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EAN : 9782021553833
160 pages
Seuil (05/04/2024)
4.15/5   101 notes
Résumé :
Elle a quitté la clinique où elle était hospitalisée et s’est évanouie dans la nature. Un an auparavant, elle avait voulu se suicider dans l’usine où elle travaillait à la chaîne depuis trente-six ans.

Un appel à témoins est lancé, mais les jours passent et rien, le désert. Une anonyme, une ouvrière.

Elle s’appelait Letizia Storti. Je l’ai un peu connue.

Ce livre tente de lui redonner un visage et un nom.
Que lire après Disparition inquiétante d'une femme de 56 ansVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
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Ouvrage reçu en avant-première (il ne sortira en librairie que début avril), dans le cadre d'une opération Masse Critique privilégiée, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions du Seuil pour l'envoi de cet ouvrage car sans eux, moi aussi, j'aurai oublié trop vite ou peut-être même jamais entendu parler de Letizia Storti et pourtant...

Letizia Storti est une femme d'environ 51 ans à l'époque où commence ce récit. Elle travaille, et ce, depuis près de 35 ans pour l'entreprise pharmaceutique UPSA et est très appréciée de ses collègues, notamment pour son engagement sans borne auprès ds syndicats afin de faire valoir les droits des salariés. En 2017,année de sa rencontre avec Anne Plantagenet à l'occasion du festival de Cannes pour un film dans lequel Letiza a joué auprès de Vincent Lindon et du réalisateur Stéphane Brizé. Intitulé "En guerre", celui-ci avait pour vocation de dénoncer les cruelles conditions de travail de certains salariés et notre héroïne avait postulé pour ce casting sans trop y croire au départ puis passant de simple figurante à silhouette jusqu'à avoir même des répliques dans le film, en tant que syndicaliste. Les cinq semaines qu'elle passa sur le tournage furent pour elle une révélation, un moment inoubliable, un moment où elle se sentait enfin exister et visible aux yeux des autres - non pas ceux qui la côtoient tous les jours mais de tous les autres qui la croisent, la connaissent puis aussitôt après l'oublient. Les deux femmes, Letizia et Anne, l'auteure de ce magnifique récit ont tout de suite sympathisé à Cannes, la première y assistant pour son interprétation dans le film "En guerre" et l'autre pour faire un reportage dans le cadre de son travail sur ce dernier. Puis, les conditions de travail se sont dégradée pour Letizia. Refoulée de service en servie suite suite à une fragilité extrêmement gênante et handicapante au poignet. Malgré sa reconnaissance en tant que "personnel handicapé", sa direction n'a rien fait pour lui proposer un poste adapté mais Letizia s'accroche. Elle, elle veut à tout prix travailler mais ses signaux d'alerte ne seront pas entendus.

Elle a dénoncé à mantes reprises la dégradation des conditions de travail suite au suicide d'un de ses collègues mais là encore, l'on ne l'a pas écouté. Délaissée, effacée de la mémoire de tous, elle est devenue une anonyme. Qui donc se souvient encore d'elle pour son interprétation dans le film de Stéphane Brizé, expérience qu'elle réitérera d'ailleurs quelques temps après mais où elle ne sera cette fois-ci que figurante ? Personne ! Qui se souvient de cette femme italienne et très fière de ses racines qui s'est battue toute sa vie pour le bien-être des salariés ? Personne ! Elle est devenue une ombre parmi les ombres et à travers ce récit bouleversant et extrêmement bien écrit que nous livre ici Anne Plantagenet, elle reprend vie...enfin un peu !
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Épigraphe : « Nous, une nuit invisible nous enveloppe. » Robert Linhart, L'Établi.
Anne Plantagenet nous raconte l'histoire d'une vie. Nous ne sommes pas ici dans un roman, mais dans le témoignage.
Anne Plantagenet rencontre par hasard sur le tournage du film « En guerre » de Stéphane Brizé, une figurante : Letizia Storti. Elles vont se revoir à la faveur d'une interview réalisée par l'autrice pour un magazine, puis restent en contact par quelques échanges de courriels et sms pendant plusieurs mois.
L'autrice ne prétend pas être amie avec Letizia présentée comme une connaissance, même si elle est d'emblée attirée par cette femme énergique, très éloignée son cadre de vie habituel sur le lieu de tournage du film, elle qui est ouvrière à l'usine UPSA et déléguée syndicale. Letizia se bat pour elle-même, pour les autres, aspire à une vie meilleure sans se plaindre. Cette porte ouverte sur le cinéma elle en profite, rêve de paillettes quand elle accompagne l'équipe du tournage au festival de Cannes.
Anne Plantaganet se tient à distance de Letizia, tant dans la vie réelle que dans ce qu'elle nous raconte dans ce livre. Je comprends qu'elle ait à coeur de ne pas laisser penser qu'elle était une amie (puisqu'elle ne l'était pas) par souci d'honnêteté et de sincérité, et c'est tout à son honneur. Cependant, je l'ai parfois ressenti comme de la froideur (ce qui ne me semblait pas être la volonté de l'autrice) et ce manque d'attachement à Letizia m'a gênée dans cette lecture, puisque j'ai eu du mal à mon tour à m'attacher à elle.
Si nous en savons plus sur Letizia à la fin du livre, c'est surtout sur le plan de sa carrière et de ses combats professionnels. de ce fait, je ne peux pas dire que je me suis vraiment sentie proche d'elle, et cela, je l'ai regretté.
La fin du récit est particulièrement dure avec quelques pages assez insoutenables (et je ne conseille pas cette lecture à ceux qui ont une période de passage à vide), et je me suis retrouvée vaguement coupable à la fin du livre de ne pas m'être plus attachée à Letizia. Je me suis demandé dans quelle mesure ce n'était pas volontaire de la part de l'autrice, ce tour de passe-passe nous permettant de prendre son rôle de personne assez lointaine, pas très impliquée, qui se prend soudain une vérité en pleine face sans avoir trop vu les choses venir, et se demande si elle n'aurait pas pu ou dû faire quelque chose (ou au moins s'intéresser à la situation pour tenter de la désamorcer).
Le constat est terrible ; l'invisibilisation des femmes par la société, de ces petites mains ouvrières que l'on jette quand elles sont cassées pour avoir trop travaillé sans aucun état d'âme, le mépris et l'indifférence pour ces voix, ces appels au secours que l'on n'a pas su entendre ni voulu décoder.
Sur la couverture, le portrait d'une femme qui empoigne une échelle, une femme qui voulait s'élever, progresser, mais qui malgré ses efforts et tentatives est restée invisible aux yeux des autres, anonyme, son visage brouillé, effacé. Ah oui, Letizia, comment était-elle déjà ? comme un destin impossible à changer, son destin étant de rester en bas de l'échelle sociale pour toujours.
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En 2017, Letizia Storti obtient un rôle de figurante dans un film de Stéphane Brizé. Elle a alors 51 ans et travaille comme ouvrière à UPSA (Union de Pharmacologie scientifique appliquée), une entreprise pharmaceutique d'Agen. Stéphane Brizé cherche des figurants ayant une expérience syndicale puisqu'il va raconter, dans En guerre, la violence du monde du travail, les dégâts provoqués par des conditions de travail dégradées et une tension qui aboutit à la division du monde syndical. Pendant le tournage, l'autrice, Anne Plantagenet, contacte Letizia Storti et d'autres ouvriers figurants, pour qu'ils lui parlent de cette aventure extraordinaire qui les mènera jusqu'aux marches de Cannes. Toute l'équipe assite à la projection du film avec l'autrice et l'équipe de tournage, dont Vincent Lindon, acteur principal des trois films que l'on connaît aujourd'hui sous le titre de la Trilogie du travail. La personnalité de Letizia a touché l'autrice. Elle la découvre attachante et pleine de charisme. Les deux femmes sympathisent, et elles resteront en contact pendant quelque temps, de loin en loin, même après cette aventure. Mais ce type de relations est fragile et rarement durable. Si Anne Plantagenet continue indirectement de prendre des nouvelles de Letizia, elles ne se voient ni s'écrivent plus. L'autrice se retrouve désemparée et se sent coupable de n'avoir pas gardé le contact avec cette femme entière et passionnée quand elle apprend sa disparition.
***
Pendant le reportage de l'autrice sur l'expérience du tournage, outre la personnalité attachante et sans concession de Letizia, des origines italiennes communes ont sans doute contribué à rapprocher les deux femmes : les deux parents de Letizia sont des immigrés italiens, comme l'étaient le grand-père de l'autrice. Cet héritage est beaucoup plus prégnant chez Letizia qui souffre encore des moqueries que subissait sa mère illettrée et handicapée par la polio. le parallèle entre les deux familles fait ressortir la différence entre le destin des deux femmes. le récit met l'accent sur certains aspects de la vie de Letizia : sa solitude, son engagement syndical, son sérieux au travail, son amour pour son fils, et l'entracte magique que constituent les auditions, le tournage du film et l'aventure cannoise. Elle s'achève d'ailleurs par une déception: malgré sa qualité et l'ovation recueillie en salle, le film ne sera pas primé. Parallèlement, nous vivons la rapide détérioration professionnelle que subit Letizia. Après la vente d'Upsa à des Japonais, les conditions de travail se durcissent malgré les promesses. Un banal accident handicape provisoirement Letizia qui est alors en butte à des pressions insupportables. La situation s'aggravera encore après la revente du laboratoire aux Américains, et Letizia finit par craquer.
***
Anne Plantagenet relate avec talent, empathie et une pointe de culpabilité la vie de cette anonyme, de cette invisible, soumise un instant à une mise en lumière passagère qui, brièvement, lui donnera l'impression d'exister autrement. Ce récit provoque, je crois, les mêmes sentiments que les films de la Trilogie du travail : une révolte devant les pratiques qui ont cours dans ce milieu. Dans le livre, à cette révolte s'ajoute une froide colère nourrie par la compassion que l'on éprouve pour Letizia, et le sentiment d'injustice ressenti s'incarne dans la personnalité de cette femme courageuse. le récit réussit à transmettre l'enthousiasme de Letizia autant que ses doutes, sa révolte et sa déception. On comprend aussi les regrets de l'autrice et la culpabilité qu'elle éprouve d'avoir laissé leurs relations se distendre, puis disparaître. Jusqu'aux lettres écrites par Letizia qui s'effaceront… Bravo pour le choix de l'illustration de couverture de Gideon Rubin qui suggère, grâce à l'échelle, à la fois le travail et la prison qu'il peut devenir.
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Ce n'est pas un roman, c'est la vraie vie, celle des vrais gens, celle des gens vrais. C'est l'histoire d'une aventure humaine, extraordinaire, tragique.
Letizia Storti, 56 ans est ouvrière syndiquée FO chez UPSA depuis plus de 34 ans. Anne Plantagenet raconte l'histoire de cette femme, fille d'immigrés italiens, que le film de Stéphane Brizé, « En guerre », va sortir de l'anonymat des masses laborieuses en l'engageant comme figurant, jusqu'à sa disparition, rattrapée par la machine infernale d'un capitalisme cannibale et impitoyable.
Le talent de l'auteure et sa plume adroite font de cette histoire le témoignage poignant de ce combat pour la sauvegarde d'une certaine humanité que mènent chaque jour nombre de syndicalistes et son texte enterre bien des clichés ou des idées reçues sur la question. C'est là aussi tout l'intérêt de « Disparition d'une femme de 56 ans ». On ne soupçonne pas suffisamment la violence physique mais aussi psychologique qui peut sévir dans certaines entreprises.
On ne peut qu'être ému par cette femme combative qui a connu son « quart d'heure Warholien » mais finira brisée par un système cruel que dirigent une brochette d'imbéciles égoïstes, arrivistes carriéristes et autres actionnaires ignorants et cupides.
Merci à babelio masse critique et aux éditions du Seuil pour la découverte de cette auteure talentueuse et de cette histoire dramatique. C'est un livre très bien écrit, court, qui témoigne du sacrifice et de l'abnégation dont font preuve nombre de travailleurs, ces héros du quotidien.
Je recommande vivement cette lecture, c'est une leçon de vie !
Editions du Seuil, 153 pages.
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J'aurais préféré que ce livre soit un roman.

Mais non. C'est un récit, un témoignage de l'autrice qui raconte qui était Letizia Storti, la disparue du titre.

C'est en 2017 qu'Anne Plantagenet rencontre Letizia. Alors âgée de 51 ans, cette fille d'immigrés italiens est ouvrière dans l'entreprise pharmaceutique UPSA à Agen. Plus de trente ans de bons et loyaux services et surtout d'engagement syndical acharné pour faire valoir les droits des salariés dans l'entreprise. Une vie dans l'ordinaire et l'anonymat de la classe laborieuse.

Jusqu'au jour où elle apprend que le réalisateur Stéphane Brizé cherche des figurants pour son prochain film, « En guerre », avec Vincent Lindon. Un film en immersion dans le monde du travail ouvrier, en tension permanente et souvent violente avec la direction et l'actionnariat. Letizia est engagée pour quelques répliques dans un rôle qu'elle connaît à fond, le sien: déléguée syndicale.

C'est à l'occasion de ce tournage que l'auteure a rencontré Letizia, dans le cadre d'un reportage sur la manière dont les figurants avaient vécu cette expérience de cinéma. Les deux femmes ont sympathisé, ont maintenu le contact jusqu'au festival de Cannes où le film est présenté, puis le lien s'est peu à peu distendu.


Grâce à ce film, Letizia connaîtra son quart d'heure de gloire. Une fois les feux de la rampe cannoise éteints, elle retourne à son quotidien grisâtre, avant qu'une chute domestique amorce sa descente aux enfers : sa fracture au poignet la laisse partiellement handicapée, et le retour au travail se passe mal, puisqu'on la balade d'un poste à un autre, sous prétexte de trouver celui qui lui conviendrait le mieux. Sauf qu'on ne lui laisse jamais le temps de s'adapter et qu'on lui reproche en conséquence son inefficacité. En clair : humiliations, perte de dignité, harcèlement moral, et toute la souffrance psychique qui en découle.

Quand Anne apprend la disparition de Letizia en juin 2022, elle ignore tout de ce que celle-ci a traversé à UPSA après le festival, son accident, sa tentative de suicide, son séjour en hôpital psychiatrique. Ce qu'elle découvre alors la bouleverse et la pousse à écrire ce texte, pour lutter contre l'effacement dans lequel Letizia a glissé peu à peu jusqu'à l'anéantissement. Elle a voulu rendre chair et consistance à cette femme joyeuse et battante, dont l'engagement syndical ressemblait furieusement à une revanche à prendre sur les humiliations et le racisme subis par sa propre mère – une autre femme effacée: "Je veux savoir. Comprendre ce que j'ai raté, à côté de quoi je suis passée. [...] Je ressens un malaise grandissant à la lecture de tous ces communiqués, ces articles, ces déclarations dans la presse. J'ai l'impression qu'ils ne parlent pas de Letizia, de Letizia Storti, de sa trajectoire spécifique, de son histoire unique, de ce qui fait sa singularité et la distingue de toute autre personne. Ai-je lu quelque part que Letizia a souffert dans son enfance de voir sa mère qu'elle adorait moquée parce qu'elle ne parlait pas français et était handicapée, et qu'à cause de cela elle revendique haut et fort ses origines italiennes? Ai-je lu ou entendu qu'elle a été révoltée de voir ses parents exploités toute leur vie et que pour cette raison sans doute elle s'est engagée dans le syndicalisme dès qu'elle a obtenu un CDI? Qu'elle s'y est investie corps et âme? Qu'elle a eu un courage de dingue pour se présenter à un casting et s'est battue pour être choisie? Qu'elle aime les vide-greniers, et l'histoire, et faire du vélo, et voyager? Ai-je lu quelque part que Letizia aime la vie? Qu'elle est un peu plus qu'"une salariée", puis "la salariée" qui a tenté de se suicider sur son lieu de travail? Ces communiqués, ces articles, ces déclarations effacent son identité pour la réduire à un statut social, un geste, ce saut dans le vide, acte ultime et désespéré, objet depuis d'une tentative de récupération et d'un enjeu sordide, comme si toute sa vie devait inévitablement conduire et se résumer à cela. Comme si Letizia Storti ne devait laisser aucune autre trace de son passage sur terre qu'une silhouette qui chute indéfiniment".

J'ai lu d'une traite ce récit poignant, déchirant, plein d'humanité et d'empathie, porté par une très belle plume. Il témoigne avec beaucoup de sensibilité du destin tragique d'une femme détruite, et de la déshumanisation à l'oeuvre dans le monde du travail.

En partenariat avec les Editions du Seuil via Netgalley.
#Disparitioninquiétantedunefemmede56ans #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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critiques presse (1)
LeMonde
12 juillet 2024
Dans un récit aussi sensible que factuel, elle sauve de l’oubli cette anonyme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Le lendemain, c'est pareil, lors de la scène où les ex-grévistes, sous protection policière, retournent à l'usine au milieu d'une haie de déshonneur formée par ceux qu'ils ont lâchés, elle est encore là, Letizia Storti, près de Vincent Lindon, huant avec de grands mouvements de bras ses anciens camarades.
J'entends plusieurs figurants râler à voix basse. Ce n'était pas prévu comme ça, pas prévu du tout qu'elle soit en première ligne, cette femme, en principe elle aurait dû rester derrière, dans la multitude indéfinie, elle a joué des coudes et grillé tout le monde pour passer devant.
C'est vrai, reconnaît Stéphane Brizé quand je lui en touche deux mots. Elle était censée être uniquement figurante, mais elle se démène chaque jour pour avoir un peu plus, une silhouette, quelques répliques.
Elle a pris sa place, conclut-il.
Et je sens que ça ne lui déplaît pas.
Un tel besoin d'exister, coûte que coûte, de sortir du lot au risque de se faire détester par le groupe… Est-ce de la hardiesse ? Du désespoir ? C'est cela peut-être qui m'attire chez cette femme. Sans doute aussi autre chose de plus souterrain, de sensible.
Je note son nom dans mon carnet.
(p.17-18)
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À peu près au même moment, la standardiste reçoit un appel de la police qui l'avertit que Letizia Sortit risque de tenter de mettre fin à ses jours dans l'entreprise. La standardiste court prévenir son chef et le gardien, quand elle entend des éclats de voix. Montant quelques marches, elle découvre alors Letizia suspendue dans le vide, au troisième étage, devant les bureaux de la direction. Comme les quelques employés qui assistent, tétanisés et impuissants, à la scène, elle lui crie de ne pas faire ça. […] Le directeur du site, lui, est bien présent, d'après certains témoins, et, quand il a compris ce qu'il se passait, s'est enfermé dans son bureau. Dans le hall, au rez-de-chaussée, deux salariés courent chercher un canapé. C'est inutile. Letizia Storti a sauté.
(p.127)
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"Mais à force de les repasser, et nourrie de tout ce que j'ai appris depuis, j'ai réalisé que je me trompais : ce à quoi ne croit pas Letizia dans ces scènes, ce n'est pas au casting, c'est à son rôle, celui d'une syndicaliste capable de faire bouger les choses, de défendre ses collègues face à un employeur qui ne tient pas ses engagements et cherche à faire des économies par tous les moyens. Sentiment d'impuissance, terrible constat d'échec, quand on y a cru, justement, toute sa vie, qu'on prend conscience brutalement qu'on est face à un mur et que quelque chose va péter."
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Nous avons plusieurs conversations à propos de mon livre 'D'origine italienne', qui paraît en mars et la touche beaucoup. (...) Il y a énormément d'échos, de parallèles, entre nos familles exilées, nos familles de taiseux, de miséreux, de communistes. Un héritage commun, mélange de fierté et de honte, de révolte et de soumission, qu'elle s'est pris de plein fouet alors qu'il m'a atteinte plus indirectement.
(p. 78)
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Je veux savoir. Comprendre ce que j'ai raté, à côté de quoi je suis passée. Ce n'est pas une question de culpabilité de remords, je ne me dis pas que j'aurais pu faire quelque chose, l'empêcher de passer à l'acte. Pas du tout. Ce n'était pas mon rôle, sans doute. Et c'est trop tard, de toute façon. Mais, je peux peut-être agir quand même d'une certaine manière.
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À lire – Collectif, sous la direction de Capucine Ruat, “Je vous ai lu cette nuit”. Hommage à Jean-Marc Roberts, Albin Michel, 2023.
Son par William Lopez Lumière par Iris Feix Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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