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EAN : 9782953054026
215 pages
La Dernière Goutte (01/02/2008)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Révolté contre la figure paternelle, errant entre Francfort, Paris et Berlin à la fin du 19ème siècle, un jeune Juif allemand fait l’apprentissage d’une réalité sociale dramatique que ne parvient pas à dissimuler l’opulence de cités grouillantes de vies. Là, ceux qui tentent de s’extirper de leur condition se retrouvent plongés dans la misère la plus noire.
Jakob Elias Poritzky dépeint avec une ironie mordante la cécité des hommes repus, l’hypocrisie d’une so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le hasard d'une brocante m'a fait découvrir ce livre qui raconte la vie d'un jeune juif allemand à la fin du 19e siècle. Né dans un milieu pauvre, avec un père violent, il va tenter de se libérer et se cultiver. C'est un livre très instructif sur la vie juive en Allemagne et sur la mentalité de cette époque.
L'auteur est quasiment un inconnu en France. Dans l'ensemble de la presse francophone, on trouve seulement une mention de Jakob Elias Poritzky, et de son livre (dans l'Humanité). Sa page Wikipedia n'existe qu'en allemand et elle contient une bibliographie faite de fictions et d'autres ouvrages.
Le livre est aussi bien écrit, surtout les premiers chapitres ; les derniers reprennent la petite musique de la pauvreté, de la misère, de la saleté, de la faim, de la sexualité avec des prostituées, de l'arrogance des riches, etc.
Je reprends ici quelques exemples, qui traitent de la vie juive, particulièrement triste, repliée sur elle-même, dépourvue à l'époque de tout ce qui peut donner envie de s'y investir.
Pour dire sa colère contre la religion : « Alors où donc est Dieu pour te sauver de ce naufrage ? Il est mort de dégoût devant ses créatures. Et dans les Cieux, c'est le Diable qui trône, le Maître des ordures et des poux » (41).
Poritsky nous donne à voir un judaïsme décharné et obtus, tel qu'il s'est imprimé dans son esprit d'enfant, et l'on comprend qu'il n'ait eu de cesse de vouloir le fuir. A propos des « sophismes des prétendus Sages du Talmud », il écrit qu'ils « s'étaient donné beaucoup de mal pour savoir si on avait le droit, le samedi, de tuer un pou, ou non. Si un oeuf de poule pondu le vendredi pouvait être utilisé le samedi, ou non. Si on pouvait s'essuyer le derrière avec de la glaise, ou non. Et nous, là-dedans, nous cherchions en vain la cohérence d'une pensée. » (54)
Il nous décrit le niveau de bêtise et d'autoritarisme de la petite école juive qu'il avait fréquentée : « (...) je pliais l'échine, comme une bête de somme. Je me laissais raconter que la Création était une mais qu'il était interdit d'en dévoiler les secrets vertigineux, qu'il n'y avait qu'un Dieu, grand et puissant, mais qu'on n'avait pas le droit d'essayer de connaître sa nature et son origine. Parce qu'il devait admirer l'Esprit qui anime la nature, l'enfant était tenu d'écarquiller les yeux et d'ouvrir grandes ses oreilles. Mais sous peine de mort, on lui interdisant de poser la moindre question. Ses yeux étincelaient du feu de mille questions, mais on ne répondant jamais à aucune d'entre elles ». (54-5).
A propos de la prière du matin : « Dès qu'on était lavé, il fallait poser les phylactères et revêtir le manteau blanc pour la prière en prononçant un nombre incroyable de bénédictions et de voeux divers. Bien sûr, on les transgressait aussitôt après. Ensuite, je récitais à toute vitesse en hébreu cinquante pages de louanges boursouflées et de flatteries magnifiques à la gloire de Dieu : je n'en saisissais pas le sens, c'était complètement obscur pour moi ». (56-7).
A propos des objets de culte et de la vénération de son père violent : « (...) tout ce faste superficiel que les banquiers, soucieux du salut de leur âme, avaient offert à la synagogue. Mon père aussi embrassait tous ces colifichets : je voyais qu'il ressentait une terreur sacrée et que dans son esprit, il voyait vraiment Dieu. Mille fois je me suis demandé pourquoi une telle révélation ne s'abattait pas sur moi aussi. La réponse de mon père à cette question prenait toujours la forme de coups – sur la tête – et de jurons. Sa bouche était pleine de paroles venimeuses, des paroles qui font tellement mal qu'on ne les oublie jamais :
« tu dois être pieux, corniaud, tu dois te soumettre à la volonté divine et tu dois être humble. Tu dois croire !... Tiens !... Voilà, tiens ! J'aimerais te rompre les os. Espèce de cochon, tu vas croire en Dieu, et croire aussi aux paroles des Sages ! Tiens, voilà encore une gifle, celle-là, c'est un cadeau ; et maintenant embrasse ma main ! Celle qui t'a frappé. Allez, hé ! Embrasse-la, espèce de bâtard ! Tu vas être reconnaissant envers Dieu, espèce de morveux, parce que Dieu est tout puissant » » (58-9).
L'écriture de Poritzky est puissante et donne à voir les sentiments des personnages. Ainsi, le narrateur, solitaire, est « torturé par la faim d'un mot gentil » (67). Il vit dans une infinie saleté : « Je devais payer quarante centimes de loyer pour avoir le droit d'occuper une chambre servant de quartier général à toutes les punaises de Paris » (85). Il rêve de son suicide : « (...) je me voyais gésir à côté d'une pute usée et répugnante » (86).
Et tout au long du livre, Poritzky nous parle de sa jeunesse, de ses projets d'études à Paris. Et aussi des façons originales de se faire un peu d'argent en saoulant des corbeaux pour les attraper, en soignant les maladies vénériennes des garçons boulangers en échange d'un peu de pain, etc.
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