Haïti est une île des Caraïbes qui a un charme qui m'ensorcèle. Sans doute par le charisme de son peuple qui s'est battu pour sa liberté. Elle est comme une manifestation du sacré, un sacré qui se rattache au continent africain. C'est une île douloureusement frappée par des hommes dénaturés par le pouvoir et l'argent mais aussi par les forces indomptables de la nature.
Ce récit, rédigé par
William Seabrook (1884-1945) a été édité à la fin des années 1920 ; les illustrations en noir et blanc sont d'Alexandre King.
William Seabrook est un de ces hommes qui vivent intensément chaque instant. le passé n'est plus modifiable et le futur est un présent non encore advenu. Dans ce récit, ce voyageur iconoclaste qui a vécu les tranchées de la première guerre mondiale, qui a été journaliste au New York Time (en autre) rend compte dans un style concret et vivant de sa rencontre avec le vaudou grâce à Louis et à Maman Célie. Il rapporte les processions d'hommes et de femmes, vêtus de blanc, les litanies et le rythme sourd des tambours, la flamme sacrée qui brûle comme elle avait brûlée dans les demeures de la jungle là-bas au Congo. C'est une existence loin de Port-au-Prince, comme si la capitale n'existait pas.
Le vaudou n'est pas un culte relevant d'une société secrète. C'est une religion, dissimulée au regard des blancs par peur des persécutions. La magie peut être blanche mais elle peut aussi être noire avec ses symboles, ses mystères, ses dieux. Pour en citer quelques-uns : Papa Legba est le gardien des portes, dieu des carrefours ; Papa Nebo est l'oracle hermaphrodite des morts et le plus connu, je crois, Baron Samedi, le gardien et l'esprit des cimetières.
Grâce à Seabrook nous faisons la connaissance de la Reine noire Ti Meminne et de Wirkus, Roi blanc de la Gonâve (une île que l'on peut voir de Port-au-Prince). Il y a aussi Constant Polynice avec qui il partage son intérêt pour les combats de coqs, le sport national. Il assiste à des danses Congo, d'origine africaine. Il s'agit de danses sexuelles. Il a rapporté de ses voyages des chants créoles qu'il a traduit pour le lecteur.
Même si les préjugés sont forts, les américains sont curieux. Seabrook nous fait le portrait d'hommes singuliers et de scientifiques excentriques.
Le récit se déroule en Haïti, sous protection américaine. C'est durant l'été 1915 que les Etats-Unis occupe Haïti et ce jusqu'en août 1934. C'est en juin 1918 qu'Haïti se dote d'une constitution.