Je n'avais pas du tout repéré ce livre lors de sa sortie. Il avait pourtant tout pour me plaire.
C'est quand j'ai parlé à ma tante de mon presque coup de coeur pour La librairie des rêves ensevelis, qu'elle m'a mis celui-ci entre les mains. Alors merci à toi, car j'ai pris une énorme claque avec ce roman.
Ici aussi, nous sommes à Londres, en pleine Seconde Guerre mondiale. Clara, bibliothécaire dans le quartier de Bethnal
Green, a vu sa bibliothèque bombardée dès la première nuit du Blitz. le bâtiment détruit, son patron décédé, Clara s'est retroussé les manches pour permettre aux habitants du quartier de ne pas perdre leur accès à l'évasion que constitue la lecture, tellement primordiale en ces temps difficiles.
C'est finalement dans les couloirs du métro, au coeur d'une station jamais terminée, que non seulement la bibliothèque, mais toute une communauté, s'est retrouvée et organisée.
Le roman nous plonge en 1944, au coeur de cette communauté atypique. Aux côtés de Clara et de son amie Ruby, nous suivons les derniers mois de la Guerre et les voyons évoluer dans leur bibliothèque souterraine.
La première chose qui m'a marqué dans ce roman, c'est qu'il se base sur une histoire réelle. Si Clara et Ruby n'ont jamais existé, la bibliothèque souterraine de Bethnal
Green, elle, n'est pas une invention. Non plus que le terrible événement relaté dans le roman et qui a tant marqué Ruby On retrouve d'ailleurs à la fin d'une livre un dossier sur la véritable bibliothèque que j'ai trouvé passionnant. On y comprends que pour l'autrice, il ne s'agissait pas du tout d'écrire un simple roman, mais d'un véritable engagement.
J'ai aussi trouvé très réussi le débat qu'amènent les personnages sur l'utilité des bibliothèques. En ce sens, toutes les citations de bibliothécaires utilisées pour les ouvertures de chapitres m'ont vraiment parlé. le rôle d'une bibliothèque est-il seulement de proposer des ouvrages choisis à un public déjà convaincu ? Ou au contraire, doivent-elles accueillir tout le monde, y compris des non lecteurs? C'est aussi l'éternel débat de la lecture et de la "vraie" littérature qui pointait là.
Comme Clara, je suis convaincue qu'une bibliothèque doit rester un lieu ouvert et accueillant. Un lieu où vous ne serez pas jugé sur vos lectures, même si la seule chose que vous y lisez, c'est un quotidien, une romance, un graphique... Autant de choses que certains rechignent à classer comme de la littérature.
Et alors ? L'important, c'est que chacun puisse lire ce dont il a besoin et envie. Qu'il souhaite de l'information, de la réflexion, de l'évasion, ou même seulement un peu de lien humain, peu importe. Après tout, pourquoi devoir hiérarchiser ces besoins et décréter que certains ne sont pas acceptables ?
L'engagement du personnage de Clara auprès des enfants, de par son rôle à la bibliothèque, tout autant que le contexte de guerre, avec toutes les horreurs qu'il implique, amène des scènes vraiment touchantes. Je l'avoue, j'ai été par moments bouleversée au point de ne pas pouvoir retenir mes larmes. Il faut dire que savoir que certains événements relatés n'étaient malheureusement pas fictifs n'a pas aidé.
L'autrice a réussi à nous rendre ses personnages extrêmement attachants, grâce au passé qu'elle leur a imaginé et qu'elle nous dévoile par touches tout au long du roman.
Le temps de ces 400 et quelques pages passées aux côtés de Clara, Ruby, Billy, Sparrow, Tubby et tous les autres a été pour moi un véritable coup de coeur, et je ne peux que vous conseiller absolument ce roman.