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"Fernand Léger a très tôt déclaré l'ambition qui allait diriger l'ensemble de sa carrière d'artiste : créer l'art de son époque, créer en accord avec ce qu'elle peut offrir de plus neuf et de plus moderne. Or l'époque moderne, selon lui, n'est plus à la "mélodie impressionniste" mais à l'affrontement des forces industrielles et au conflit des hommes et des choses sur un théâtre d'opérations violemment modifié par la vie urbaine et l'irruption des machines"
Passons sur l'expression "carrière d'artiste" qui me semble un non-sens. Etre artiste n'est pas une carrière.
Je suis frappé par le parallèle que l'on peut faire avec les photographies de Albert Renger-Patzsch (actuellement présentées au musée du Jeu de Paume.
Les photographies montrent l'industrialisation de la Rurh et l'envahissement de la campagne par les complexes industriels sidérurgiques.
Pour ceux et celles qui aiment jeter des ponts entre les disciplines, les arts et les personnes
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Fidèle au Découvertes Gallimard, je ne peux que recommander ce livre dédié au formidable travail de Fernand Leger. On apprend beaucoup sur le peintre et son oeuvre. le livre est bien fait didactique mais complet et très bien illustré.
On s'instruit énormément sans que cela soit abscond. La lecture est agréable et instructive. le livre est très richement illustré. et c'est d'ailleurs le seul regret de cette collection les illustrations ne peuvent être vues en très grand.
LE livre à lire pour s'intéresser à Fernand Leger.
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A une époque où le voyage transatlantique n'est pas si fréquent pour les artistes européens, Leger fait trois long séjours aux Etats Unis avant d'y trouver l'exil, pendant la guerre. Il compte parmi les artistes qui pressentent et amorcent le développement vers l'ouest du centre de gravité de la création. Son œuvre suscite sur place un grand intérêt auprès des artistes, des collectionneurs et des directeurs d'institutions américains. il est étudié, acheté, exposé, comme au Museum of modern art en 1935.
La frontalité et la monumentalité des figures de Leger, l'impossibilité de leurs traits stéréotypés pouvaient dire l'anonymat de la civilisation moderne, sa dureté sans concession, mais pouvaient aussi caractérisé le hiératisme inhérent à tout classicisme. l'artiste revendiquait lui même ce fond de classicisme dans sa démarche, en insistant notamment sur les qualités de conception et sur le caractère réfléchi et contrôlé de son art, placé sous le primat du dessin.
Comme Delaunay, Fernand Leger s'appuie donc sur la notion de contraste pour bâtir son langage de peintre. mais il la sépare du sens étroit qu'elle revêt dans la théorie des couleurs - le "contraste simulé" de son ami - pour en généraliser l'application à tous les constituants de l'art pictural: plans, lignes, formes, couleurs. "J'oppose des courbes et des droites, des surfaces plates à des formes modelées, des tons purs à des gris nuancés", expliquera-t-il.
Fernand Léger a très tôt déclaré l'ambition qui allait diriger l'ensemble de sa carrière d'artiste: créer l'art de son époque, créer en accord avec ce qu'elle peut offrir de plus neuf et de plus moderne. or l'époque moderne, selon lui, n'est plus à la "mélodie impressionniste", mais à l'affrontement des forces industrielles et au conflit des hommes et des choses sur un théâtre d'opérations violemment modifié par la vie urbaine et l'irruption des machines.
Il en va donc de la survie de la peinture qu'elle tiennent compte à travers ses propres opérations des valeurs nouvelles que la machine et ses produits imposent : l'exactitude et la précision, le fini et le poli, la raison géométrique sous jacente. la peinture surmontera le risque d'obsolescence qui la guerre à la seule condition que l'on puisse l'évaluer selon les même critères que les produits de l'industrie.