Petit éloge amoureux des cinémas

À part les films, mon passé se perd dans une brume.

Rien que pour l'année 1972, tiens : "Le Parrain", "Cabaret", "Le Limier", "César et Rosalie", "Cris et Chuchotements", "Frenzy", "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".
Ça n'est pas tout : "Délivrance", "L'Attentat", "Un flic", "Le Dernier Tango à Paris", "Nous ne vieillirons pas ensemble", "French Connection", "Le Professeur", "L'Amour l'après-midi".
Qu'on nous permette de reprendre souffle cinq secondes. Voilà : "Un frisson dans la nuit", L'aventure c'est l'aventure, Jeremiah Johnson, "Les Chiens de paille", "Une belle fille comme moi", "Orange mécanique", "Le Grand Blond avec une chaussure noire", "De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites". Ouf. Cela donne le vertige. Il y a probablement des oublis. Quelqu'un aura-t-il l'inconscience de récapituler la production de 2022 ? On risque de rigoler. Il vaut mieux. (p.49-50)

Face à l'ennui provincial, deux échappatoires s'affrontent : la révolte ou la rêverie. La seconde avait notre faveur. Nous frissonnions dans l'ombre. Les films étaient les chefs-lieux de notre imagination. La nuit était complice. Elle nous baignait de mélancolie radieuse. Chut. D'un instant à l'autre, le rêve va embraser ce rectangle blanc. Nous sommes tout bonnement au paradis. Nous aurions mieux fait d'en garder l'adresse secrète. (p.45)