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EAN : 9780332697420
322 pages
Forgotten Books (29/04/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
Mademoiselle Annette : Le destin des Nicollet, une famille de Bielle, petite cité imaginaire de La Côte au bord du lac Léman, bascule lors d’une faillite. Les fiançailles de Mlle Annette, une jeune et jolie institutrice fiancée avec le fils du médecin, sont rompues. La famille après avoir fait appel, sans succès, à un frère, Pierre-Denys, qui a fait fortune en Amérique, s’expatrie au Canada. Mlle Annette reste à Bielle pour s’occuper de son grand-père.

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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
(...) les biographies des personnes moyennes, dont les noms s’effacent, peuvent presque toujours se résumer en peu de lignes. Leurs vies s’écoulent, pareilles à des eaux lentes à travers des paysages monotones, pour aller se perdre dans les mille canaux de l’oubli : tels, les ruisseaux minuscules se jettent dans les rivières, qui les transmettent aux grands fleuves pour les porter à la mer.(...)
Mais le romancier n’est-il pas justement l’historien des gens sans histoire ? N’a-t-il pas le droit de chercher, par delà les faits incertains, la part d’inconnu, – héroïsme, grandeur, égoïsme, douleur ou scélératesse, – que recèlent les âmes anonymes ? Ce n’est point sans raison que le langage courant appelle ses personnages, quels qu’ils soient, des « héros » – car ils le sont toujours pour lui. (...)
C'est parce que j’ai cette idée que je vais essayer de raconter la vie de Mlle Nicollet, à peu près comme on raconterait celle d’un personnage de marque dont on voudrait déterminer la physionomie, en m’aidant de mes souvenirs, de mes impressions, de propos et de renseignements que j’ai pu recueillir.

Chapitre IV. Douze années d'histoire anonyme
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— Elle semait la paix et la douceur, à pleines mains. On devenait meilleur rien qu’en la regardant. Quand elle traversait le jardin, je m’arrêtais dans mon travail,… comme à présent,… et je disais en dedans de moi : « Voici celle qu’on ne peut voir sans l’aimer, celle dont l’âme ignore le mal, celle dont la joie sort comme le parfum du lys… Elle a fait un paradis de la maisonnette où elle embaumait la vieillesse de son père… Depuis qu’elle est ici, le paysage est plus beau… » Alors, je me remettais vite au travail en me disant encore : « Il faut semer pendant qu’elle passe : les fleurs viendront mieux… Il faut planter pendant qu’elle regarde : les boutures auront plus de force… Car tout ce que rencontrent ses yeux doit être embelli !… » Oui, voilà ce que je pensais, quand elle traversait le jardin… Maintenant, je m’arrête devant ces choses qu’elle ne verra plus… Ah ! mon Dieu ! comme c’est changé !… Et je n’y cherche plus que son souvenir…

Chapitre V. Le ménage de M. Nicollet
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Le passage triomphal de son oncle d’Amérique avait naturellement changé du tout au tout la situation de sa famille et la sienne propre. Jusqu’alors, en effet, Mlle Annette était aux yeux des gens une petite maîtresse d’école sans conséquence, vouée au célibat, « très méritante », disait-on volontiers, et par ce vocable un peu terne, on reconnaissait qu’elle remplissait bien ses devoirs de famille et enseignait à merveille les éléments de toutes choses aux gamins trop petits pour l’école préparatoire. Quant à son grandpère, il n’était qu’une ruine qui pouvait achever de s’effondrer d’un instant à l’autre, un mort égaré parmi les vivants. Personne ne voyait l’oncle Adolphe, cantonné dans les jardins de la Villa Charlotte, plus ignoré que s’il eût habité un autre continent. Tous trois paraissaient condamnés pour la vie à une étroite médiocrité, déchus de plusieurs échelons dans la hiérarchie sociale après la faillite de Juste, classés maintenant entre les prolétaires et les boutiquiers, dans les limbes où la vanité bourgeoise relègue les « bonnes familles » dont les chefs ont mal tourné. Et voici que, comme au coup de baguette d’une fée protectrice qui se serait souvenue d’eux après un long oubli, ils se trouvaient transportés dans une villa « princière », qui leur appartenait à peu près, avec des rentes assurées et la perspective d’un héritage fabuleux.

Chapitre III. Douze années d'histoire anonyme
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Peu de temps avant l’orage qui devait achever de disperser les Nicollet aux quatre vents des cieux, le bruit se répandit que Mlle Annette était fiancée à Marc Maguet, le fils du docteur, le plus brillant parti de la ville. Ce jeune homme venait de prendre ses grades dans une université allemande d’où il rentrait avec un dogue d’Ulm, des bottes à l’écuyère, deux magnifiques balafres à la joue droite, et un air « burschikos » qui produisait grand effet. Il allait s’associer avec son père, dans la direction de cette clinique spéciale pour les maladies des oreilles qui valait au docteur une réputation européenne et attirait à Bielle un grand nombre d’étrangers. Comme il était, en outre, très joli garçon, il faisait rêver les jeunes filles à marier, et toutes les mères. D’ailleurs, on savait le docteur ambitieux ; on trouvait Marc « un peu fier » et « plutôt poseur » ; on jugeait donc qu’il se marierait de préférence à l’étranger, pour la dot et les relations. Qu’un tel jeune homme, qui pouvait viser si haut, entrât dans une famille aussi modeste, sans que son père eût même l’air de le désapprouver, – voilà ce que personne ne put comprendre. Aussi les commérages allaient-ils leur train :
— Car enfin, ma chère, c’est une véritable mésalliance… Les Nicollet sont d’origine très commune… On ne sait même pas biend’où ils sortent… Et il y en a un qui est jardinier !…

Chapitre I. La famille Nicollet
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Tandis que celle qui est là, Annette, connaissez-vous son œuvre ? D’ici, sans changer de place, par la seule force de sa bonté, elle a conquis pour les siens un vaste territoire qu’obstruaient des forêts, où pâturent maintenant les vaches nourricières, où mûrissent les moissons. Sans elle, une famille humaine aurait peut-être disparu dans l’épuisement de l’effort stérile : elle l’a sauvée, pendant que j’amassais des millions. En faisant mon chemin, j’ai ruiné des êtres plus faibles, selon cette loi de la lutte qui est une loi de nature, soit ! mais qui est la loi d’une nature injuste, cruelle, perfide, que tout l’effort humain doit tendre à corriger. Elle, dans sa petite robe noire, n’a jamais fait verser une larme. Au contraire, elle a semé la joie à pleines mains. Elle a fait du bien à tous ceux qui passaient dans son cercle, malades comme mon père, pauvres comme mon frère Jules, misérables comme Anthony. Elle m’en a fait à moi-même : dans mon opulence, j’ai reçu son aumône. Rien de ce que j’ai acquis ou conquis ne m’a jamais donné le réconfort et la paix que me donne sa seule présence, – simplement parce qu’elle est bonne, et parce que la bonté qui émane d’elle fait de la chaleur, de la lumière et du parfum.

Chapitre VII. Derniers propos
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