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EAN : 9782253158387
192 pages
Le Livre de Poche (19/01/2011)
3.89/5   27 notes
Résumé :

Est-ce que l'incident de dimanche a l'importance que je suis tenté de lui attribuer ? On ne peut même pas, sans exagération, parler d'incident. Une rencontre fortuite, dans la rue.

Un couple inconnu dans la foule parisienne. Un échange de regards. Pourtant, depuis trois jours, mon humeur 'a changé et des décisions que je croyais définitives ne me le paraissent plus autant. Je ne les évoque pas d'une façon dramatique, ni sentimentale.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je lis encore souvent SIMENON, mais je ne fais état que de peu de ces lectures sur le blog pour ne pas surcharger les propos. Cependant, de temps à autre, un de ses ouvrages me semblant plus nécessaire apparaît sur le blog. C'est le cas pour « L'homme au petit chien ».

Roman écrit en 1963, il dépeint un homme, Félix Allard, au seuil de la cinquantaine et par ailleurs narrateur du récit conté en partie au présent, détails intéressants quand on sait que SIMENON a souvent employé pour ses romans la troisième personne dans un temps passé. le « je » au temps présent renforce un peu plus l'intrigue, la rend immédiate, actuelle, et c'est peut-être un atout supplémentaire de l'oeuvre (je pense aussi à « En cas de malheur » qui utilise la même structure, mais ce n'est pas le seul).

Félix Allard est commis dans une librairie parisienne tenue par la vieille madame Annelet, de plus en plus impotente. Dans un monologue intérieur puissant et précis, il se souvient du temps passé et prend des notes dans un cahier bleu (le second sera jaune), comme dans un carnet intime. Allard est toujours accompagné de son chien de cirque, Bib. Tout d'abord, c'est par l'entremise de bribes de conversations avec sa patronne que nous découvrons la parcours du commis, puis peu à peu, celui-ci se livre, s'auto-analyse. Nous apprenons soudain qu'il a été emprisonné par le passé (nous ne connaîtrons les circonstances qu'à la toute fin du récit). Allard a été marié (il l'est toujours puisque le divorce n'a jamais été prononcé) et père de deux enfants.

C'est à sa sortie de prison qu'il a décroché son emploi actuel. À ses heures perdues et de loin, il espionne sa femme Anne-Marie et ses enfants, avec qui il a vécu six ans, dans leur quartier. Seulement, huit ans après sa sortie de prison, son passé le rattrape, comme une gifle en pleine figure. Il est temps de faire le bilan de sa vie.

Allard fut un homme jaloux, possessif, dominant. Aujourd'hui il paraît indifférent à tout, au bonheur comme à la souffrance. Même la seconde guerre mondiale ne l'a pas tellement bouleversé (on pourrait y voir une sorte de début d'autobiographie). Sonne l'heure des reproches, il n'a pas été tendre ni tolérant avec ses proches.

« L'homme au petit chien » me semble un roman important dans la gigantesque oeuvre de SIMENON. Il pourrait être une sorte de résumé succinct de celle-ci. On y voit « L'homme nu » cher à l'auteur, dans une analyse psychologique vertigineuse. Il balaie des décennies entières du XXe siècle alors que la plupart des romans se contentent généralement d'exister dans un temps donné, souvent celui où ils furent créés. Mais ce roman est aussi celui du regret, de ce que le narrateur n'a pas osé faire dans son existence. Comme souvent chez SIMENON, le personnage se sent seul, oublié. Et ici ce n'est que la présence de son petit chien qui le raccroche à la vie, qui tempère le climat étouffant.

Ce roman est impressionnant dans sa structure narrative, dans ses va-et-vient entre passé et présent, dans ses pensées intimes sur le futur, dans ses seconds rôles, d'anciennes connaissances, qui entrent soudain en scène et donnent une épaisseur à l'action, d'autant qu'ils prennent rapidement une part active à l'intrigue, cruciale même. Ce texte est celui d'un homme blessé, désenchanté, qui n'attend plus grand-chose de la vie, jusqu'à la toute dernière page, une coupure de journal dans la rubrique « faits divers » qui vient clore le drame.

Il n'est peut-être pas nécessaire de lire les 117 « romans durs » de l'oeuvre de SIMENON écrits sous son propre nom, mais celui-ci restitue à merveille tout l'univers du romancier. Si vous n'avez jamais lu SIMENON, il peut être intéressant de commence par celui-ci pour bien vous familiariser avec cette atmosphère unique et terriblement addictive.

« Pour une femme, je suis un ancien mari, pour une jeune fille et un jeune homme, un père dont ils se souviennent à peine et de qui on ne doit pas parler ».

https://deslivresrances.blogspot.com/
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L'homme au petit chien n'est pas un polar classique avec suspens et enquête policière. Ce court texte de Simenon relate le parcours d'un homme, Félix Allard, 48 ans, tel qu'il le retranscrit lui-même. Au cours des deux derniers mois de sa vie, il tient en effet une sorte de journal composé de deux cahiers d'écolier bleu et jaune. Il se livre à une introspection et dresse le bilan d'une vie en dé-crescendo. L'écriture est lucide et détachée, avec pour seul témoin son petit chien Bib.
Les constantes de l'univers des romans de Simenon baignent chaque page de ce roman : la pluie, les livres et les rues de Paris.
Le personnage de Félix apparaît à la fois comme un Monsieur tout le monde très ordinaire et un monstre effroyable. Au fil des pages, Simenon amène son lecteur à comprendre comment s'est dessiné le destin tragique de cette personne comme vous et moi.
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"Nous sommes tous des voleurs. Nous volons tous des vies ou des morceaux de vies pour en nourrir la nôtre." C'est sur cette phrase sibylline que s'achève ce court roman de Georges Simenon. Aveu de personnage, d'auteur ou d'être humain? Sans doute tout cela à la fois et chacun peut en prendre sa part. En tout cas j'y vois un encouragement de la part de cet auteur, ô combien prolixe et reconnu, à oser se risquer dans l'aventure de l'écriture.
Quant au texte lui-même je dirai simplement qu'il est agréable à lire, très cinématographique, on ne se lasse pas de ces rues de Paris sous la pluie comme si on y était, et où l'on rencontre, aux détours des pages, des personnages dont la description est savoureuse. J'en veux pour exemple celle de Mimieux, obscure figure secondaire dans le roman: "Mimieux avait les yeux globuleux, jaunâtres, et sa transpiration sentait le foie malade."
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Un roman sous forme de journal intime. Froid et sombre comme une pluie d'hiver. Un « héros » attachant et complexe. Seul. Une écriture précise et coupante. Des personnages ambigus, doubles, aux masques étranges. Une perle noire du polar, dans lequel le lecteur sera ballotté comme un compagnon de fortune.
Magistral.
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ncore un Simenon! encore une perle! Je me répète mais cet auteur sait faire vibrer la langue française pour délivrer un récit complet, intrigant, fluide. Sous ce titre inconséquent, d'une banalité confondante, L'homme au petit chien est une histoire qui va bien au-delà de ce à quoi on peut s'attendre.

Dans un style impeccable, Simenon dresse le portrait d'un homme qui fait le point sur sa vie (souvent le cas dans les oeuvres de Simenon, justement remarqué par C'era du blog Quel bookan).

Pour nous raconter son histoire, le protagoniste décide d'écrire ce qu'il veut laisser à la postérité sur des cahiers. Avec élégance et mystère, Simenon distille les éléments d'une vie pas si banale que cela, une vie plus large, plus profonde, plus sombre et romanesque. Il est très stimulant d'en faire la découverte…
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/l-homme..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Si je fournis surtout des détails matériels, c'est par une sorte de pudeur ou, si l'on veut, par horreur de la sentimentalité. En réalité, cette promenade dominicale constituait pour moi un dernier pelerinage. Mettons d'adieu et n'en parlons plus.

Je n'étais pas triste, ni nostalgique. Je voyais les choses telles qu'elles sont, comme l'objectif indifférent d'un appareil photographique, et je me voyais moi-même sans pitié ni indulgence.
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Il me restait à accomplir mon service militaire pour lequel, en qualité d'étudiant, j'avais obtenu un sursis. II me restait aussi à gagner ma vie.

En attendant, je me contentais de la respirer comme, tout petit, paraît-il, je respirais une orange pendant des heures, fondant aux larmes dès qu'on tentait de l'éplucher.
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Je crois que je suis à nouveau capable de me regarder, non plus du dedans, ce qui m'inclinait à la complaisance, mais du dehors, comme les autres me voient. Je vais essayer de rester froid et lucide jusqu'au bout.
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Bien que je ne sois pas vraiment vieux, il a existé plusieurs Félix Allard que je trouve de plus en plus distincts les uns des autres et il en est, parmi eux, non seulement que je ne reconnais pas, mais que je ne comprends plus.
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