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EAN : 9782709631051
258 pages
J.-C. Lattès (18/05/2011)
2/5   1 notes
Résumé :

Longtemps, le plaisir a été un péché, et la quête du plaisir, surtout lorsqu’il était déviant par rapport aux normes - masturbation, homosexualité, etc.- une maladie. Notre époque, depuis quelques décennies, l’a libéré. Puis elle en a contrôlé à nouveau l’usage, imposé ses normes au nom de la santé publique ou privée (tabac, alcool, sexe, etc.)&#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Matysiak Jean-Claude et Valleur Marc - "Le désir malade" - Lattès 2011 (ISBN 978-2709631051)

Mon attention avait été attirée sur ce livre par une chronique publiée dans "le Monde", et ce n'est pas un hasard si ce quotidien fait l'éloge de ce truc-là. Les deux auteurs se targuent d'être des psychiatres, grands chefs trois plumes dans des hôpitaux ayant pignon sur rue : comme tous leurs semblables, ils recourent à un verbiage aussi copieux que vide pour s'éblouir eux-mêmes des lieux communs qu'ils "découvrent" au fil d'une écriture lâche, verbeuse, redondante. Dans mon jeune temps, les profs auraient collé l'infâmante et cinglante mention "délayage" au stylo rouge dans la marge... Bref, c'est un essai émanant d''auteurs habitués à pisser la copie abondamment sans se relire, entrant typiquement dans cette psychologie de bazar pour le grand public, énonçant tout et son contraire : en ôtant le baratin inutile, les 258 pages ici barbouillées seraient aisément réductibles à une dizaine de feuillets même pas synthétiques.
Les auteurs se proposent de traiter de la nouvelle maladie du siècle, baptisée "addiction", apparue après la disparition de la plupart des grands "tabous" (ils citent Freud à tour de bras et recourent à son vocabulaire suranné) qui brimaient "la sexualité". Ils évoquent ainsi principalement les addictions aux jeux d'argent en ligne, au "cybersexe" (appellation ridicule pour désigner des hommes consultant les sites pornographiques à longueur de journée), aux jeux vidéo. Là où les générations antérieures avaient l'impression de transgresser une norme (les auteurs s'étalent bien entendu longuement sur la sempiternelle interdiction qui était imposée à la masturbation), les détraqués des générations actuelles s'adonnent au contraire abondamment à ces pratiques largement diffusées, encouragées, tartinées dans les média actuels, jusqu'à ce qu'elles deviennent obsessionnelles et maladives, le patient (les auteurs n'évoquent pratiquement que des hommes) en venant lui-même à réclamer l'aide du psy-quelque-chose (-chiâtre, -chologue, -chanalyste, au choix) pour tenter de se débarrasser de cette "addiction". Cet aspect de l'ouvrage est plutôt faible, mal rédigé, peu approfondi, et ne dépasse pas les lieux communs répandus partout par une abondante littérature de salon de coiffure, basée sur une abondante bibliographie d'origine états-unisienne et plus largement anglo-saxonne dont la niaiserie n'est plus à démontrer.
Bien entendu, ils se vautrent dans la dramatico-comique interrogation "et pourquoi mon brave monsieur la société veut elle interdire ces comportements, hein, j'vous l'demande" dans laquelle ils tournent en rond faute d'avoir intégré dans leurs réflexions d'une part le coût bassement matériel et financier de ces addictions, "oubli" peu étonnant puisqu'il faudrait alors évoquer leurs grasses rémunérations gagnées sur le dos de tels malades, d'autre part les autres types d'addiction, comme ces gens (souvent des femmes, cette fois) qui s'abrutissent dans leur travail ou dans l'anorexie.
Finalement, l'intérêt de ce livre se réduit à ses six pages 114 à 121 (voir citations).
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"Les premières campagnes, destinées à féminiser la cigarette en faisant fumer des artistes célèbres, ne donnèrent pas de résultat. Bernays eut alors l'idée d'associer la cigarette au mouvement de libération des femmes, en appliquant une stratégie commerciale simple.

En 1929, lors d'une parade publique, un groupe de femmes au premier rang de la manifestation brandit ostensiblement des cigarettes allumées, comme signe de protestation et de revendication. Ces «torches de la liberté» signifiaient le refus de l'inégalité entre femmes et hommes.

Cette campagne fut un succès : peut-être fit-elle avancer un peu la cause des femmes, ce qui était l'un de ses objectifs, mais elle bénéficia surtout à la compagnie American Tobacco, dont les chiffres de vente explosèrent. Les débats et les polémiques qui firent suite à la parade des « torches de la liberté » portèrent sur l'image des femmes, leur droit ou non de fumer en public... Le débat lui-même fut une gigantesque campagne publicitaire pour les cigarettes. Nous reverrons que cette «libération» peut passer pour une expression du désir des femmes, mais qu'elle fut surtout l'expression du désir des cigarettiers, qui embauchèrent ainsi gratuitement des agents publicitaires très actifs, et bénévoles...

L'histoire est remarquable, car elle fait plus que démontrer le cynisme de certains publicitaires, prêts à rendre une population entière dépendante d'une substance qui s'avérera très toxique, et cause encore aujourd'hui des millions de morts des suites de cancer ou de maladies cardiovasculaires. Elle montre bien l'interdépendance des mouvements de libération, d'émancipation, et de la montée des addictions dans la société.
[pp 118-119]
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"L'attitude «rock and roll», «rebelle», «libérée», fut donc aussi, dès son origine, une grande libération dans la publicité et le marketing à destination des jeunes, qui devenaient un groupe disposant d'un certain pouvoir d'achat, avant de devenir le groupe prescripteur de la consommation familiale. Là encore, sous les couleurs de la libération du désir des jeunes, c'est leur embrigadement comme agents publicitaires de marques, ou de disques, ou de boissons, ou de cigarettes, qui est mis en œuvre.

Tous les champs de culture sont concernés, tous les mouvements, et tous les objets de consommation. En 1968, l'une des grandes figures des mouvements contestataires en France, Wolinski, libertaire et homme de gauche, fut aussi l'auteur des dessins d'une grande campagne publicitaire pour une barre chocolatée, promue par le slogan « Un coup de barre... et ça repart ! », au point qu'acheter ces friandises pouvait être vécu comme un acte libérateur, presque contestataire.
[pp. 120-121]
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Le «droit au plaisir», la liberté de tout montrer ont conduit, avec la grande liberté d'Internet, à une diffusion sans précédent de la pornographie, qui devient le mode principal d'éducation sexuelle.

Il y a, dans l'optique de la libération, bien des avantages à cela : il n'est plus guère de minorité qui soit vraiment orpheline, et chaque tendance un tant soit peu originale, notamment quant aux pratiques sexuelles, trouve à se rassembler et à s'épanouir.

Mais la nécessité commerciale de vendre au plus grand nombre ne tire pas la majorité des nouveaux médias vers plus de culture, et, au contraire, risque de tendre vers la facilité d'un appel aux pulsions, en évitant toute interrogation sur le désir...
[p. 123]
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"Vivre devient peu à peu l'équivalent de consommer, l'identité se construit à l'aide d'objets marchands, et le bonheur, ou le «souverain bien» d'Aristote, se réduit à une liste de courses dans le panier du consommateur.

Les clips de rap sont l'une des meilleures illustrations de cette culture populaire de la consommation généralisée : les rebelles, les marginaux, les voyous, se distinguent par les grosses bagues et les voitures de sport aux couleurs criardes, les femmes-objets servant d'ustensiles de décor à cette promotion du «bling-bling», le «dealer», le marchand, prenant la place du drogué, le client, comme idole sulfureuse et modèle d'identification pour des adolescents."
[pp. 121-122]
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La récupération des mouvements libérateurs à des fins de consommation est en effet devenue une constante de notre société, et dépasse de loin le simple champ de l'usage de tabac ou d'alcool par les femmes. [p. 119]
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