La double Chronique sur
Collectif Polar
Quand plusieurs Flingueuses ont lu le même titre, vous avez le droit de découvrir leurs différents avis.
Jean Paul : Bonjour à toutes et à tous…
Attention !
Ce roman noir est une véritable bombe à retardement… Il m'a emporté avec son ton journalistique durant toute ma lecture, jusqu'au dernier chapitre, “véritable explosion”, jusqu'à sa dernière phrase, qui donne un espoir… jusqu'à son dernier mot, “Guerre”.
Dany : Loin d'être dans un conte de fée ou un western spaghetti comme pourrait le suggérer le titre, nous participons à une guerre dans la tête de Sébastien, un logisticien. Certes il ne porte pas les armes mais il les livre au nom de l'Etat et dans l'indifférence générale des métropolitains
Jean Paul : “
Il était une fois la guerre”, dernier roman d'
Estelle Tharreau, est un condensé de toutes les émotions ressenties par Sébastien Braqui, un soldat brisé par des dommages psychologiques qu'il a subit, brisé par les politiciens qui ne voient que leur intérêt à l'encontre de la vie de centaines, de milliers d'êtres humains. Je l'ai presque perçu le récit comme un documentaire sur la guerre, une intrusion dans un monde noir et terrifiant ou les soldats se soumettent à des ordres qui parfois font froid dans le dos…
Dany : Un conflit africain par puissances financières interposées va faire sombrer Sébastien dans une quasi-démence, notamment parce qu'il se sent coupable d'abandonner un enfant, Momar, alors que tout aurait dû lui sourire. Victime d'un syndrome post-traumatique, d'une impossibilité à partager avec son entourage les atrocités dont il est témoin après plusieurs missions. Seul un reporter de guerre le comprendra. Tantôt dans la tête de Sébastien, tantôt dans celle de son épouse voire de sa fille, tantôt aussi à travers la vision de son ami reporter, le lecteur est confronté à une « boucherie » exotique, irrationnelle et malheureusement réelle.
Jean Paul : le récit n'est pas raconté par le héros, mais par un reporter de guerre qui témoignera de l'horreur vécu par Sébastien et tous les autres. Je suis devenu alors le témoin du basculement psychologique qui s'installe dans son esprit, des rapports compliqués qu'il vivra avec sa femme qui l'aime pourtant de tout son coeur, avec sa fille, avec qui il refuse tout dialogue, de sa transformation tant physique que mentale. Il se sent humilié, alors il se réfugie dans l'alcool pour “oublier”, et finira par perdre l'estime de lui-même.
Dany : L'auteure nous confronte aux horreurs et aux absurdités, nous fait partager la descente de Sébastien, asocial au point de ne plus être capable d'un quelconque retour à la vie auprès des siens, victimes collatérales, au point d'envisager une solution ultime.
Estelle a construit son récit d'une main de maître. Pas de phrases inutiles, pas de mots perdus, ils sont percutants et nous forcent à la réflexion sur les aléas de la guerre et le pouvoir de certains. Elle plonge directement, sans épargner ses lecteurs, dans des scènes de conflits violentes, effroyables… Mais pour comprendre la perception du vécu et la déchéance de Sébastien, il nous fallait passer par là, entrer dans sa tête, comprendre sa perdition.
Dany : L'auteure nous offre une fin magistrale et inattendue. Elle nous surprend alors que nous ne pouvions envisager de dénouement « rationnel ».
Jean Paul : Avec ce quatrième roman lu, Estelle grimpe pour moi une nouvelle marche.
Dany : Les gens ordinaires, victimes de leur devoir, de leur loyauté, au service de causes inavouables, inconvenantes, font don de leur conscience à la bêtise, alors que l'objectif initial était de servir un idéal et que sur le terrain tout dérape. Et dire que certains parlent de guerre propre …
Au-delà de l'inconvenance et du dégoût suscité par la situation, j'ai apprécié le ton de
Estelle Tharreau pour nous happer dans ce récit noir, ce roman psychologique, cette fresque sur la France-Afrique.
Jean Paul : Un roman très visuel, une thématique plus que maîtrisée, un dénouement vertigineux, elle signe un roman qui risque de surprendre plus d'un homme et qui ne laissera de toute façon personne indifférent, qui marquera je l'espère les mémoires…
Où s'arrête la fiction, où commence la réalité ?
Seule l'auteure le sait.
Dany et
Jean Paul : Nous remercions les éditions Taurnada pour leur confiance et de nous avoir permis de découvrir une nouvelle facette du talent de cette autrice qu'il faut découvrir impérativement !
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