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sur 3029 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai réussi il y a peu de temps à me procurer un exemplaire de ce roman graphique qu'il me tardait de découvrir, et une fois n'est pas coutume, en anglais s'il vous plaît, ça change, même si cette oeuvre a été écrite en français évidemment, mais bon ayant déjà vu la version animée en français, ça ne me dérangeait pas de varier un petit peu, d'autant que le vocabulaire traduit dans la langue de Shakespeare y est assez simple.
Avec Persépolis, Marjane Satrapi nous donne son point de vue de témoin privilégié de l'Iran des années 70, 80 et 90. On découvre ce pays, si particulier vu de notre petit monde occidental, avec un humour et une prise de conscience toute personnelle à Marjane Satrapi qui nous fait vivre les événements de l'intérieur : c'est cela tout l'intérêt du témoignage par rapport à un récit historique, il nous fait vivre les choses du point de vue de ceux qui l'ont vécu et non de ceux qui en ont juste entendu parler ou se sont renseignés à son propos. Là, nous vivons les choses de la manière la plus quotidienne et fatidique qui soit, et c'est même assez cru parfois, ce qui n'enlève rien au talent de Marjane Satrapi. À force de se parler à elle-même ou de discuter avec son « ami », comme elle appelle Dieu, l'auteur brise même parfois le quatrième mur ce qui participe des petits effets humoristiques censés alléger les propos du récit bien chargé en émotions.
Un récit tantôt triste, tantôt drôle donc, qui m'a paru trop lourd pour ce que ça raconte, notamment le long séjour en Autriche qui est pour moi totalement hors-sujet (dans la troisième des quatre grandes parties, ce sont davantage les considérations d'une adolescente comme chez nous finalement) par rapport à l'intérêt évident de voir, du point de vue d'une petite fille, se former un régime totalitariste encore palpable de nos jours.

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Après avoir vu le film, j'ai pu enfin lire la totalité de la bande dessinée de Marjane Satrapi. J'ai beaucoup apprécié son trait si particulier, les aplats noirs, et j'ai retrouvé avec plaisir l'humour du récit. Un témoignage intéressant sur l'Iran des années 80 et 90.
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Cet ouvrage réunit 4 tomes publiés entre 2000 et 2003 par Marjane Satrapi, née en 1969. Il a été un immense succès puisque l'ensemble a représenté les meilleures ventes des éditeurs de bandes dessinées alternatives de la décennie. le long métrage animé qui en est tiré, sorti en 2007, recevra le prestigieux prix du jury du festival de Cannes. le sujet est tout sauf léger : la vie d'une petite fille devenant une femme dans l'Iran de la Révolution Islamiste. le dessin, en noir et blanc, est avant tout une illustration des textes et, s'il n'est pas inutile, reste assez second. Les écrits abordent des questions aussi fortes que le témoignage historique sur une époque très oppressive, l'identité ou l'exil.
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Devant ce qui précède il est légitime de se demander si nous nous trouvons face à un chef d'oeuvre comme Maus. Est-ce un ouvrage aussi fort ? Selon moi non, même si Persépolis est très intéressant, et c'est ce point de vue nuancé que je vais tenter de défendre.
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Cet ouvrage comprend donc 4 tomes, traitant de 4 périodes distinctes. Chacun est composé d'une série de petits et grands événements traités en quelques pages.
- La première partie commence en 1979, à la chute du Shah (appelé Chah dans ces bandes dessinées) et se termine le 22 septembre 1980 lors du début de la guerre entre Iran et Irak. elle nous permet de découvrir Marjane Satrapi jusqu'à l'âge de 10 ans. C'est une enfant très vive, intelligente, issue d'un milieu aisé et cultivé, très politisé (mouvance marxiste). Elle rêve de devenir prophète, adore ses parents et sa grand-mère (personnalité très forte). Nous la verrons ensuite confrontée à l'obligation du port du foulard islamique, à la séparation des sexes dans les écoles, assisterons aussi aux premières répressions dans la rue et aux premières purges.
Ce tome est très intéressant car il nous confronte immédiatement à la rencontre violente, à travers les yeux d'une enfant, entre une liberté et des rêves d'un côté et l'avènement d'un régime profondément oppressif de l'autre. Il pourra aussi servir de page d'histoire à qui connaît peu cette période marquante du Moyen-Orient, indispensable pour comprendre les discussions actuelles sur le conflit opposant l'Iran aux USA (pour simplifier grandement)
Cette partie se termine lorsque cet enfant, confrontée à l'inadmissible, perd la foi.
- le second commence avec la prise d'otage des diplomates de l'ambassade des États-Unis (oui il y a un chevauchement temporel avec le premier tome) et se termine en 1984, lorsque Marjane Satrapi partira en Europe. Il est marqué par la guerre entre l'Iran et l'Irak, la mort, les « martyrs », les pénuries, les bombardements, la répression et, plus généralement, l'absence de liberté. Nous voyons une toute jeune femme cherchant à grandir dans ce contexte ; tentant d'exister à travers le punk, le vin, les cigarettes, les posters, des tenues parfois improbables et dangereuses face aux contrôles des islamistes.
- le troisième tome traite de la vie de l' « héroïne » entre 14 et 18 ans en Autriche. Sans détailler chaque étape nous assistons à l'arrivée d'une adolescente encore assez pudique, discrète, travailleuse et soucieuse de ses convictions qui, progressivement, se passionnera pour l'anarchisme, la drogue, une forme de liberté sexuelle, qui rencontrera la solitude, des manques affectifs croissants et la dépression avant de devenir SDF et malade. Enfin elle sera hospitalisée et devra repartir en Iran.
Ce tome, parfois pénible à lire (l'auteur ne cherche pas à se ménager) montre la difficile voire impossible intégration d'une toute jeune femme seule et sans repères dans une société qui lui est étrangère. À cet âge charnière celle qui était une enfant brillante lorsqu'elle était insérée dans sa société et soutenue par sa famille semble se naufrager et manque de décéder.
- le dernier tome aborde la vie de l'auteur entre 1988 (et la fin de la guerre Iran-Irak) et 1994, année de son départ pour la France où elle réside toujours. Nous observons et l'Iran en ruine et les nouvelles difficultés de Marjane Satrapi, considérée comme une Iranienne en Europe mais aussi comme une occidentale dans son pays d'origine. Après une tentative de suicide liée largement à des conflits de valeurs avec son milieu elle cherchera à vivre en "étant elle-même", en allant à l'université, en se constituant un groupe d'amis et en se mariant avec un de ses camarades (Reza). Elle devra constater que, au même titre que son mariage est un échec, elle ne parvient pas à s'intégrer dans l'Iran des Mollahs et elle choisira de se séparer définitivement de sa famille pour vivre en France. Nous apprendrons à la toute fin que sa grand-mère adorée mourra deux ans plus tard, ce qui charge encore d'émotions ce second exil.

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Persepolis est un ouvrage très fort. Il est difficile de ne pas être ému par le destin si singulier d'une enfant qui doit grandir d'abord au sein d'un monde devenu presque instantanément oppressif et absurde. Difficile de ne pas penser à Kafka ici (« le procès » en particulier) et le fait que Marjane soit initialement brillante et issue d'un milieu aisé rend ce choc culturel sans doute encore plus brutal. Dans le même esprit il serait assez paradoxal de reprocher à cet ouvrage les errements de son auteur, ses naïvetés, sa médiocrité souvent lors de ces années (la troisième partie étant la plus évidente sur ce plan) alors que c'est justement une des conséquences de ce drame qui a frappé des millions de personnes. Constater que ces événements qui frappent l'Iran font des morts, des blessés, des emprisonnés mais compliquent aussi la croissance normale vers l'âge adulte d'une enfant qui au départ avait tous les atouts pour grandir harmonieusement et dans la joie est au coeur de Persepolis.
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Alors pourquoi cette réserve ? Elle est liée à la façon dont nous est racontée cette histoire. Marjane Satrapi se place au niveau de son enfance et nous raconte, aussi sincèrement que possible, ce qu'elle voyait et ressentait. C'est là la force de son témoignage mais aussi sa limite selon moi. Il n'y a aucun recul, aucune mise en abyme. Dans Maus il y a la transfiguration des peuples en animaux, une relecture des souvenirs du père par ceux du fils, des allers-retours entre le présent et le passé, l'Europe nazie et les États-Unis de Art Spiegelman, le talent graphique de ce dernier aussi. Tout cela (entre autre et sans oublier la précision dans les moindres détails) crée une oeuvre aussi forte que riche, polysémique, complexe, enrichissante même pour qui pense savoir ce qu'étaient les camps nazis et la Shoah.
Ici nous avons des parents et surtout une grand-mère idéalisés (mécanisme classique mais non explicité de l'exilée), certains personnages diabolisés et une vision somme toute très pauvre et caricaturale de la révolution islamique, qui n'apprend guère ni de faits ni de concepts à qui s'était intéressé à ces événements. Qui suivait les journaux télévisés en occident à cette époque n'apprendra objectivement pas grand-chose et c'est dommage que Persepolis en soit resté au témoignage brut sans chercher à aller plus loin.
Pour autant cet ouvrage reste très riche et sans doute une première clé, facile d'accès, pour qui ne connaît pas cette période et veut en savoir un peu plus. le parcours cruel de l'auteur reste aussi un témoignage aussi fort qu'émouvant.
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Je conseille donc cette lecture qui, si elle n'a pas été le chef d'oeuvre que j'espérais, reste très enrichissante.
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Une histoire qui marque indubitablement.
L'histoire de l'Iran et de ses habitants à travers les yeux d'une enfant, qui grandit et analyse la situation de chaque instant avec toute la charge émotionnelle et culturelle de sa famille et des amis.
Élevée dans une famille cultivée, ouverte et contestataire, Marjane Satrapi nous livre cette vie, ces moments difficiles avec sincérité et humour, on rit , on est choqué, on est ému, impatient, énervé, agacé par moment (pauvre petite fille riche !).
Bref, on lit et on revient sur certain passage, et on se dit "ben ouai quand même".
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Je ne vous présente plus Persépolis de Marjane Satrapi, tellement l'oeuvre s'est répandue, a gagné des prix, tant pour la bande dessinée que pour le dessin-animé (que personnellement je n'ai pas vu).
Marjane Satrapi raconte dans cette autobiographie sa vie en Iran et c'est à travers ses yeux, ceux d'une enfant ayant vécu les révolutions, les guerres et les répressions, que nous découvrons l'histoire dramatique de l'Iran.
On voit tout de suite que la petite ville fait partie d'un milieu favorisé et cultivé, que ses parents la poussent à apprendre, à se faire ses opinions et surtout à être libre malgré le joug de la dictature islamique. Ce n'est pas pour autant moins intéressant, d'avoir le point de vue de quelqu'un qui a vraiment vécu cela pendant des années. Nous avons l'impression que Marjane Satrapi se livre sans concession : ses errements, ses défauts, ses jugements trop hâtifs, ses erreurs de parcours tout autant que sa rébellion, sa force de son caractère, sa liberté si difficile à acquérir dans son pays ou l'amour de sa famille.
Il y a néanmoins des passages un peu plus long. Notamment ses années passées à Vienne, son abandon à la drogue et sa dépression. Finalement guerre ou pas guerre, déracinement ou pas, les adolescents ont les mêmes soucis...
Le dessin n'est pas franchement le point fort de Persepolis. Noir et blanc, les traits grossiers... Pas vraiment ce que je préfère mais force est de constater que ça n'empêche en rien pour faire passer les messages voulu.
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J'ai eu de la difficulté à m'habituer au trait noir et blanc maladroit, à l'écriture parfois difficile à décoder (graphie). Par contre, tout compte fait, cela fait également partie de cette histoire. Les ellipses rendent également l'histoire plus difficile à suivre par moment, mais puisqu'elle est intéressante, cela n'empêche pas le lecteur de persister. Conflits politiques, événements historiques, histoire d'une fillette qui devient adulte dans un contexte de guerre et de répression, évolution des personnages et de l'histoire d'un pays: voilà un contenu riche, dense, complexe et long à digérer. Heureusement, l'autodérision, la présentation naïve des événements et les moments plus tendres rendent le tout assez convaincant et touchant.
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Marjane nous conte son enfance heureuse dans une famille d'intellectuels à Téhéran, puis la Révolution, puis la répression des talibans, la confiscation des droits des femmes,les persécutions, son départ au milieu de tout cela, l'exil, la perte des liens familiaux et des repères, le tunnel de l'adolescence et de la jeunesse déracinées, puis la création par l'écriture et le dessin, la renaissance, le succès. Une belle oeuvre.
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Dans persécution il y a Perse...

Marji, petite enfant privilégiée vit avec ses parents à Téhéran. Sa famille appartient à cette population iranienne aisée, cultivée, progressiste et engagée politiquement. A travers le regard de Marji nous vivons sur une quinzaine d'années les chamboulements vécus par ce pays, le renversement du Shah (pas par une voiture), l'islamisation du pays à l'extrême, la révolution iranienne. Mais pas que, Marji vit aussi des bouleversements plus intimes, qu'ils soient familiaux ou personnels et il n'est pas toujours facile de concilier son vécu personnel avec celui de son pays parce que l'un vient un peu trop s'immiscer dans l'autre.

Je ne connais pas grand chose de l'Iran si ce n'est la vision assez restreinte de ce qui nous a été donné à voir dans l'actualité : la guerre avec l'Irak, les fondamentalistes islamiques, la burqa imposée, l'opposition entre l'Iran et les Etats-Unis... Mais voir de l'intérieur à travers le regard d'une enfant, ado, jeune femme ce qui s'est réellement passé dans son pays c'est autre chose. Ce n'est pas de l'information transposée, c'est du vécu.
Persepolis est une bd très riche, une pierre à l'édifice culturel et historique de l'Iran.
Loin de tout jugement, le Persepolis de Satrapi nous invite à un voyage au long cours, les 4 tomes abordent différentes périodes de la vie de Marji et de son pays évidemment. Difficile de dire ce qui est en filigrane, l'évolution de Marji ou l'évolution du pays?
[...]L'avis complet sur le blog - merci
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Il y a quelques années déjà, une amie m'avait conseillé de lire Persepolis de Marjane Satrapi. « Toi qui es fan de BD, celle-ci devrait beaucoup te plaire ! » m'avait-elle dit.

Je n'avais pas du tout suivi son conseil de lecture car je suis guère attirée par la BD en noir et blanc, aux décors minimalistes, avec peu de détails. Ce n'est vraiment pas mon truc… Et, en fait, j'ai appliqué à cette BD, ce que je ne fais jamais au quotidien : j'ai refusé de partir à la découverte de ce qui m'est étranger simplement parce que ma première impression ne rencontrait pas mes habitudes… C'était totalement idiot…

Car finalement, je me suis laissée tenter par cet ouvrage et mon amie avait raison : Persepolis m'a beaucoup plu. J'ai appris beaucoup de choses que je ne connaissais pas sur l'histoire de l'Iran, sur les révolutions, les guerres, les répressions qui ont touché ce pays. Dans cette autobiographie, Marjane Satrapi nous fait tour à tour sourire et rire, grâce à son humour et son ironie parfois très piquants, pleurer et nous révolter avec elle. On déconstruit de nombreux stéréotypes grâce au regard critique qu'elle porte sur elle-même, sur la société iranienne, mais aussi sur la société occidentale.

Bon… mon avis n'a pas changé sur les dessins en noir et blanc mais il était vraiment dommage de passer à côté de cet excellent roman graphique !
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Vingt ans après sa publication, Persépolis demeure un formidable témoignage sur le crépuscule du régime du Shah en Iran, la révolution islamique et l'exil des dissidents de la république islamique.
On y découvre notamment que ce que l'on appelle communément et trop schématiquement la révolution islamique de 1979 fut d'abord une fronde beaucoup plus large contre le régime du Shah, menée par plusieurs courants politiques et qui fut finalement récupérée par la caste des ayatollahs. La BD évoque également un épisode moins connu de l'histoire de l'Iran, à savoir la guerre qui l'a opposé à l'Irak pendant huit années (1980-1988).
le témoignage de Marjane Satrapi frappe par son honnêteté et sa sincérité. Elle ne cache rien de ses petites lâchetés. il est plein d'humanité, d'humour et de tendresse (voir l'épisode sur le Tyrol pendant son exil en Autriche).
J'ai une réserve toutefois sur le dessin, que je trouve très inégal. La maîtrise technique n'est pas toujours à la hauteur de l'inventivité de la dessinatrice. Mais c'est une chose que l'on peut reprocher à pas mal de romans graphiques où le texte prime sur le dessin.
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