Le dernier été de Gustav Mahler

J'ai ouvert le livre, et c'était comme lorsque je pose le disque sur la platine, quand le saphir frôle le vinyle, mais cette fois, ce sont les mots qui ont arraché la musique. Ils m'ont emportée dans une envolée qui m'a coupé le souffle, m'offrant un superbe opéra joué par Alma, Gustav et Walter. de parfaits tragédiens. Un chant composé à trois voix dans lequel se joue toute une vie. Celle d'un couple brisé par une aventure extra-conjugale. Mais est-ce vraiment là que se niche la tragédie ? Détrompez-vous, Alma est une épouse frustrée : mariée au plus grand compositeur autrichien, elle qui était une musicienne exceptionnelle, doit cesser, dès son mariage, de jouer, composer et chanter. Vouée à son mari, elle finit par s'étioler, s'éteindre, devenir invisible et serait morte si Walter n'était pas entré dans sa vie. L'auteur, en véritable virtuose, nous livre en quatre mouvements une partition où les notes s'emballent, hésitent, flanchent, se brisent. Et nous bouleversent. Laurent Sagalovitsch écrit une symphonie des éclairs qui met en lumière la difficulté d'exister en tant qu'artiste lorsque l'on est une femme. On dévore et on savoure l'écriture de celui qui a eu l'audace de défendre le destin d'une héroïne fascinante.

Une passion pour Mahler et sa musique depuis quarante ans, je lis tout ce qui le concerne. Très curieux de découvrir ce que cachait ce titre alléchant. Malheureusement frustré par un roman pour jeunes filles sur l'adultère de celle qu'on a surnommée la "veuve des quat'z-arts".

Rosemonde Gérard