Matysiak Jean-Claude et Valleur Marc - "
Le désir malade" - Lattès 2011 (ISBN 978-2709631051)
Mon attention avait été attirée sur ce livre par une chronique publiée dans "le Monde", et ce n'est pas un hasard si ce quotidien fait l'éloge de ce truc-là. Les deux auteurs se targuent d'être des psychiatres, grands chefs trois plumes dans des hôpitaux ayant pignon sur rue : comme tous leurs semblables, ils recourent à un verbiage aussi copieux que vide pour s'éblouir eux-mêmes des lieux communs qu'ils "découvrent" au fil d'une écriture lâche, verbeuse, redondante. Dans mon jeune temps, les profs auraient collé l'infâmante et cinglante mention "délayage" au stylo rouge dans la marge... Bref, c'est un essai émanant d''auteurs habitués à pisser la copie abondamment sans se relire, entrant typiquement dans cette psychologie de bazar pour le grand public, énonçant tout et son contraire : en ôtant le baratin inutile, les 258 pages ici barbouillées seraient aisément réductibles à une dizaine de feuillets même pas synthétiques.
Les auteurs se proposent de traiter de la nouvelle maladie du siècle, baptisée "addiction", apparue après la disparition de la plupart des grands "tabous" (ils citent
Freud à tour de bras et recourent à son vocabulaire suranné) qui brimaient "la sexualité". Ils évoquent ainsi principalement les addictions aux jeux d'argent en ligne, au "cybersexe" (appellation ridicule pour désigner des hommes consultant les sites pornographiques à longueur de journée), aux jeux vidéo. Là où les générations antérieures avaient l'impression de transgresser une norme (les auteurs s'étalent bien entendu longuement sur la sempiternelle interdiction qui était imposée à la masturbation), les détraqués des générations actuelles s'adonnent au contraire abondamment à ces pratiques largement diffusées, encouragées, tartinées dans les média actuels, jusqu'à ce qu'elles deviennent obsessionnelles et maladives, le patient (les auteurs n'évoquent pratiquement que des hommes) en venant lui-même à réclamer l'aide du psy-quelque-chose (-chiâtre, -chologue, -chanalyste, au choix) pour tenter de se débarrasser de cette "addiction". Cet aspect de l'ouvrage est plutôt faible, mal rédigé, peu approfondi, et ne dépasse pas les lieux communs répandus partout par une abondante littérature de salon de coiffure, basée sur une abondante bibliographie d'origine états-unisienne et plus largement anglo-saxonne dont la niaiserie n'est plus à démontrer.
Bien entendu, ils se vautrent dans la dramatico-comique interrogation "et pourquoi mon brave monsieur la société veut elle interdire ces comportements, hein, j'vous l'demande" dans laquelle ils tournent en rond faute d'avoir intégré dans leurs réflexions d'une part le coût bassement matériel et financier de ces addictions, "oubli" peu étonnant puisqu'il faudrait alors évoquer leurs grasses rémunérations gagnées sur le dos de tels malades, d'autre part les autres types d'addiction, comme ces gens (souvent des femmes, cette fois) qui s'abrutissent dans leur travail ou dans l'anorexie.
Finalement, l'intérêt de ce livre se réduit à ses six pages 114 à 121 (voir citations).