, en quittant ma vie stressante pour me retrouver seule, sac au dos, j’aurais pu avoir toutes les idées et tous les rêves de la terre, je ne les aurais pas entendus.
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Un message attire mon attention : «Bon chemin! J’espère que tu trouveras ta voie...» Malgré la bienveillance de l’émetteur de ce message, je sens que cette phrase comporte une fausse note. Déjà, cet énoncé part du principe qu’il y a une seule voie pour chacun de nous. Ensuite, une fois que cette voie a été trouvée, c’est comme si on allait enfin pouvoir être épanoui et qu’on suivrait cette voie toute notre vie. Ça aussi, ça sonne un peu faux... J’étudie la psychologie et j’aime faire des interviews. Pourtant, de là à dire « ça y est, j’ai trouvé ma voie ! », ce n’est pas tout à fait ça. Peut-on vraiment ne suivre qu’une voie? J’ai l’impression qu’on idéalise le fait de trouver sa voie comme on idéaliserait celui de trouver le grand amour. Ne s’agirait-il pas plutôt d’un cheminement, celui d’une vie?
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Donc, on a tous et toutes une mission de vie, selon toi ?
— Oui, je crois qu’il y a un but particulier, un job à accomplir, pour chaque personne. Chaque être humain est unique et a une mission différente. Quand tu la trouves, c’est une grande joie. Et tu es en paix. Bien sûr, il y a toujours des moments où la vie semble contre toi et où tu tombes, mais suivre ta mission procure une joie immense, malgré les épreuves. Et tant que tu ne l’as pas trouvé, tu te sens insatisfaite, tu cherches encore.
— Comment on fait pour la trouver, alors?
— La mission est déjà là, elle est imprimée en toi depuis toujours. Tu as juste à savoir comment la lire, comment l’écouter. Si tu as déjà posé la question, tu dois être préparée à t’asseoir et à écouter la réponse. Ça n’apparaît pas toujours avec des tambours et des haut-parleurs. Parfois, c’est calme. Dieu parle dans le silence.
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Tout cet amour que j’ai reçu est comme une lumière qui éclaire les zones en moi réticentes à donner par peur de manquer. Une part de moi est angoissée dee (se) donner. Elle se sent séparée des autres et croit que le monde est difficile, qu’il faut se protéger, se sauver car les ressources sont limitées. J’ai beaucoup donné à mon travail pendant des années, au point de me vider de mon énergie, sans avoir su comment me recharger. Il faut peut-être avoir reçu pour donner; être d’abord soi-même plein pour donner aux autres de façon juste, pure, désintéressée. D’où l’importance d’accepter de recevoir pour se remplir et donner ensuite à son tour. En ce moment, ma joie est débordante et je donne ce qui déborde. En l’offrant autour de moi, je la multiplie par 100. Donner me procure une joie immense quand je suis vraiment alignée et que l’intention part du cœur.
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Tu savais qu’en tant qu’Homo sapiens, nous avons été nomades pendant la majeure partie de notre histoire ? Les humains sont apparus il y .1 environ deux millions et demi d’années, et ce n’est qu’il y a douze mille ans que nous sommes passés de chasseurs-cueilleurs nomades à agriculteurs sédentaires. Les chasseurs-cueilleurs vivaient sur la route et cheminaient d’un endroit à un autre en quête de nourriture, en fonction des saisons, des migrations, des animaux, des cycles des plantes.
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