Dire que je trouvais que le roman "
Kentucky straight" de
Chris Offutt était peuplé de crétins pathétiques, de loosers fabuleux, de débiles congénitaux, d'une bande de ploucs irrécupérables…
Et bien, figurez-vous que je viens de tomber sur pire qu'eux ! D'ailleurs, face aux habitants de
Knockemstiff (Ohio), ceux de
Kentucky Straight sont fréquentables, c'est vous dire.
Je vous préviens de suite, après avoir terminé ce roman, vous vous sentirez poisseux et aurez juste une envie : vous doucher et vous récurer à la brosse en crin tant les gens sont crasseux mentalement.
Ici, il n'y a rien à faire, si ce n'est avoir des relations incestueuses, tuer des gens, boire de la bière bon marché, se shooter avec tout ce qui passe, laisser traîner des bâtonnets de poissons panés au fond de votre sac à main, traiter son gamin de gonzesse, lui apprendre à se battre, violer des poupées, fuguer,…
Ne jamais sortir de ses eaux territoriales, ne jamais explorer une ville voisine. Rester en vase clos (et se reproduire). de toute façon, celui qui a fugué pour tenter sa chance ailleurs est tombé sur un camionneur bizarre et sordide.
Toutes ces belles choses, vous le retrouverez dans ce roman composé de nouvelles toutes plus sordides les unes que les autres.
Je ne suis pas toujours fan des nouvelles, mais ce format va à merveille pour ce genre de récits car il permet de remonter à la surface pour prendre une goulée d'air avant de replonger dans la noirceur poisseuse, style cambouis épais, d'une autre nouvelle.
Au total, il y en a 18, toutes du même acabit car l'auteur nous dresse des portraits au vitriol de cette petite ville qui existe vraiment et où on ne voudrait pas passer ses prochaines vacances, ni en être originaire.
Même les célèbres Barakis de chez nous sont moins atteints que ceux qui hantent ces pages. Pourtant, dans le fond, ils ont le même mode de vie : chômeurs, alcoolos, vivant dans des caravanes pouraves, portant le training… (Je vais me faire lyncher, là).
Des récits sombres de déchéances humaines, des portraits de gens dont on ne voudrait pas croiser la route, des pères qui gagneraient à passer l'arme à gauche tant ils font subir le pire à leurs gosses, des femmes qui auraient gagné à se casser la jambe le jour où elles ont rencontrés leurs maris et le col de l'utérus le jour où ont couplés ensemble.
Des récits sombres, violents, poisseux dont il fallait le talent de conteur de
Donald Ray Pollock pour arriver à les mettre en toutes lettres tant ils sont à la limite du supportable, ou alors, il faut déconnecter son cerveau et ne pas trop penser lorsqu'on lit car ceci n'est pas vraiment de la fiction mais la réalité dans ses tristes oripeaux.
18 nouvelles trash, 18 nouvelles noires, peuplées de personnages tous plus tarés les uns que les autres, tous irrécupérables, de personnages que l'on croisera au détour d'une autre nouvelle, et qui viendra confirmer que oui, même lui était irrécupérable.
18 nouvelles sordides où l'Homme ne veut pas s'élever au-dessus de sa condition, préférant barboter dans sa crasse, sa misère, son petit train-train banal et nauséabond.
18 nouvelles qui dérangent et qui grattent là où ça fait mal.
Néanmoins, j'avais préféré ses deux romans "
Le diable tout le temps" et "
Une mort qui en vaut la peine" qui, tout en étant aussi sordide et nauséabond, m'avaient plus emballé.
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