Même si j'ai eu un peu de mal à entrer dans le récit, à m'adapter à l'écriture de
Serge Quadruppani, je ressors de ce roman enchanté et avec une pêche d'enfer...
OK, la pêche d'enfer ne vient pas du propos du roman...
Serge Quadruppani y développe un long et sévère plaidoyer à l'encontre du système capitalistico-financier. Comme disait
Bernard Lavilliers, c'est le règne des 3ès couteaux... en costume de chez Smalto, etc.
Je ne me lancerai pas dans un résumé de l'intrigue, qui nous fait côtoyer les services secrets, des boîtes de sécurité véreuses, des tueurs à gages, des mafieux, des pontes de la finance, le tout avec en filigrane la crise des subprimes... D'ailleurs on a un Georges Todos dans le roman qui n'est pas sans rappeler un
George Soros que wikipedia définit comme un Hungarian-born American businessman and philanthropist... Ce qui est à peu de choses près le profil de Todos (sauf qu'il est polonais, je pense, dans le roman).
Il y a du rythme, des explications assez claires (faut un peu réfléchir quand même, mais c'est assez facile) sur les rouages financiers mondiaux, de l'humour, des réflexions sur le sens de la vie... Bref, tout ce que j'apprécie dans un polar décalé. J'ai pas mal pensé à
Fred Vargas et à son univers atypique. Clairement,
Quadruppani déploie un univers bien à lui, caustique, pince-sans-rire et où nos dérives sont puissamment bien observées. J'ai lu des commentaires relevant le caractère "irréel" ou "impossible" de l'intrigue... Faut-il donc qu'un thriller soit réaliste pour plaire? Que nenni non point, m'exclamerai-je. Les romans de Vargas, pour ne citer qu'elle, sont très éloignés du réel... et j'y prends un plaisir dingue.
Il me faut un univers particulier et des personnages attachants, c'est le cas ici. Même pour les "mauvais" (ou certains méchants).
Je rejoins donc Sharon et jfponge dans une appréciation inconditionnelle de l'auteur et de ce roman que j'ai lu d'une traite. Je note au passage
Andrea Camilleri comme lecture future. Et d'autres romans de
Quadruppani.