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EAN : 9782879622811
136 pages
Editions PHI (21/06/2010)
4/5   2 notes
Résumé :
"On est toujours l’insecte de quelqu’un"
Lambert Schlechter.

Avec des dessins de Jean-Marie Biwer.

Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le poème-préambule, “en guise d'autoportrait“, interpelle et lance la couleur du recueil : et si la poésie était le seul autoportrait possible ? Quand l'art du fragment rejoint le chant, n'a-t-on pas là, dans les creux du langage, la plus fidèle tentative d'autobiographie qui soit : l'être dans toute sa mouvance, ses chantournements, ses blancs, sa volonté de vivre et son refus de mourir, son caractère insaisissable d'âme que les mots, fuyants, peinent à exprimer (” celui qui dit je/ n'est jamais en français dans le texte“), le caressant et le relâchant aussitôt ?

Et si le vers, par sa puissance d'évocation, sa brièveté, sa densité, pouvait seul prendre “le nom/ en écharpe“, et avec lui l'art de jouir, de vivre & de mourir, de celui qui s'anaphore à travers le texte ?

Lisant L'envers de tous les endroits, on retrouve, éclatée en poèmes, l'âme belle et complexe du diariste Schlechter, oscillant entre “plénitude & manque“, mort & vie. le voilà qui lutte contre la fascination du néant, cet “envers de tous les endroits“, cette “volupté absolue” ; contre la mort inéluctable à laquelle il refuse de se résigner (“faudrait de tout ça/ bêtement animalesquement se divertir, non ?” ; “une résolution aussi touchante que grotesque / clamser pas encore, pas ici, pas maintenant“) ; contre l'angoisse de l'éphémère (“de toute façon ce sera une autre logique / une autre philosophie, une autre économie / quand tu seras aux urgences / il n'y aura plus d'urgence“), du temps qui passe et qui engloutit tout (“où où où sont-ils partis / tous ceux que nous avons connus / où sont-ils maintenant / et nous, où irons-nous, où où“), la couleur des fleurs, le sourire des hommes, la vanité du scarabée (“on est toujours l'insecte de quelqu'un” – “narquois clin d'oeil” à “l'ami Franz“).

Le poète glisse dans le texte, à mots simples, presque enfantins parfois (“y a la mort qui vient / et le soleil qui brille“), l'envers de son âme : refusant de céder au lamento, il déjoue avec humour la peur de la disparition, apprend à conjuguer l'appréhension de la mort avec des éclats de vie quotidienne (“la chambre que je préfère / est ta chambre fleurie / et peu importe alors / si ton beau drap est mon linceul“), à voir dans cette promesse d'ombre un moyen de dédoubler l'éclat de la vie (“la bougie ne donne de lumière que si elle brûle / elle n'est vive qu'en mourant“), de substituer au manque toutes les plénitudes. Interrogeant la mort, avec une âme aussi contemplative que rieuse (“l'endormissement et son euphorie / nous les connaissons déjà / alors pourquoi l'autre somnolence / nous ferait-elle peur? “), il fait alors jaillir d'autant plus haut la joie et la jouissance de la vie.

La suite par ici : http://www.delitteris.com/au-fil-des-pages/l-envers-de-tous-les-endroits/
Lien : http://www.delitteris.com/au..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Extrait
12.


et c’est cet épuisement
qui sème la zizanie dans les molécules
et on ne sait plus vraiment quoi faire
on demande réparation au sommeil
mais le sommeil n’y peut rien
le sommeil n’est pas vraiment compétent
pour les molécules
et ainsi, de jour en jour
on n’est pas prêt pour le jour
on se réveille le matin
et le réveil cause un tel épuisement
que l’on retourne se coucher aussitôt
et pendant ce temps les mulets s’ensablent
les chameaux s’engourdissent, la caravane stagne
les feuillets que nous attendons n’arriveront pas
le poème qui dira muettement le souhait
d’aller dans ta chambre fleurie
ne sera jamais lu, ni par toi, ni par personne
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Extrait
11.


on ne sait plus où se réfugier
peut-être baisser les stores
descendre les jalousies, condamner les fenêtres
sceller les portes
organiser l’absence, le temps que ça passe
le temps que le temps passe
rien d’autre ne peut passer que le temps
et ce que le temps ramène en passant
c’est encore du temps
qui à son tour devra passer
et ce temps qui n’arrête pas de passer
qui passe sans répit
ça donne un insurmontable épuisement
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Encore et encore je contemple
le gros plan de ta fleur d’amour
icône sainte & sacrée
de mon unique religion
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pendant la promenade au cimetière
sa main vient trouver ma main
au fond de la poche de mon manteau
et nos doigts au nez des macchabées font l’amour
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La chambre que je préfère
est ta chambre fleurie
et peu importe alors
si ton beau drap est mon linceul
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Vidéo de Lambert Schlechter
Lambert Schlechter. Punaise.
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