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EAN : 9782266000147
282 pages
Pocket (09/09/1998)
4.14/5   29 notes
Résumé :
Il suffit de lire ces lignes pour réaliser à quel point l'ouvrage de Madeleine Riffaud, best-seller qui a marqué son époque en dénonçant les carences du système hospitalier français, reste scandaleusement d'actualité. Ni pamphlet ni roman, bien plus qu'un reportage, Les linges de la nuit est le témoignage d'une journaliste qui, pour parler au mieux de son sujet, passe de l'autre côté du miroir. En se faisant engager incognito comme agent hospitalier, Madeleine, deve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce récit a valeur de témoignage historique sur ce qu'étaient les hôpitaux parisiens au début des années 1970. Les salles communes existaient encore, avec dans le cas présent 26 lits et deux chambrées de 12 lits..., le nom de l'hôpital n'est pas précisé, mais ils étaient généralement tous très vétustes que ce soit l'Hôtel-Dieu, Saint-Louis, Tenon, Bichat, Necker, Lariboisière...). En banlieue parfois, ces unités hospitalières n'existaient même pas... Dans les années 1970 justement seront construits des établissements hospitaliers dignes de ce nom... Mais ils seront vite dépassés.
Madeleine Riffaud, journaliste, qui a été embauchée en qualité d'agent hospitalier (fille de salle) tout au bas de l'échelle, souligne déjà le manque de personnel, les salaires bien trop bas, les heures supplémentaires non payés, les congés qui ne peuvent pas être pris, et des conditions de travail difficiles pour le personnel qui sont aussi des conditions d'hébergement peu confortables pour les hospitalisés.
La construction d'hôpitaux modernes et bien équipés, n'enraye pas la crise... Dans ce premier quart du XXI ème siècle, les problèmes se sont amplifiés, les unités construites à la fin du XX ème siècle se sont dégradées, sont exigües, inadaptées... le personnel manque toujours cruellement, et il faut bien l'avouer aussi n'ont pas toujours la vocation chevillée au corps!
Ce document est vieux de 50 ans, mais il est hélas très actuel! Je me demande même si la situation de l'hôpital n'est pas encore pire en 2024. Il n'y a qu'à écouter les actualités ou à lire les médias.
Bien sûr les salles communes n'existent plus, les malades sont très souvent seuls dans leur chambre, mais ils sont toujours des numéros ou des individus recensés par le nom de leur maladie... Rien de bien humain dans tout cela... Une médecine déshumanisée, qui n'a pas toujours les moyens de soigner... salles d'opération fermées, voire même des services entiers! parce que pas assez rentables ou parce qu'ils ne sont pas alimentés par du personnel.
Un livre très actuel, hélas... pour un hôpital et un système de santé qui n'en finissent pas d'être à l'agonie.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture.
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La vie de Madeleine Riffaud est riche d'expériences humaines. Elle a été résistante et reporter de guerre dans le Nord Vietnam, alors quand elle veut renouer avec son pays dans les années 70, elle choisit de travailler dans un hôpital comme agent hospitalier.
Il en naîtra un livre racontant ce qu'il s'y passe au quotidien, vu de l'intérieur. Cela m'a fait penser à l'excellent livre de Florence Aubenas "Le quai de Ouistreham".
Madeleine Riffaud annonce qu'elle brouille les pistes pour apparenter son récit à un roman qui traduit pourtant une dure réalité, celle des conditions de travail à l'hôpital, souvent inhumaines, parce que le temps est compté.
Marthe, son avatar, va se faire embaucher pour l'été dans un service de chirurgie cardio-vasculaire. C'est un travail difficile mais un travail d'équipe qu'elle décrit, un personnel dévoué qui aimerait prendre le temps de dire des mots rassurants à ceux qui ont mal. Il y a la souffrance et la solitude des malades, dont un grand nombre d'amputés, et des médecins qui ne leur expliquent rien. Heureusement aujourd'hui si les moyens laissent toujours à désirer, la considération des personnes hospitalisées a quand même progressé.
Marthe va devenir aide-soignante dans un service de réanimation chirurgicale censé être à la pointe de la modernité. Pourtant elle dénonce la recherche du profit dans ces établissements qui donnent plus de place à l'intérêt d'un petit nombre qu'à la considération humaine.
C'est donc sans surprise un livre engagé qui réclame une politique de Santé respectant les êtres humains, sur la base de témoignages poignants.


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Soignante je me suis retrouvée dans les débuts de ma carrière dans les salles communes de « l'hospice » où j'ai débuté. Je suis impressionnée par tout ce que je retrouve dans ce livre. Et malheureusement une impression que rien n'a changé
L'auteur décrit la détresse humaine de ceux qui n'ont rien, sinon la décrépitude et la mort en proche horizon, ainsi que les carences du système hospitalier, dans une écriture simple, précise et poignante.
Hélas, le métier et ses conditions n'ont pas vraiment changé...

Il suffit de lire ces lignes pour réaliser à quel point l'ouvrage de Madeleine Riffaud, best-seller qui a marqué son époque en dénonçant les carences du système hospitalier français, reste scandaleusement d'actualité. Ni pamphlet ni roman, bien plus qu'un reportage, Les linges de la nuit est le témoignage d'une journaliste qui, pour parler au mieux de son sujet, passe de l'autre côté du miroir. En se faisant engager incognito comme agent hospitalier, Madeleine, devenue Marthe, découvre et révèle le pire : besognes répugnantes, salaires dérisoires, manque de moyens et de personnel, souffrances physiques et morales... Mais elle parle aussi des liens de tendresse qui se nouent entre soignants et soignés, du dévouement quotidien et des gestes de délicatesse qu'il suppose, de la patience, du courage de certains qui, face à la mort, se révèlent. Avec subtilité, humour et poésie, cette grande dame de la Résistance qui n'a jamais cessé de se battre pour les autres nous livre " un témoignage qui pourrait être un voyage au bout de la nuit et du sordide et qui, grâce aux qualités de coeur de l'auteur [...] est un beau livre d'hommage à l'espoir " (Les Echos).

Biographie de l'auteur

Résistante durant la Seconde Guerre mondiale, amie de Vercors et d'Eluard, Madeleine Riffaud couvre comme correspondante de guerre, de 1945 à 1973, tous les grands conflits, de l'Algérie au Vietnam. Elle réalise également des documentaires et publie, en 1974, Les linges de la nuit, devenu best-seller. Madeleine Riffaud se consacre depuis à l'écriture et multiplie les interventions dans les collèges, lycées, colloques, à la radio et à la télévision (succès médiatique du téléfilm de J. Amat, Avoir 20 ans dans Paris insurgé, diffusé sur France 2 en août 2004).
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IL s'agit d'un reportage formidable sur la vie d'un hôpital public dans la région parisienne, vu au ras du sol par celles et ceux qui invisibles sont les rouages essentiels entre les malades et le médecin ou le chirurgien. Ces derniers interviennent ponctuellement et parfois brièvement alors que les infirmiers les aides-soignants les filles de salle,, sont constamment auprès des patients 24/24. C'est par cette lecture que l'on comprend que le soin c'est d'abord une présence humaine, un geste calme, surtout une main bienveillante et une parole réconfortante. Ecrit en 1974, il n'a pas vieilli ;les salaires évoqués en francs sont les mêmes qu'aujourd'hui en euros, le sous effectif permanent également comme le rappellent les livres qui sont sortis ces dernières années sur les conditions de travail du personnel soignant que ce soit en milieu hospitalier qu'en EPHAD. Ce récit me rappelle également le roman futuriste de Martin Winckler qui imagine un monde où est privilégié le rapport humain dans les soins psychiatriques.Car ce qui traversent ces récits, ce sont la formidable avancée scientifique et médicale des 100 dernières années ainsi que la présence permanente des nouvelles technologies qui l'accompagnent, sources de la déshumanisation des pratiques hospitalières. Elles constituent dans un proche avenir un terrain favorable permettant le recours de plus en plus fréquent aux médecines parallèles,( aux charlatans, marabout) qui au moins eux, passeront un peu de temps avec leurs "patients" ainsi que à une médecine à deux vitesses où celui ou celle qui dispose de gros moyens peut se permettre de prendre à son chevet une infirmière ou aide soignante personnelle. A la fin de ce livre, on a envie de connaitre, en plus, la vie de l'auteure, résistante dès 1943 et journaliste engagée ensuite auprès des peuples victimes de la colonisation en achetant les premiers tomes de sa vie en BD.
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« Les linges de la nuit » est un livre écrit en 1974 puis réédité en 2021 où il est enrichi avec des témoignages actuels du personnel soignant pendant la crise Covid. Et même sans ces rajouts, il est difficile de croire qu'il date d'il y a presque 50 ans, tant le monde hospitalier n'a pas changé : surmenage, stress permanent, salaire de misère, heures supp jamais payées… Bref, « Les linges de la nuit » de Madeleine Riffaud a tout d'un livre actuel qu'il faut je pense, faire lire à une majorité de la population et surtout au président, comme dit à la fin, pour qu'une réelle prise de conscience se fasse.
J'avais lu le premier tome de la biographie de Mme. Riffaud en BD « La rose dégoupillée » et j'ai hâte de tenir un autre de ses ouvrages dans mes mains. Une femme passionnante qui a encore toute sa tête aujourd'hui à quasiment 100 ans !
Merci Madeleine-Rainer-Marthe Riffaud.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
La cuisinière m'a appelée et d'un geste timide elle a glissé une pièce de monnaie dans ma main. "Après le mal que vous vous êtes donné, si, ne mentez pas, je sais..." Impossible de refuser. Je remercie la vieille dame et lui dis, selon la coutume du service, que nous achèterons grâce à elle les croissants du dimanche."
- Marthe... poursuit la vieille demoiselle. Voudriez-vous passer à la chapelle mettre un cierge de ma part?
- Vous seriez contente?
- Oh oui, bien, bien contente.
J'ai pris l'habitude, imitant Justine et Siméon, de faire les courses, de poster les lettres. Pourquoi ne pas transmettre un message à sainte Thérèse, apparemment la préférée des sans-espoir?
J'achète chaque jour son Huma à l'institutrice qui est la première à proposer un transistor à Soeur Solange, quand, le dimanche, la religieuse souhaite entendre la messe. Personne, ici, ne juge personne.
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Personne n'aime Ophélie dans ce service. En chirurgie, on n'est pas équipés pour surveiller des déments. Elle nous achève, la pauvre femme. Chacun a trop à faire pour s'occuper tout le temps d'un seul malade. Il est vrai aussi que la folie inquiète, réveille en chacun quelque monstre endormi au fond du marécage. Hélène fait l'impossible pour qu'Ophélie, malgré ses anévrismes au niveau de l'aine, quitte l'hôpital au plus tôt.
- Je ne pourrais jamais travailler dans un établissement psychiatrique, me confie-t-elle.
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Dans les bas-fonds de l'hôpital, il y a des rats. Maria en a vu un "gros comme un lapin". Elle a laissé tomber les gamelles qu'elle rapportait à la grande cuisine.
Au rez-de-chaussée, pas de salle commune : des chambres de soins intensifs réservées aux opérés de la veille, il faut faire la chasse aux cafards qui courent le long des murs.
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Avant tout, je dois m'expliquer. C'est grâce à Paul, si j'ai osé m'infiltrer dans le monde en blanc.
Paris n'était plus pour moi qu'une escale. Après la guerre d'Algérie, mes blessures d'Oran rafistolées, j'avais traîné caméra et machine à écrire de la jungle du Sud-Viêt-nam à Hanoi, du Cambodge aux montagnes des partisans lao, passé par l'Afrique noire chez les Pygmées, violé les frontières de l'Angola... avant de retourner au Sud-Est asiatique. Après la signature des Accords de Paris sur la paix au Viêt-nam, je me trouvai au feu rouge, moteur tournant à vide. J'en profitai pour tomber malade puis pour m'apercevoir que je ne connaissais plus mon pays. J'avais perdu mes racines.
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Quand je regarde soulever un malade, seule, sans faire gémir celui-ci, sans effort apparent, je cherche à comprendre d’où ce corps fragile tire une telle force. De l’adresse plus que des muscles ? Sûrement. Mais encore une certaine puissance venue du cœur, non prévue par le règlement .
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Videos de Madeleine Riffaud (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Madeleine Riffaud
Engagée très jeune dans la Résistance, Madeleine Riffaud raconte aujourd'hui dans une première trilogie nourrie de milliers de détails d'une mémoire qui n'a rien oublié. Un témoignage poignant et palpitant qui se lit comme un thriller.
"Madeleine, Résistante" : un Aire Libre exceptionnel, salué par les médias, réalisé avec Jean-David Morvan et Dominique Bertail.
Déjà deux tomes disponibles en librairie https://bit.ly/madeleine
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