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Nouvelles écrites clandestinement au début de la guerre, au moment où les mots pouvaient encore signifier quelque chose. On est transporté par la justesse des sentiments de ces nouvelles. le silence de la mer étant la plus connue (adaptée sans grand succès au cinéma) car une des plus puissante, où le silence est signe de désobéissance et où un seul mot ("adieu") prend l'ampleur d'une émotion énorme: l'amour. Mais les autres nouvelles aussi sont terribles notamment celle du bon homme qui a confiance en la police française, celle du français qui n'aime pas les juifs, mais ne comprend pas qu'on s'en prenne à son collègue. Un recueil qui pointe déjà les désillusions apportées par Pétain, un régime vicié qui a collaboré étroitement avec l'ennemi. Mais aussi un hommage à ceux qui ont résisté et ont disparu.
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Un excellent recueil de nouvelles à mettre entre tous les mains. La plupart d'entre elles sont bouleversantes, attention aux âmes sensibles, et toutes elles sont magnifiquement écrites. La plus extraordinaire reste celle qui donne son nom au recueil mais les autres méritent tout autant d'être découvertes.
Ces nouvelles ayant été écrites apparemment entre 1941 et 1945, est-il besoin d'expliquer quel sujet elles abordent? Un enfant qui assiste à la déportation de ses parents, trop jeune pour comprendre, un ancien de Verdun qui croit à Pétain bien trop longtemps et s'en trouve brisé, un officier allemand envoyé habiter dans une maison française, dans cette France qu'il aime mais occupe....
C'est oppressant, marquant et à lire.
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Chut…
Taire le fait que je n'ai pas trouvé grandiose cette oeuvre pourtant monumentale ?
Pourquoi ce grondement sourd n'est-il pas parvenu jusqu'à moi ?

Par manque de résonance certainement. Difficile de s'imaginer, à travers cette nouvelle qui laisse le contexte au large, en « pays vaincu et occupé » par un « peuple vainqueur d'occupants ».
Bien sûr, j'aurais pu faire l'effort de me plonger dans l'époque concernée mais j'ai préféré me laisser vaguement porter par les mots du « silence de la mer ».


Il est habile de présenter une résistance au premier abord insignifiante : opposer le silence à quelqu'un de sociable, aimable et qui cherche le dialogue. On ressent au fil de la lecture comme cette résistance est tout à fait active.
Vercors dénonce aussi très subtilement l'envahisseur, au travers d'un allemand, ennemi de circonstance, qui s'oppose lui-même aux vraies raisons de l'occupation.

Alors je reconnais que cette oeuvre est grande… comme la mer est grande bien que je ne l'ai jamais observée dans son entier.


Les autres nouvelles de ce recueil m'ont paru très inégales.
Une a cependant attiré mon attention : « L'imprimerie de Verdun ».
Un imprimeur a son associé juif qui part se cacher dans la France libre. Il lui garantit de protéger sa femme et ses enfants, restés dans leur maison. Il ne veut pas croire que le Maréchal Pétain soit prêt à livrer les juifs aux allemands. Mais…
Elle porte un peu le même message que « Matin Brun », à mon avis : vous ne voulez pas y croire, vous préférez rester passif, mais quand vous vous réveillerez, il sera trop tard.





Tadadam…
« […]
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme
Moi la mer elle m'a pris
Comme on prend un taxi

Je f'rai le tour du monde
Pour voir à chaque étape
Si tous les gars du monde
Veulent bien m'lâcher la grappe

J'irai z'aux quatre vents
Foutre un peu le boxon
Jamais les océans
N'oublieront mon prénom

Dès que le vent soufflera je repartira
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons
[…] »

Extrait de « Dès que le vent soufflera », Renaud :
https://www.youtube.com/watch?v=mm7nGX193bo
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La nouvelle la plus poignante du recueil... Sans doute parce que tous les sentiments humains s'y mêlent dans un huis clos à 3 : amour, estime, amitié (ou presque), capitulation, déception, haine aussi sans doute au début. Que tout semble à sens unique, jusqu'à la fin, où tout se révèle en un mot : "Adieu".
Toutes écrites en temps de guerre, ces nouvelles dévoilent des âmes de résistants, même là où on ne les attend pas. Mais aussi de la peur, de la culpabilité. Tout ce par quoi les contemporains de cette époque ont pu passer.
Un recueil d'une grande force, qui mérite sa place aux côtés de L'armée des ombres de Kessel.
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Le silence de la mer est un roman fort simple, mais renfermant plusieurs éléments qui demandent réflexion et approfondissement. D'abord, l'action elle-même aurait pu causer un problème à l'auteur si elle avait été connue durant la guerre : un français qui héberge un Allemand, c'est plus que subversif pour des hommes qui ne pensent qu'à leur propre victoire. Mais ce qu'il faut voir à travers l'action des personnages, c'est une philosophie fort humaine : nous sommes tous humains, les limites de nos pays ne sont visibles que sur les cartes que nous dressons.

Le roman de Vercors est philosophique et possède une structure narrative qui donne un essor considérable à cette philosophie. le silence est d'ailleurs un thème et une action qui vient beaucoup influencer la vision que l'on a de l'intrigue. Les premiers mots adressés à Werner von Ebrennac sont « Entrez, monsieur », alors que celui-ci est sur le point de partir définitivement, à la fin du roman. Et dire que ces mots sont en fait la cristallisation du sentiment éprouvé par le vieil homme envers le plus jeune : une certaine sympathie, une inquiétude. Et les derniers mots qui lui sont adressés, par la nièce, « Adieu », ne viennent que quelques minutes après, à peine. Une porte s'est ouverte, mais personne n'a eu le temps d'y passer. Pourtant, toute l'émotion du moment y est et y demeurera. Voilà ce qu'est le Silence de la mer de Vercors.
(Commentaire de l'Association Jean Bruller dit "Vercors")
http://bruller.vercors.free.fr/article.php3?id_article=7
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Existe-t-il un texte plus beau que celui-ci ? Des plus grands, bien sûr, des plus importants peut-être même. Des plus puissants, sans doute. Mais plus beau ?
Existe-t-il des lecteurs qui peuvent ne pas apprécier ce court et bouleversant texte de Vercors sur l'impossible amour entre un homme de coeur et une femme de tête, ennemis déclarés par la guerre, coeurs emprisonnés dans l'époque, sentiments censurés par la folie des intérêts inhumains ?
Si le beau tient à la forme de l'oeuvre plus encore qu'à son contenu, connaît-t-on une langue plus accomplie ? Si le beau tient à l'équilibre des proportions, à leur harmonie, sait-on si jamais livre ne fut plus ciselé, plus mesuré, plus dompté ? Sait-on un texte dont chaque mot serait aussi précieux, aussi étincelant, donc chaque phrase serait plus belle, mieux tournée ? Et a-t-on idée d'une histoire qui conjuguerait avec plus de force les grandes idées que le silence de la mer propose : l'ambivalence des sentiments comme un échos à celle de la culture, la violence sourde de la lutte du bien et du mal, dans le monde comme au coeur de chacun ? Car ce silence de la mer (monde du silence s'il en est), c'est d'abord la discrétion nécessaire de l'armée de l'ombre, et jusqu'à la résistance par le taire, d'une femme qui ne laissera pas le soldat occupant pénétrer ni son âme, ni son coeur. C'est aussi l'histoire d'un homme en lutte avec lui-même : « Certes, sous le silence d'antan, – comme, sous la calme surface des eaux, la mêlée des bêtes sous la mer, je sentais bien grouiller la vie sous-marine des sentiments cachés, des désirs et des pensées qui se nient et qui luttent ». C'est encore le silence de la mort qui engloutit toute vérité : « Tout ce que j'ai dit ces six mois, tout ce que les murs de cette pièce ont entendu […] il faut l'oublier »… A moins que ce silence ne masque trop la lumière qui jamais n'est tout à fait éteinte, car « alors pour la première fois – pour la première fois – elle offrit à l'officier le regard de ses yeux pâles ». le silence de la mer n'est pas seulement une tragédie, c'est aussi l'espoir : de la vie sous les flots, même les plus sombres. La mer n'est-elle pas l'origine de toute vie ?
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Le Silence de la mer est la nouvelle la plus connue du recueil, mais j'avais lu auparavant (ah, les études de texte en cours de français) la nouvelle "Ce jour-là".
Ces deux nouvelles sont celles qui m'ont le plus marquée. le Silence de la mer, par la noblesse et le courage des hôtes autant que la personnalité de l'officier allemand qui s'est installé chez eux, laisse la trace et le souvenir d'un gâchis immense, celui qu'ont été les guerres mondiales du siècle dernier.
Ce jour-là prend le point de vue d'un enfant qui part en promenade avec son père, comme d'habitude. Mais la promenade ne se déroule pas comme d'habitude et le garçon reste seul chez une amie, ses parents sont partis. Disparus, emmenés par des gens qui les ont reconnus. Il ne comprend pas tout mais le lecteur averti a saisi que ses parents sentaient le danger. Résistants ou Juifs, on ne le sait pas, mais le petit orphelin nous a menés à travers son récit avec des yeux innocents.
Grand recueil de nouvelles qui rappelle la dureté de ces années noires, symbole de l'écriture résistante, premier livre des Editions de Minuit, le Silence de la mer est devenu un classique que l'on n'oublie pas.
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Cet ouvrage est un recueil de courtes nouvelles de Vercors : on y trouve bien sûr le silence de la mer, mais aussi Désespoir est mort, Ce jour-là, le cheval et la mort, L'impuissance, L'imprimerie de Verdun et La marche à l'étoile.

Mes deux nouvelles préférées furent le silence de la mer, le meilleur de tous je dirais, et Ce jour-là.

L'auteur, de sa belle plume, arrive à nous immiscer dans l'ambiance de la guerre à un moment donné, dans un contexte précis. Une impression, un sentiment...

Dans le silence de la mer, nous avons trois personnages : le narrateur et sa nièce, qui vivent sous le même toit et s'allient dans leur silence, et un Allemand venu vivre chez eux pendant la guerre contre la France.
Les deux Français s'unissent contre l'Allemand avec leur seule arme : le silence.
L'Allemand pourtant est un gentilhomme. Il parle, il est très poli, a toujours un mot gentil. Au fur et à mesure du récit, on se prend presque d'affection pour lui, il est honnête. Un humain reste un humain, peu importe sa patrie, et surtout peu importe la politique et les quelques gouvernants à la tête de son pays.
On sent le désespoir et l'horreur envahirent nos trois personnages. L'Allemand doit partir, horrifié, désolé, et après des longs jours de silence, il obtient un triste et déplorable : "Adieu".

Nous pouvons sentir toute la froideur de ce texte qui réfère à la guerre, cassée pourtant par la gentillesse et la chaleur de l'Allemand qui parle de la culture de la France avec beaucoup d'amitié. La guerre détruit, casse, rompt au silence.
Peut-être ce très lourd silence est-il la meilleure réaction et attitude à avoir dans ce contexte... face à l'absurdité, face à l'horreur, peut-être ont-il trouvé dans ce silence commun un acte de résistance.

Ce jour-là est très intéressant car il est vu à travers les yeux d'un petit garçon. Un jour, son père l'emmène en promenade. Mais ca ne se passe pas comme d'habitude : il lui sert très fort la main, ils ne s'arrêtent pas comme d'habitude à certains endroits rituels... Puis, maman a l'habitude de toujours déposer un pot de géraniums au bord de la fenêtre quand ils partent. Et ce jour là, une fois arrivés en haut de la colline, le petit garçon et son père s'aperçoivent que le pot de fleurs a disparu. Son père le dépose en vitesse chez une certaine dame. Puis il s'en va, il disparaît. On cache des choses qu'on ne veut pas dire au petit.
Tel que le silence, le petit ne dit rien et se met juste à verser des larmes. Pas besoin de comprendre les détails, nous comprenons de la même manière que ce petit le sens du danger, la peur, l'abandon, la tristesse.

Et pourtant, malgré la noirceur et la lourdeur du thème de la guerre abordé, ces nouvelles sont légères, courtes et agréables à lire.
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Un livre important. A lire.
Cela parle de courage, de dignité, d'humanité. A replacer dans le contexte des années sombres où il a été écrit.
La finesse et l'intelligence de la nouvelle "Le silence de la mer" m'a frappé, mais j'ai été encore plus touché par les autres textes du livre, notamment "L'imprimerie de Verdun".
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Mélange des genres, mélange des voix, en toute pudeur. Surréaliste, la pantomime de cet officier allemand volubile, immense, charismatique, au milieu de ce salon confiné, au plafond bas, et dont les habitants s'enferment dans un mutisme obstiné ; hilarante, l'histoire de cette vieille concierge, réveillée en pleine nuit par un Hitler curieux de visiter les arrière-cours parisiennes ; émouvant, le regard embué de ce petit garçon qui voit partir son père pour un ailleurs qui le dépasse…

Mais l'homme est un animal social et d'autres formes de communication prennent le relai : langage du corps, langage des choses, et le silence, avec le temps, devient une douce torpeur qui se fait confortable et contre lequel Vercors semble se déchaîner laconiquement. Il restera me de cette lecture une douceur amère, un pathétique profond, et l'étrange sentiment d'avoir, toujours, à regarder par-dessus mon épaule.
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