Jean Rostand3.91/5
17 notes
L'homme
Résumé :
Quelle est la place de l'homme dans la nature ? A quelles causes attribuer la diversité et l'inégalité que nous constatons parmi, les humains ? Quelle part revient à l'hérédité dans la genèse de la personnalité et quelle part aux circonstances du milieu ? Quelle est l'origine de l'homme, et quel pourrait être son destin ?
Jean Rostand répond à toutes ces questions dans ce livre, véritable introduction à l'étude de la biologie humaine.
Un livre philosophique passionnant sur la place de
l'homme, donc sur notre place et notre but: Pourquoi sommes nous là ? Quel est notre mission, notre but ? Tant de sujets evoqués finement par l'auteur qui nous offre un livre passionnant, jamais longuet qui nous offre de superbes passages.L'auteur est le fils d'
Edmond Rostand le createur de
Cyrano de Bergerac et est lui aussi academicien, il est aussi biologiste, bref un talent complet dont la plume est à découvrir.
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Au demeurant, que l'Homme terrestre soit ou non, dans l'univers, seul de son type, qu'il ait ou non des frères lointains et disséminés dans les espaces, il n'en résulte guère pour lui de différence dans la façon d'envisager sa destinée.
Atome dérisoire, perdu dans le cosmos inerte et démesuré, il sait que sa fiévreuse activité n'est qu'un petit phénomène local, éphémère, sans signification et sans but. Il sait que ses valeurs ne valent que pour lui, et que, du point de vue sidéral, la chute d'un empire, ou même la ruine d'un idéal, ne compte pas plus que l'effondrement d'une fourmilière sous le pied d'un passant distrait.
Aussi n'aura-t-il d'autre ressource que de s'appliquer à oublier l'immensité brute, qui l'écrase et qui l'ignore. Repoussant le stérile vertige de l'infini, sourd au silence effrayant des espaces, il s'efforcera de devenir aussi incosmique que l'univers est inhumain ; farouchement replié sur lui-même, il se consacrera humblement, terrestrement, humainement, à la réalisation de ses desseins chétifs, où il feindra de prêter le même sérieux que s'ils visaient à des fins éternelles.
[…]; mais dès à présent, après tant d’heures passées dans des lieux quelquefois étrangers, j’estime être fondé à donner mon avis sur les phénomènes supranormaux : ils me sont en tout cas plus familiers qu’à bien des personnes qui, sans avoir rien vu ni cherché à voir, se prononcent hardiment en faveur du mystère.
Or, je dois dire que j’ai rencontré en tout cela qu’imposture et puérilité. Il m’a été impossible, au long de ces persévérants essais, de recueillir le moindre fait, je ne dirai pas démonstratif, mais seulement un peu troublant, singulier, invitant à poursuivre la recherche.
Les seules questions que soulève l'Eugénique négative sont donc de nuances, ou d'ordre sentimental. À partir de quelle gravité dans la tare la société doit-elle intervenir pour ôter le droit de reproduction ? Et l'avantage que trouve l'espèce à tarir les sources de mauvais gènes, l'épargne de souffrances individuelles réalisée par la diminution des mal-nés, compensent-ils l'offense que de telles méthodes infligent à notre respect de la personne et à notre souci de la liberté ? (...) Le biologiste ne peut que signaler à la collectivité les avantages et les inconvénients de telle ou telle attitude ; à elle ensuite de décider en dernier ressort. Ce n'est pas des laboratoires ni des chaires que doivent sortir les décisions que réclament les eugénistes ; si elles doivent entrer en vigueur, elles émaneront de la conscience collective, de cette vaste âme diffuse à laquelle chacun de nous participe, que chacun de nous contribue à former, et où tout homme tient une place égale.
L'humanité, argue-t-il, a le choix entre deux voies : ou bien elle continuera la politique d'indifférence à l'égard de l'espèce, la politique du "laisser reproduire", et elle ira doucement mais fatalement à la ruine biologique ; ou bien elle pratiquera un contrôle rationnel de sa reproduction, et ainsi, non seulement évitera la déchéance, mais deviendra maîtresse de son destin et s’élèvera à un niveau qu'elle n'atteignit jamais encore dans le passé.
Il est indubitable que, si un être supérieur s'intéressait à notre espèce, pour l'utiliser au mieux, il l’assujettirait à une sélection méthodique et en obtiendrait le progrès sur tous les points où il aurait résolu de l'obtenir.
Par la sélection des reproducteurs, on a pu, chez l'animal, accentuer considérablement certains caractères avantageux ; chez la poule, augmenter le nombre d’œufs pondus chaque année ; chez la vache, augmenter la production de lait.
Gardons-nous d’imaginer des tendances aux progrès, des principes directeurs, des élans vitaux ou autres entéléchies : là où l’ombre persiste encore dans le royaume de la science, on doit se défier avant tout de l’"obscure clarté" qui tombe des métaphysiques.
« […] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux.
[…] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes.
[…] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions.
[…] » (Roland Jaccard.)
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Référence bibliographique :
Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration :
Vauvenargues : https://www.buchfreund.de/de/d/p/101785299/luc-de-clapiers-marquis-vauvenargues-1715-1747#&gid=1&pid=1
Georges Perros : https://editionsfario.fr/auteur/georges-perros/
Anatole France : https://rickrozoff.files.wordpress.com/2013/01/anatolefrance.jpg
Prince de Ligne : https://tresorsdelacademie.be/fr/patrimoine-artistique/buste-de-charles-joseph-prince-de-ligne#object-images
Jules Renard : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a5/Jules_Renard_-_photo_Henri_Manuel.jpg
Blaise Pascal : https://www.posterazzi.com/blaise-pascal-french-polymath-poster-print-by-science-source-item-varscibp3374/
André Ruellan : https://www.babelio.com/auteur/
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