Les soeurs Becker, si différentes que tous les sépare jusqu'à leurs parents qui préfèrent l'une à l'autre: Avril lumineuse, extravertie, mariée et mère de 2 petites filles, Sarah, rebelle et soumise, artiste copiste en mal d'assurance et pourtant si sensible si talentueuse. Avril apprend qu'elle a une leucémie, Sarah est la seule compatible pour la greffe et devra décider si elle accepte de donner de sa moelle à sa soeur.
À priori cela semble un livre banal pour un sujet certes tragique mais déjà tellement traité qu'il en est devenu banal. Seulement voilà il y a deux autres personnages à cette histoire : le sang et Victor qui écrit sur le sang. le résultat? Deux livres en un et un livre en deux parties. J'avoue, qu'au début de ma lecture mon opinion était plutôt négative. Je voyais entre mes mains un livre savant, bien écrit mais dont la sophistication paraissait si arrangée qu'elle déshumanisait le propos et empêchait d'éprouver de l'empathie pour les personnages. L'utilisation constante des prénoms : Sarah fait ceci, Avril pense cela, l'homme était ainsi etc. tendait à m'exclure de l'histoire sans même me faire sentir voyeur à cause de la distance que ce procédé artificiellement crée.
Et puis on arrive à la deuxième partie celle qui concerne l'épanouissement de Sarah. Le style d'écriture change alors: finalement on colle au sujet, on vibre mieux et on sort de cette lecture assez satisfaite.
Premier roman.
À lire
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Voilà un premier roman tout à fait réussi, prenant, bien écrit et qui illustre à quel point la vie peut nous entraîner à laisser être ce qui bouge en soi. On aime la fragilité de Sarah et la descente au puits de la vérité d'Avril, les deux soeurs ennemies que la vie bouscule pour mieux les pétrir et les révéler à elles-mêmes. Les mots portent, l'histoire est touchante et se lit presque d'une seule traite tant on est emportés par la fougue des mots et leur pouvoir singulier. Ce roman nous réconcilie avec ces dissonances que l'on rencontre parfois avec les êtres que l'on côtoie. J'ai beaucoup aimé.
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Chaque fois, Sarah savoure ce moment d’intimité avec les toiles, cet instant où elles deviennent siennes, vivantes à ses côtés. Avec son appareil photo, elle les mitraille pour les capturer. Des centaines d’images pour retrouver chaque détail intime de la peinture. Les proportions, l’exacte disposition des objets et des corps dans l’espace : chaque subtilité doit être recueillie. Elle examine de près la composition des couleurs et touche la toile de ses doigts gantés dans un geste sacrilège.
Sarah s’était d’abord durcie, touchée dans son orgueil, mais le réflexe protecteur avait vite cédé à l’appel de la curiosité. Le premier homme à s’intéresser vraiment à une femme lui ouvre un pays de désir. Il éveille son amour-propre, fait apparaître chez elle des merveilles cachées.
Il faut s’accorder avec l’instinct du peintre, sentir son souffle dans notre cou, le laisser prendre notre main et guider le mouvement du pinceau.
On ne parvient à l’harmonie qu’à force d’observer longuement l’image, son mouvement, sa danse, jusqu’à s’y abîmer.
La souffrance n’ennoblit pas les mauvaises âmes, pas plus qu’elle n’adoucit les êtres amers.