Babelio m'offre le plaisir de découvrir cet auteur Norvégien, Sigbjørn Skåden avec son roman
Oiseau dans le cadre d'une masse critique Mauvais Genres, une petite pépite de curiosité qui interpelle par son étrangeté et cette prose poétique des paysages. Sigbjørn Skåden est un écrivain du Territoire Same (lapon), son poème épique en prose, Skuovvadeddjiid gonagas (le Roi des cordonniers) de 2004 le fait découvrir dans son pays et lui donne une certaine notoriété, sa prose est finaliste pour le Grand Prix littéraire du Conseil nordique, ce texte fait un parallèle au mythe du Juif errant, il publie un roman en 2009, Prekariáhta lávlla, pas encore traduit en France, son deuxième, en 2019,
Oiseau, le sera par
Marina Heide, une Franco-norvégienne aux éditions Agullo Court.
Ce roman est éphémère par sa brièveté, très court, comme une respiration, il est étrange par sa conception, il est comme un Alien qui vous dévore de l'intérieur, ce conte d'anticipation résonne comme un écho lointain qui se diffuse en vous et s'évapore dans les profondeurs de l'incertitude.
« L'avenir est une érosion imperceptible qui nous réduit aux contours faibles de ceux que nous étions autrefois »
Le roman s'articule autour de cette citation, Sigbjørn Skåden, à travers un roman d'anticipation, qui semble proche de la dystopie, une science-fiction décrivant un avenir sombre, des pionniers quittent la terre et au-delà de la lumière du son découvre une nouvelle planète Secles, qu'il nomme Home pour y vivre (mourir, survivre…), une épopée nouvelle les attend, ces 18 pionniers vont plutôt subir la vie sur cette planète étrange, au climat chamboulant le cycle de la rotation de cette planète, c'est l'anarchie entre le jour et la nuit, et le pire c'est la lumière du soleil qui résonne des bruits qui étouffent tout, notre auteur norvégien à cette image poétique de ce vacarme du jour,
« On dirait une myriade de mouches qui se contracte dans l'air et s'évapore. »
Une mére, raconte à sa fille Su, qui, elle devra être , comme étant la première naissance sur Home, en cette année de 2048, cette louve protectrice et cruelle aura cette réflexion de vouloir couper le passé de terrien, que sa fille puisse naitre d'une source pure, sans référence à la Terre, mais est-ce une solution pour son enfant de devenir l'
oiseau, symbole de liberté et légèreté.
2147 semble être un futur de 2048, une ombre où Su semble être lointaine à ce tableau de ces 34 survivants résidant sous le Dôme de Montifringilla, où un code secret soude cette communauté, laissant le passé rugir des ondes qu'il faut taire et caché au prix d'un renoncement de soi au profit de la communauté , et tout cet équilibre va basculer lorsque une mission terrienne va venir sur cette planète ou le jour est bruyant et la nuit est silencieuse.
Sigbjørn Skåden est un poéte, le tableau de la planète est une mélodie prosaïque, une douce chanson mélancolique dessine les contours de Home, ce sable rouge, cet océan blanc de Dune, ces noirs montagnes, des terres comme des mares de sang coagulé, des courants d'air venu du noyau de la planète couvrant d'un voile blanc le paysage, une averse de neige de coquilles creuses blanches, l'océan noir, les plantes blanches non comestibles et la dureté clivante de cette planète au secret profond.
Je vais rester ambiguë sur ce roman et de pas puiser dans sa profondeur, pour ne pas dévoiler ce miroir futuriste que reflète ce roman.
J'aime être surpris , comme je l'ai été avec
Oiseau et cette écriture envoutante…