Très belle BD «
le roi des vagabonds » de
Bea Davies, pour le (magnifique) dessin et
Patrick Spät, pour le scénario, chez Dargaud aux Editions du Seuil.
Tout d'abord, factuellement c'est une très belle BD, un dessin en noir et blanc très précis, fouillé et foisonnant, des cases qui n'enferment pas longtemps le dessinateur. Un texte clair, des bulles jamais envahissantes mais qui disent tout du personnage de Gog.
Gregor Gog, justement, ce « roi des vagabonds ».
Je ne vais pas trop vous expliquer sa vie, cette « biographie » le fera beaucoup mieux que je ne saurais le faire et puis je déteste qu'on me raconte un livre, alors je ne vais pas vous le faire. Disons simplement que cette histoire et son héros se situent dans les années 20, si dures économiquement pour les habitants de cette République de Weimar qui succédait à l'empire allemand vaincu par la grande guerre.
Gog est proche du joueur de flute d'Hamelin, personnage légendaire allemand.
Ici les enfants qui suivent Gog ne sont pas vêtus de blanc et pourtant, ils courent eux aussi à la mort, au désastre, le nazisme s'abattra très vite sur l'Allemagne et sur le monde.
Mais n'allons pas trop vite.
Gog le trimardeur (j'adore ce mot, un peu désuet) a lu Tolstoï, Stirner, Bakounine etc… à ce titre, c'est un anarchiste, libertaire. Il parcourt les routes et vit librement par choix, par idéal, plus que par obligation de misère. Atteignant dans la vie de chemineau cette dignité humaine qui le motive.
Gog veut être libre comme le sont les chats errants.
Il créé une confrérie des gens de la route, un peu du style « trimardeurs de tous pays, unissez-vous ». Des trimardeurs de tous bords, des chemineaux de la grand-route, mais aussi des « marcheurs intellectuellement engagés bénévolement, parmi lesquels des prêtres désireux de fuir la bourgeoisie et de retrouver le goût de l'aventure ».
Le saint patron de la confrérie des vagabonds était Till l'Espiègle.
La même aversion pour tout pouvoir, en un mot, proche de l'anarchisme de Gregor (du moins avant sa visite en Union Soviétique), le feu-follet Gog me faisait d'ailleurs penser à cet autre personnage de légende allemand. de son charisme, de cette faculté à se jouer des convenances…
J'aimais beaucoup le personnage de Till l'Espiègle, autre personnage légendaire « contemporain » du joueur de flute d'Hamelin. du moins pour le souvenir de Till que j‘en ai et qui date d'un film de
Joris Ivens (et Gérard Philipe, j'avais oublié qu'il avait co-réalisé et je l'apprends par une recherche rapide sur le net pour raviver mes souvenirs) « les aventures de Till l'Espiègle ».
Par parenthèse la distribution de ce film laisse rêveur…Gérard Philipe,
Jean Vilar, Fernand Ledoux,
Jean Carmet, Jean Debucourt, Georges Samarat,
Françoise Fabian ou
Raymond Souplex.
Fermons la parenthèse et revenons à Gregor Gog et à son histoire ici racontée, ou plutôt découvrez-la cette histoire racontée par
Bea Davies et
Patrick Spät, traduite par
Alexandre Pateau.