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Citations sur Souffrance en milieu engagé (7)

[...] les managers, surtout ceux formés dans les écoles de commerce, parlaient de cette manière aux nouvelles recrues : « Ici tu travailles pour quelque chose qui a du sens, on ne peut pas tout avoir. »
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Sandra Diaz, à Emmaüs Solidarité, a perçu un penchant similaire dans les années 2010 : "Les élus comme la direction se disaient militants, contrairement aux salariés lambda. C'était très violent car cela revient à une appropriation symbolique de l'association et de ses combats par ceux qui ont le pouvoir et c'est une négation de la valeur et du sens du travail des collaborateurs".

Mélanie Olivier dit avoir entendu des arguments équivalents à Emmnaüs international. « Lorsque nous demandions des jours de récupération pour avoir travaillé un week-end, on se les voyait parfois refuser. Si on essayait d'appliquer les règles de récupération prévues, nous sentions une remise en cause de notre engagement qui nous déstabilisait. On nous rappelait qu'on travaillait pour des personnes qui n'arrivent pas à se nourrir, qui n'ont pas accès à l'eau potable... En réalité, je pense qu'on est en plein délire quand on fait ce type de comparaison. » Dans ce contexte, plusieurs collaborateurs d'Emmaüs international ont voulu fonder une section syndicale. Ils ont contacté d'autres syndicats du groupe qui les avaient soutenus, notamment en diffusant un tract sur la situation du personnel de l'association. "Finalement nous y avons renoncé par peur des représailles", conclut Mélanie Olivier qui ne comprend toujours pas "pourquoi Emmaüs, qui défend l'accès aux droits fondamentaux, ne défend pas de la même manière le droit du travail".
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Les paramètres ne sont évidemment pas les mêmes entre l'univers de la solidarité d'Emmaüs et I'environnement social business du groupe SOS. Partout, cependant, des salariés croient pouvoir modifier le cours des choses, comme le raconte Sarah Meyer: "II arrive que des jeunes soient propulsés rapidement à des postes à responsabilité et qu'ils se sentent pousser des ailes. Cette confance les motive et ils ont envie de se battre pour les valeurs mises en avant par la direction de SOS. C'est gratifiant."
Isabelle Motto-Ros se souvient comment, par son attitude, elle a contribué à son propre épuisement professionnel: « Ce qui nous intéresse avant tout, c'est de faire bouger les lignes. La pression, on se la met tout seul. On bosse pour un monde meilleur. Notre pire ennemi, c'est notre envie de changer le monde. On s'évertue à porter sur notre dos cette aspiration alors que ce n'est pas nous qui changeons le monde, c'est lui qui nous change!"
Amel Crisci décrit une atmosphère détendue mais qui, à ses yeux, peut être facilement brisée: "On nous laisse croire que l'on est tous copains, c'est la grande famille. Et du jour au lendemain, quand on demande par exemple à avoir une évolution dans son poste, on peut s'entendre dire " Oui, je suis d'accord pour te faire évoluer si tu baisses ton salaire de 30%. Il y a d'autres personnes qui gagnent 1300€ avec un bac +5, alors tu n'as qu'à aller voir ailleurs". Beaucoup de collègues ont entendu ce propos et, n'arrivant plus à joindre les deux bouts, ont quitté le groupe ".
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Le dévouement auprès d'un public des plus démunis est considéré d'une valeur supérieure à la condition salariale. Est-ce une attitude qui s'apparente à de la « servitude volontaire », titre du fameux discours de La Boétie, écrit au XVIe siècle, et contre laquelle l'auteur appelait à s'opposer ? C'est en tout cas un terme qu'utilise le délégué syndical pour qualifier l'état d'esprit d'une partie des salariés de l'association, plus perméables au « toujours plus » imposé par la direction. Au lieu de répondre ou de refuser ces conditions de travail, le personnel finit par craquer et préfère partir. Difficile de dénoncer le fonctionnement d'une association dont on partage la cause.
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Alain Pellé confirme la situation complexe dans laquelle se pense et se meut le collaborateur-type du monde associatif: «Il se vit dans le registre de l'engagement et du bénévolat et non pas en tant quexpert. Il est dans l'affect. Il
adhère aux valeurs, il accepte beaucoup en raison du chantage affectif sur la noblesse de la cause que les directions savent faire passer.» L'idée même d'une représentation des salariés n'est pas nécessairement bienvenue, considérée comme un sujet hors champ. Du côté des employeurs, analyse le secrétaire général du SMA-CFDT, «il est difficile de concéder des lieux pour le dialogue social, d'accepter la constitution d'institutions représentatives du personnel chargées de veiller au respect du droit du travail, que ce soit dans les grandes ou petites associations ».
Ce refus sous-jacent a été perceptible lors de mon entretien avec le directeur de France terre d'asile, qui a dès le départ invoqué un taux de participation de 27 % en 2019 aux récentes élections professionnelles au sein de l'association. Une manière de remettre en cause la légitimité des syndicalistes et de leurs témoignages pour ce livre. Le tout en se disant "favorable au dialogue social avec les syndicats"
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« Contrairement à ma précédente expérience où l'on travaillait à partir d'une feuille de route stratégique actée, où l'organisation était clairement définie, où nous faisions appel à des ressources externes et où nous avions des réunions de bilan à date avec nos supérieurs, à SOS, cela changeait tout le temps. Dans notre service, nous courions après le temps, naviguions à vue et n'avions pas toujours I'information stratégique et une vision du business à moyen ou long terme. Dans le groupe, la culture se veut agile, on change de cap rapidement, on doit s'adapter en permanence. Ainsi, on recevait des demandes de toutes parts, en même temps, nous devions mieux nous organiser et améliorer la structuration du travail. Le management ne se rendait pas compte des effets psychiques sur l'équipe. »
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"De partenaires, les associations sont devenues aujourd'hui de plus en plus prestataires". Cette nouvelle configuration les oblige à céder une grande liberté d'action et d'innovation. Étant rétribuées désormais pour un projet précis, elles peuvent dire adieu la plupart du temps à des subventions de fonctionnement. Or, comme la puissance publique cherche à payer le moins cher possible, les appels d'offres mettent clairement les associations en concurrence. Quelles réponses apportent-elles ? Le plus fréquemment, elles diminuent leur prix pour remporter le marché en s'alignant sur le moins-disant social. C'est devenu presque un incontournable quand elles veulent accomplir leur mission en ayant recours de plus en plus à des emplois précaires et mal payés.
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