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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un petit livre léger et délicieux sur la vieillesse mais aussi l'art d'envoyer gentiment promener les contraintes de sa famille et de la "bonne société". Comment une vieille dame à la fin de sa vie se rebelle contre le carcan social dans lequel elle s'est trouvée enfermée auprès d'un mari "politiquement correct" diplomate dans les pays du Commonwealth.

Lady Slane, âgée de 88 ans, vient de perdre son mari à qui elle a dédié toute sa vie. Contre toute attente et surtout contre l'avis de ses enfants, elle décide de prendre sa vie en main en refusant les solutions trouvées pour elle par ces derniers qui avaient prévu de faire leur BA en la prenant chez eux à tour de rôle. Elle va enfin vivre pour elle et non pour les autres en s'installant dans une petite maison dans le quartier de Hampstead avec sa fidèle servante française Genoux. Elle avait repéré cette petite maison coquette, des années auparavant avant de pouvoir enfin la louer à ce vieil homme, propriétaire exigeant qui attendait une locataire à la hauteur de sa demeure. "Allez-vous lui plaire ?" lui dira-t-il en parlant de sa maison, déjà un peu amoureux de cette vieille dame élégante et discrète. Aussitôt dit, aussitôt fait, Lady Slane emménage grâce à la diligence de Mr Gosheron, entrepreneur et ami du propriétaire, les deux hommes n'ayant de cesse de veiller sur la tranquillité de cette si charmante locataire.

A la fin de cette vie bien remplie, au diable les contraintes ! Il faut dire que Lady Slane avait un rêve depuis son adolescence et des aspirations d'une autre époque, surtout pour une femme : devenir peintre. "Ainsi pendant des mois avait-elle vécu intensément, secrètement, se préparant avec soin sans jamais poser un pinceau sur une toile, et se contentant de rêver à son oeuvre future." Mais sa vie sera toute autre, accaparée par ses obligations sociales et familiales d'épouse, de mère et de membre de la haute société. Alors maintenant, elle estime qu'elle a mérité un peu de repos et de calme, loin de toutes les petites mesquineries de sa famille.

J'ai beaucoup aimé ce livre au charme désuet mais au ton caustique et ironique qui critique la haute société pour laquelle il faut avant tout savoir sauver les apparences. Il faut voir comment Lady Slane fait le ménage parmi ses enfants et petits enfants, qu'elle ne souhaite pas spécialement recevoir chez elle ; ou comment elle va distribuer une fortune léguée à la mort d'un ancien admirateur, aux musées et aux bonnes oeuvres au grand désarroi de sa famille qui se voyait déjà propriétaire de cet argent tombé du ciel.

Le style est joliment troussé et l'art de dire les choses sans en avoir l'air, largement mis en avant à travers les petites piques qui ponctuent le récit. Mais je préfère laisser le mot de la fin à Mr Gosheron, son vieil ami. "Sa Seigneurie fera un beau cadavre" dit-il à Mr Bucktrout. Les deux amis avaient décidé d'ignorer Carrie. "Quand on est beau dans la vie, on l'est dans la mort, c'est ce que j'ai toujours dit poursuivi Mr Gosheron. C'est étonnant comme la mort permet à la beauté de s'exprimer."
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Réflexion d'une femme à la fin de sa vie. Issue de la grande bourgeoisie anglaise. Bien mariée, une femme qui a toujours su garder son rôle et son rang à l'ombre d'un mari aux hautes fonctions et de ses enfants. Son mari mort elle souhaite vivre pour elle retirée sans contrainte et sans famille. Juste côtoyer quelques gens vrais et simples tout en partant en introspection sur sa vie et ce qu'elle aurait pu en faire. Un roman qui semble léger à la base mais qui pose les fondements d'un questionnement plus féministe qu'il n'y parait
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Je ne me lasse pas de découvrir la littérature anglaise du début du 20e siècle, et plus particulièrement ce groupe d'auteurs qui rassemble Virginia Woolf, Katherine Mansfield, Violet Trefusis et Vita Sackville-West. Je suis touchée par l'étrange mélancolie qui les habite, par leur sensibilité teintée de dérision, par ces âmes frêles trempées dans l'acier des convenances sociales. Je suis toujours étonnée de les voir à la fois si libres et si conformes aux codes de leur milieu (Katherine Mansfield s'en distingue par des origines plus modestes, mais à fréquenter les Woolf ou lady Ottoline, elle possède cette touche d'humour distancié et de pessimisme d'abandon).
Je me demande souvent comment les robustes héroïnes de Jane Austen ont pu se transformer en l'espace d'un siècle en des plantes languides, épuisées par leurs superbes inflorescences, mais dont le parfum entêtant ne nous lâche pas. Ainsi en est-il de lady Slane.
Henry Holland, le mari de Deborah Slane, vient de mourir. Déjà les enfants de lady Slane s'interrogent sur le devenir de la vieille dame, s'organisent en vue d'en faire une invitée tournante de leur propre foyer et spéculent sur la fortune paternelle dont la modestie ne permettra à personne de mener le train de vie qui siérait aux descendants de l'ancien vice-roi des Indes.
Mais Deborah a d'autres projets : retrouver la petite maison de Hampstead qui l'avait séduite bien longtemps auparavant, s'y installer avec sa fidèle femme de chambre Genoux, presque aussi âgée qu'elle, et fermer sa porte à tous pour enfin s'abandonner à l'existence dont elle a toujours rêvée. Sans tarder, elle part à la recherche de la maison, convainc le propriétaire, M. Bucktrout, de la lui louer et accepte un bail d'un an, seule exigence de l'excentrique propriétaire. Une nouvelle vie commence pour lady Slane entourée de ses protecteurs, M. Bucktrout, le menuisier Gosheron et l'étrange M. Fitzgeorge, un misanthrope uniquement animé par sa passion des oeuvres d'art qu'il empile dans un appartement poussiéreux et privé de confort. Lady Slane n'a plus à se soumettre aux exigences d'un époux plus habile à décrypter les jeux de la politique qu'à comprendre ses aspirations profondes. Elle n'a plus à suivre les préceptes de sa fille aînée Carrie qui contrôlait son emploi du temps du matin au soir, plus à déjouer les convoitises des uns et des autres sur ses bijoux, ses meubles, tous ces objets qui, dans la vieillesse, ne figurent que l'écume d'une vie mondaine brillante et cosmopolite. Entourée de ses amis, elle parle peu, rêve beaucoup plutôt qu'elle ne se souvient, et se glisse dans une vie où elle ne désire qu'un peu de confort douillet et la compagnie de gens de son âge. Quand Fitzgeorge évoque leur rencontre cinquante ans auparavant, elle retrouve fugitivement l'image d'un jeune homme de passage en Inde dont le regard, dans les ruines de Fatih Pur Sikri, avait percé le rempart de civilité dont déjà elle s'entourait pour cacher l'abandon de ses véritables aspirations. Mais la vieillesse n'est pas le temps des regrets, ni celui de l'accomplissement, seulement celui de l'apaisement avant la mort. Une mort qui viendra, douce pour un coeur en paix, après une ultime rencontre avec sa petite-fille, Deborah, qu'elle encouragera à suivre sa voie artistique plutôt que celle d'une jeune épouse de la haute société.
Ce livre ne comporte aucun effet inutile. Si le portrait des enfants de lady Slane est souligné au vitriol, la vieille dame elle-même est dépeinte tout en nuances. Désintéressée, elle méprise l'argent et lègue aux bonnes oeuvres la fortune que lui a laissée Fitzgeorge. Économe, elle calcule au plus juste les dépenses de rénovation de sa demeure avec le menuisier Gosheron. Laissant de côté ses préjugés sociaux, elle parle sans affectation avec le menuisier, mais la fidèle Genoux reste une présence indispensable sans être devenue une amie ou une confidente. L'égoïsme de classe ne s'efface jamais tout à fait devant l'empathie qu'elle peut avoir pour ses derniers compagnons. Nous sommes très loin d'une hagiographie, cependant toute la douceur perdue dans une vie sociale et mondaine nous est restituée avec infiniment de délicatesse dans cette dernière année de vie de lady Slane.
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J'ignorais tout de Vita Sackville-West (1892-1962), écrivain(e) britannique, connue notamment pour son poème "The Land". Mariée, elle a eu aussi des amours pour des femmes comme Virginia Woolf. Dans "Toute passion abolie", une femme, Lady Slane, vient de perdre son époux, qui fut vice-roi aux Indes – rien que ça ! – alors qu'elle-même est âgée de quatre-vingt-huit ans. Ses nombreux enfants ont la prétention de la "protéger" en dirigeant sa nouvelle vie: ceci nous vaut des portraits au vitriol de cette classe de la société anglaise… Ô surprise ! cette épouse et mère, autrefois très "lisse" et conventionnelle, ose affirmer son indépendance et s'établit seule dans une nouvelle maison. Elle se fait des vrais amis qui, certes, n'appartiennent pas à la même classe sociale qu'elle. Elle trouve là une nouvelle sérénité. L'un de ses nouveaux amis, FitzGeorge, célibataire excentrique et collectionneur d'art, fait d'elle sa légataire universelle. Mais Lady Slane gardera la maîtrise de sa vie jusqu'au bout...
Ce roman est en fait composé de trois parties assez différentes. Dans la première partie, on assiste à la confrontation de Lady Slane à ses enfants. Dans la seconde partie, alors qu'elle vit sa vie d'une manière indépendante, elle se livre à une lente et longue introspection, interrogeant toute sa vie passée. Vers la fin du roman le scénario s'anime un peu, en faisant la part belle aux relations de la vieille héroïne avec FitzGeorge. L'auteure critique avec finesse la haute société britannique et la condition féminine de l'époque. C'est écrit d'une manière élégante et légèrement surannée, avec quelques longueurs. J'ai découvert des sujets que je connais mal.
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Un charme tout britannique et suranné pour ce roman. L'histoire d'une vieille aristocrate londonienne qui s'affranchit de sa soumission à sa famille lorsqu'elle devient veuve à 88 ans. le style est là, l'idée aussi mais le livre ne tient pas ses promesses jusqu'au bout. Il s'essouffle un peu en cours de route.
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