La couverture très minimaliste avec les fameuses funestement célèbres mèche et moustache démontre le souci du détail pour ce livre au prix judicieux de 19,33 € (1933, année où il devient chancelier du Reich), ironie ou machine commerciale ?
La 4ème de couverture parle d'une satire aussi hilarante que grinçante. Hilarante, non, car je n'ai pas ri, souri jaune quelque fois. Grinçante, ça oui et oh combien !
Hitler (je peine vraiment à écrire ce nom !) se réveille par un beau matin de 2011 au milieu d'un vague terrain de jeu, vêtu de son costume militaire un peu défraîchi. Personne ne le reconnait. Certains lui trouvent même une ressemblance avec un comique et le prennent pour un acteur. Tout le monde est subjugué par ses « talents d'imitateur ». Une superproduction de télévision, pour faire de l'audimat, l'engage sans plus se renseigner sur lui, avalant tout ce qu'il dit. Il a son propre talk-show et afin de boucler la boucle, on lui propose d'écrire un livre. Cerise sur le gâteau, plusieurs partis politiques le veulent absolument dans leurs rangs.
Tout au long de son livre
Timur Vermes s'est inspiré de la façon d'écrire du dictateur pour cette parodie, ce qui donne un style très lourd, ampoulé, verbeux.
Un livre édifiant. En cette période d'élections européennes où les partis populistes ont fait un carton (France, Italie, Danemark…), je n'ai pu m'empêcher de faire des parallèles, de noter certaines similitudes de vocabulaire, d'idées. Les mêmes causes amenant, souvent, les mêmes effets, ce livre m'a fait froid dans le dos.
Timur Vermes fait la satire du milieu télévisuel où le contenant et l'audience ont plus d'importance que le contenu… Mais de là à cette adhésion des producteurs de l'émission ! J'avoue avoir été secouée. Je me demande si cela ne m'a pas plus choquée.
La farce est poussée très loin. Dans sa « tanière du loup » reconstituée en studio, il a, sur le plateau, un assistant vêtu du costume SS « Un grand type superblond, genre SS ». Mais comme l'indique la productrice « de toute façon tout ça est symbolique », ben voyons ! Il se sert de leurs instincts les plus bas pour gravir les marches de la renommée. Cette bande télévisuelle va même au devant de ses désirs. Madame Bellini et ses collaborateurs disent penser second voire troisième degré, « Mon Fureur » agit au premier degré. Madame Bellini pense avoir une émission humoristique, « Mon Fureur » développe son argumentation.
Oui ce livre porte à réflexion. Ce scénario peut, hélas, se reproduire. Par ailleurs, peut-on rire de tout ? Desproges a une réponse qui me plait beaucoup : « on peut rire de tout mais pas avec tout le monde http://felina.pagesperso-orange.fr/doc/extr_dr/desproges.htm.
Je remercie Babelio et Masse Critique ainsi que les Editions Belfond pour ce livre à lire et à méditer.
Lien :
http://zazymut.over-blog.com..