Je poursuis mes lectures des auteurs russes du 19ème siècle avec «
Maître et serviteur » de
Léon Tolstoï parce que j'ai envie de connaitre un peu mieux ce que l'on nomme l'âme russe.
Je dois dire que cette nouvelle a effectivement une dimension philosophique très intéressante.
L'histoire est centrée autour de deux personnages comme le titre l'indique mais j'y ajouterais un troisième :
le cheval qui va accompagner les deux hommes durant tout leur périple.
Andréitch Brékhounov est un marchand qui se dispose à se rendre chez un propriétaire du voisinage pour lui acheter une forêt. Son but est de s'enrichir, faire des affaires, amasser des biens. Nikita, son domestique, va le conduire. Il est connu pour sa bonté, son adresse et sa volonté. Alors que son maître est avide et égoïste, Nikita prend soin du cheval qui doit les guider. Par manque de lucidité, Brékhounov va vouloir poursuivre son chemin le soir tombant et en pleine tempête de neige, pour ne pas rater son affaire. Bientôt ils seront perdus. Abandonnant Nikita se mourant, le maître va connaitre la peur et ses pensées vont alors s'éloigner des biens matériels. Il va faire un amer constat voyant la mort arriver.
Parvenu au sommet de la réussite sociale, il réévalue son existence à l'aune de critères moraux et la trouve vaine et futile.
Cette histoire est vraiment très bien écrite et j'ai eu froid avec eux. Elle est poignante car Tolstoï sait traduire l'idée qu'il se fait d'une vie réussie, bénéfique, de l'importance du don de soi, sans évoquer dieu.