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EAN : 9782890525955
178 pages
Boréal (14/03/1994)
3.85/5   26 notes
Résumé :
Un jardin au bout du monde est né de la vision que je saisis un jour, en passant, d’un jardin plein de fleurs à la limite des terres défrichées, et de la femme y travaillant, sous le vent, en fichu de tête, qui leva vers moi le visage pour me suivre d’un long regard perplexe et suppliant que je n’ai cessé de revoir et qui n’a cessé, pendant des années, jusqu’à ce que j’obtempère, de me demander ce que tous nous demandons peut-être au fond de notre silence : Raconte ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Ainsi, un jour que m'amenait sur cette route une étrange curiosité — mais plutôt une tristesse de l'esprit, ce goût qui assez souvent m'a prise de découvrir et de partager la plus totale solitude — j'ai vu devant moi, sous le ciel énorme, contre le vent hostile et parmi les herbes hautes, ce petit jardin qui débordait de fleurs."

J'ai découvert Gabrielle Roy, auteure canadienne francophone, grâce au merveilleux livre de Denis Grozdanovitch "Dandys et excentriques". Il y confessait son admiration pour son oeuvre, et particulièrement pour la longue nouvelle qui donne son titre à ce livre, qui en réunit quatre : "Un vagabond frappe à notre porte", "Où iras-tu Sam Lee Wong ?", "La vallée Houdou" et, donc, "Un jardin au bout du monde".

Le point commun de ces textes c'est l'immense plaine de l'ouest du Canada, ses solitudes et sa nature omniprésente et fatale dans ses excès (froid, sécheresses...). Les personnages principaux de ces nouvelles sont toujours très solitaires, par circonstances plus que par goût, Et le plus souvent immigrés, de Chine, ou bien d'Europe de l'est.

Le fond n'est pas à l'optimisme, mais effectivement le style de Gabrielle Roy transcende totalement ce que pourraient avoir de pathétique ces existences. Il n'y a pas à attendre de ces textes une "couleur locale", des retournements de situation... Un univers par si éloigné de celui de la grande Alice Munro, elle aussi canadienne mais anglophone.



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J'ai découvert Gabrielle Roy grâce à une cyberlectrice canadienne dont j'aime suivre les tribulations livresques, et j'avais beaucoup aimé [Bonheur d'occasion]. Mais ses livres sont assez difficiles à trouver de ce côté-ci de l'Atlantique. Il a fallu que cette autrice soit mentionnée dans une conversation pur que je pense à vérifier et trouver un livre d'elle lors d'un achat un peu compulsif de livres d'occasion en ligne. Il y en avait plusieurs en fait, mais c'est celui-là, plus rural, qui a retenu mon attention.
Et me voilà partie pour quatre nouvelles, toutes avec une tonalité rurale effectivement, et très début XXème siècle, voire un peu avant, très conquête de l'Ouest. Et ce sont les petites gens de la conquête que l'on croise dans ces quatre nouvelles : une famille récemment installée dans le Manitoba et heureuse de s'imaginer recevoir des nouvelles des cousins restés au Québec et de se sentir ainsi un peu moins seuls (« Un vagabond frappe à notre porte ») ; un Chinois qui construit brique à brique une vie de travail et de solitude dans le village de la Saskatchewan (« Où iras-tu Sam Lee Wong? ») ; un groupe de chrétiens russes ayant fui les pogroms et cherchant tant bien que mal à recréer une communauté, même isolée de tout (« La vallée Houdou) ; une vieille femme dont la seule véritable compagnie sont les fleurs de son jardin qu'elle entretient avec plus d'amour qu'elle n'en a jamais reçu (« Un jardin au bout du monde »).
C'est un résumé rapide, mais il montre bien les deux thèmes qui s'entrelacent, la migration et la solitude. Ces nouvelles sont toutes en retenue, elles disent tellement avec des mots si simples. Je crois que mon coeur s'est serré plus d'une fois à la lecture de ces nouvelles. Chacune d'elles porte un regard très personnel, très original sur la vie de ces pionniers canadiens, qu'ils aient été volontaires ou non. C'est un recueil de nouvelles qui ne paie pas de mine, avec ce dessin très art paysan en couverture, mais c'est une petite pépite de tendresse teintée de tristesse et de résignation. Une de ces merveilles de la littérature sur lesquelles on tombe un peu par hasard et qui restent comme un moment marquant de cette aventure qu'est la lecture.
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Un Jardin au bout du monde est un recueil de quatre nouvelles dans lequel, tous les personnages, excepté celui de la première nouvelle, sont des immigrants venus au Canada pour y retisser un autre chemin de vie. Ils occupent un espace fictif très large dans ce recueil et constituent, en effet, son thème unificateur.

La première nouvelle intitulée «Un vagabond frappe à notre porte» relate l'histoire de Gustave, le cousin Québécois, qui est accueilli au sein d'une famille manitobaine. La deuxième portant le titre « Où iras-tu Sam Lee Wong? » raconte l'expérience du racisme dans un village de la Saskatchewan vécue par le personnage Sam Lee Wong, le chinois. La troisième intitulée «La vallée Houdou» raconte l'établissement d'un groupe de Doukhobors arrivés dans le hameau de Verigin (Saskatchewan). En fin, la nouvelle éponyme du recueil, «Un jardin au bout du monde», narre l'histoire de Martha et Stepan Yaramko, un couple venu de la Volhymie, Ukraine. Mais elle est centrée sur Martha qui travaille dans son jardin durant toute l'année. Et qui est, en fait, le personnage clé de ce recueil. Car le profil psychologique qui se dégage de ce personnage ne met pas, en réalité, en scène la vieille Martha qui entretient les fleurs de son jardin, il met en scène l'entretien des fleurs de son âme. L'entretien dont chacun, d'ailleurs, a besoin à un certain moment de sa vie.

C'est ainsi, donc, que le bâti littéraire de Gabrielle Roy a pris en charge le combat des immigrés qui ont quitté leurs terres à cause de la misère ou tout autre type de souffrance. Et ce dans l'espoir de retrouver au Canada la vie que le destin a perdue de vue dans leurs pays d'origine.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Mai le vent de Volhyn n'est pas longtemps l'ami des herbes, des fleurs et de l'âme qui aime et soigne la vie. Du côté des très lointaines montagnes Rocheuses, il arriva un jour en brûlantes rafales . Sous le ciel obscurci, il agita et roula la terre volante réduite en fine poussière. Martha, prise de chagrin pour le tourment qu'allaient subir ses fleurs, tenta de leur venir en aide
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Tôt ce matin-là, malgré la douleur qui à présent s'éveillait en son corps en même temps qu'elle, Martha sortit de la basse petite maison chaulée pour venir , en fichu blanc noué sous le menton, son tablier gonflé d'air, reconnaître en son jardin les plantules à peine dégagées de la graine, tout juste perçant à la vie. Car c'était le printemps revenu tout de même encore une fois, ce printemps qui, vers Volhyn, avait bien plus long et plus difficile trajet à accomplir que vers n'importe quel autre coin du monde.
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L’aspirine en tout cas la soulageait un peu. Dans ce peu de bien-être, ses pensées, comme déjà libérées, s’élevaient, s’en allaient dans le passé rejoindre un air de musique lointaine. Un air qui avait trait à l’été- toujours donc l’été, saison de la vie, saison du cœur- qui exaltait la chaleur, les cerisiers en fleurs et parlait aussi de jeunes hommes et de jeunes filles réunis pour danser sur l’herbe d’un pré autour d’un arbre isolé. Ainsi, par quelques bribes de mélodie que retrouvait son souvenir, par quelques paroles lui revenant à l’esprit, elle se sentait rejointe mystérieusement par une âme inconnue d’elle, dont la nostalgique tendresse était toute vivante encore dans ce vieux chant d’Ukraine. L’immortalité, était-ce donc vrai?
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Dès l’automne nous vivions dans la grande salle; le petit appentis servant de cuisine en été devenait alors une sorte de pièce de débarras où s’entassaient les meubles et les outils dont nous n’avions plus besoin. Je traversai cette pièce glacée, soulevai avec peine le loquet rouillé. Un paquet de pluie me frappa au front.
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Que n’avait-elle encore fait de ses mains : des oreillers également gonflés de plumes d’oies, des courtepointes colorées, sans compter les milliers de repas qu’elle avait préparés, et toutes ces basses besognes ingrates, comme de tuer de la volaille ou de recueillir le sang chaud du cochon encore vivant et qui crie. S’il n’y avait pas eu son jardin et ses fleurs pour témoigner en sa faveur, combien plus d’effroi encore n’eût-elle ressenti à quitter ce monde.
(p. 128, “Un Jardin au bout du monde”).
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Videos de Gabrielle Roy (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gabrielle Roy
Sean Mills lit un extrait du texte ''Ma rencontre avec les gens de Saint-Henri'' de Gabrielle Roy.
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