J'ai failli abandonner cette lecture dès le premier chapitre, tellement le premier personnage est antipathique, vaniteux, imbu de sa supériorité d'intellectuel mondialement célèbre, infatué de sa culture, de ses relations, et de ses prouesses sexuelles.
Puis d'autres figures apparaissent et mêlent leur voix et leur histoire à celle du gros macho couvert d'honneurs qui ne vit que par et pour la littérature.
Des voix féminines, qui servent de contrepoint et parlent du quotidien, de la maternité, des liens familiaux, héritages qu'on accepte ou qu'on rejette. Des voix qui parlent de compassion, de solidarité, d'affection, des bonheurs de la vie, des douleurs, des pertes, des deuils.
Ce livre pose en filigrane la question de l'importance de la littérature, qui peut devenir envahissante, étouffante, destructrice pour ceux qui s'en servent par ambition personnelle. On pense aux romans de
David Lodge quand il dépeint avec son humour grinçant les moeurs du microcosme universitaire britannique.
Celui qui consacre sa vie à l'étude de la littérature, qui en fait son métier, passe à côté de ses contemporains qui lui deviennent étrangers.
Ainsi la littérature est dénaturée, elle éloigne son disciple de la vie, de ses émotions, de sa brutale réalité, de ses inquiétudes terre à terre, de ses drames ordinaires.
Mais celui qui choisit de ne jamais sortir de sa bibliothèque est-il capable d'affronter les épreuves que rencontrent les héros de ses auteurs favoris?