Ce qui cause l'assoupissement (dans les états qui souffrent) est la durée du mal, qui saisit l'imagination des hommes, et qui leur fait croire qu'il ne finira jamais. Aussitôt qu'ils trouvent jour à en sortir, ce qui ne manque jamais lorsqu'il est venu jusqu’à un certain point ils sont si surpris, si aisés et si emportés, qu'ils passent tout d'un coup à l'autre extrémité et que bien loin de considérer les révolutions comme impossibles, ils les croient faciles ; et cette disposition toute seule est quelquefois capable de les faire.
Il n'est jamais permis à un inférieur de s'égaler en parole à celui à qui il doit du respect, quoiqu'il s'y égale dans l'action ; et il l'est aussi peu à un ecclésiastique de confesser qu'il est armé, même quand il l'est. Il y a des matières sur lesquelles il est constant que le monde veut être trompé. Les occasions justifient assez souvent, à l'égard de la réputation publique, les hommes de ce qu'ils font contre leur profession : je n'en ai jamais vu qui les justifient de ce qu'ils disent y soit contraire.
L'un des plus grands défauts des hommes est qu'ils cherchent presque toujours, dans les malheurs qui leur arrivent par leurs fautes, des excuses devant que d'y chercher des remèdes ; ce qui fait qu'ils y trouvent très souvent trop tard les remèdes, qu'ils n'y cherchent pas d'assez bonne heure.
p. 497 de l'édition Classiques modernes - le livre de poche
(...) et j'ai même observé qu'il jugeait toujours des actions par les hommes et presque jamais des hommes par les actions. (...) rien ne marque tant le jugement solide d'un homme, que de savoir choisir entre les grands inconvénients.
p. 430
Il n'y a que l'expérience qui puisse apprendre aux hommes à ne pas préférer ce qui les pique dans le présent à ce qui doit les toucher bien plus essentiellement dans l'avenir. p. 1014 de l'édition Classiques Modernes - le livre de poche