Amour d'hiver

L'hiver de Londres se fit plus rude. Le froid régnait en permanence, et les ténèbres, le soleil ne se montrant jamais dans un brouillard de vingt-quatre heures d'horloge, où la pénombre succédait à l'obscurité, et l'obscurité à la pénombre, et ainsi de suite. Pourtant ce fut pour moi une période ensorcelée, comme je n'en avais jamais connue, comme je n'en connaîtrais plus jamais. Oh! hiver de paix et de bonheur, solstice de mes jours... un cercle d'heures magique s'enroulant dans une obscurité impénétrable. Je suis sortie de ce cercle enchanté, j'ai continué à vivre, mais sans plus rien vouloir fortement.

-Je ne saurais dire, fit Mara, où cesse le sentiment pur, un engouement, comme tu dis, et où commence la sexualité. Est-ce qu'on peut le savoir? Quand un sentiment devient-il péché? Quand le corps accomplit ce qui a déjà pris forme dans l'esprit? Dis-le-moi, Red.
-Tu es une vrai philosophe, toi" dis-je évasivement.

-Mais tu sais bien qu'il faut la faire, cette guerre, Mara. Ce sont les Allemands qui sont horribles. Hitler est un monstre.
-Je sais, dit-elle, mais ça ne me plaît pas davantage pour autant. La guerre n'est pas une nécessité ou, sinon, que les politiciens se battent en duel, ce serait plus propre."