Buster Mix est une oeuvre inachevée de bande dessinée. C'est assez étrange de passer d'une planche en crayonné à une planche aboutie et colorisée, mais ici, l'ensemble s'articule plutôt bien et ce côté inachevé donne un goût mystérieux et un peu fou à l'ensemble à tel point que ça en devient un atout et une force. C'est une histoire de cowboy complètement fantastique, dans un univers onirique qui n'est pas sans rappeler Little Nemo de Winsor McKay. Buster chevauche un cheval de bois, le saloon est la tête d'un dragon, et Buster prend des positions de tir comme au cinéma et sort son banjo du corps de son cheval pour chanter “I'm a poor lonesome cowboy”. Buster est un rêve d'enfant, un fantasme de l'héroïsme, ou une simple recherche graphique crayonnée. L'histoire est une suite de petites saynètes, de petits récits écrits en laissant l'inspiration vagabonder, comme dans un jeu d'enfant. On y rencontre la lune, la mère de Buster réincarnée dans un mouton ou un serpent, une jolie fille qui attend qu'on lui allume sa cigarette un dragon-saloon… On est dans un jeu surréaliste, entre écriture automatique et onirisme absurde. le graphisme est dans la même veine, laissant venir l'imagination comme elle vient, la colorisation est naturelle, faite avec des moyens classiques, sur un papier dont on sent la trame, c'est tactile, sensible et un peu éthéré, toujours un peu flou et brut, avec des forme arrondies, des courbes souples. le côté inachevé donne un impression de spontanéité, d'instants de l'imagination attrapés en plein vol, l'histoire semble s'écrire en même temps qu'on la lit, c'est une expérience unique. Sans le côté inachevé, peut-être qu'on aurait pas eu une oeuvre aussi aboutie et aussi originale. Bravo aussi à l'audace des éditeurs.
Tout ça nous fait voyager dans un rêve d'enfant, merveilleux.
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