La cervelle à nu !
Troisième incursion dans le monde de ‘Dynamite Burma', le détective de choc imaginé par
Léo Malet, mais cette fois-ci sans le concours de celui-ci, puisque ‘
Une gueule de bois en plomb' est un récit imaginé par l'anar
Tardi lui-même d'après les personnages et l'univers de l'anar Malet et ce en 89 pages, en couleur (ce qui est très rare chez le Grand Jacques), dans un format tout à fait particulier (17cm de large sur 26cm de haut), relié, mais dans un carton assez mou, le papier des pages intérieures étant lui plutôt épais (ces informations ne valent que pour l'édition originale de 1990).
Ce nouveau ‘Nestor Burma' est en fait une BD très courte (elle est chapitrée, ce qui est toujours synonyme de pages blanches ; il y a pas mal de dessins en pleine page -ce qui est super- et dans l'ensemble il n'y a que peu de vignettes sur chaque planche), mais cette histoire (un petit « fait d'automne ») n'en est pas moins une excellente adaptation de l'univers glauque du poète de l'asphalte parisien : nous sommes en 1957 et Nestor Burma, qui, suite à son aventure vécue dans ‘
Brouillard au Pont de Tolbiac', ne s'est pas vraiment remis de la disparition de la belle Bélita Morales, traîne dans les rades les plus pourris et boit comme un trou ; et c'est justement d'un long moment d'absence de la part de notre héros, bourré d'alcool et de remords, que certains profitent pour lui mettre sur le dos le meurtre d'une jeune serveuse…
Entre Mauricette, la jeune serveuse, et Auguste, le patron (un ancien clown du cirque Medrano) du rade dans lequel échoue Burma, le gars au cure-pipe, le journaliste Covet et Hélène, l'enjouée secrétaire de Nestor, sans parler de quelques sales gueules qui s'animent sous la pluie de la plus triste des banlieues, « l'homme qui met le mystère K.O. » a fort à faire, avec sa « gueule de bois en plomb » face à un bien maléfique complot…
Si vous aimez le personnage de Nestor Burma et les adaptations de ses aventures dessinées par
Jacques Tardi, vous aimerez ce petit et court album récréatif qui vient, sur le plan chronologique de son oeuvre, juste après ce véritable pavé qu'est ‘
120 Rue de la Gare' et avant cet autre véritable pavé qu'est ‘Jeux pour mourir' : tout est dans le dessin, rutilant (d'où d'ailleurs toutes ces superbes pleines pages). En résumé, un ouvrage à se procurer sans hésitation !