Les adieux à la Reine, quel titre ! Tout y est dit, ou presque.
La fin d'une royauté, la chute d'un roi et d'une reine, le terme tragique d'une époque…
Le récit des souvenirs de l'ancienne lectrice de la reine
Marie-Antoinette, Agathe-Sidonie Laborde, nous fait revivre 3 jours dramatiques, du 14 au 16 juillet 1789 ; trois journées depuis la prise de la Bastille jusqu'à la fuite du cercle proche et intime du couple royal…
Rien ne préparait véritablement
Marie-Antoinette à ce glissement vertigineux, à basculer d'une vie certes désenchantée à la ruine de ce qu'elle avait toujours connu. Dans ce monde cloisonné, et en totale méconnaissance de la réalité de la vie du peuple, l'annonce de la prise de la Bastille laisse la cour incrédule et perplexe.
Ce n'est que devant le délitement de l'organisation interne du château de Versailles, devant la fuite des serviteurs, que ce petit monde quelque peu indolent passe de l'incompréhension à la sidération. L'impossible se produit : le château risque d'être envahi faute de soldats pour le défendre, la royauté et tout ce qu'elle implique est remise en cause jusqu'en son coeur le plus intime.
Et nous connaissons tous la fin de l'histoire…
Très troublant roman historique livré par
Chantal Thomas, qui nous donne là un récit au premier abord sobre et froid, documenté, mais qui par certains aspects, prend des tournures de roman apocalyptique.
Cette spécialiste du 18ᵉ siècle réussit avec talent à reconstituer ce monde si particulier, depuis ses rituels jusque ces pièces richement ornées de tissus somptueux et décorées de leurs riches ameublements. Mais c'est aussi la rencontre de deux mondes qui jusqu'alors s'ignoraient totalement, et ce choc donne à
Chantal Thomas l'occasion de scènes dignes de films d'horreur lorsque par exemple la narratrice croise des membres de la population en colère, décrits comme presque une meute de zombies prête à attaquer toute proie noble ou apparentée…
Le parti-pris est clairement en faveur de la Reine, et point de son époux, par la narration de cette jeune femme, totalement sous le charme de la souveraine. de même, Gabrielle de Polignac, l'amie proche et la confidente de
Marie-Antoinette, sous la plume de
Chantal Thomas, ne se remettra pas de son exil forcé ordonné par la Reine elle-même. Cet angle de vue affirmé m'a quelque peu gênée, dépossédant ainsi la narratrice de force de caractère.
Peut-être à l'image de ce monde en déclin...