Qui a déjà lu une aventure du Grand Maître, ce génie du mal aux cent visages et aux mille noms, en lutte contre son ennemi juré, l'agent du Deuxième Bureau Daniel Marsant, se doute que «
La capture du Grand Maître » indique probablement qu'il s'agit là du dernier épisode de la série.
Et ce lecteur (ou lectrice) n'aura pas tort, car il ou elle aura raison.
Effectivement, «
La capture du Grand Maître » un fascicule de 64 pages publié en 1940 dans la collection « Police et Mystère » des éditions Ferenczi et signé
Claude Ascain, est bien la dernière aventure des dix-sept qui forment la saga et la lutte entre les deux antagonistes.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas ces personnages, il est utile de préciser que l'auteur s'est quelque peu inspiré de Fantomas et de l'inspecteur Juve pour reprendre, dans l'esprit, la lutte entre ces deux personnages connus de tous.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas
Claude Ascain, il est utile de préciser que, derrière ce pseudonyme, se cache l'auteur
Henry Musnik (1895 - 1957) qui, bien que né au Chili, fut l'un des principaux pourvoyeurs des collections fasciculaires à partir de 1930.
Sa production est telle qu'on ne peut en établir une liste réellement exhaustive, d'autant que ses pseudonymes étaient tellement nombreux (
Claude Ascain,
Jean Daye,
Pierre Olasso, Pierre Dennys, Christian Dee, Paul Braydunes,
Gérard Dixe et bien d'autres encore) qu'à chaque pseudonyme signant un fascicule entre 1930 et 1957 et dont on n'arrive pas à identifier l'auteur, on a tendance à se demander s'il ne s'agit pas là encore d'un pseudonyme de Musnik.
Mais, il faut avouer que son immense production est en partie due, également, par sa malice qui consistait à reprendre ses textes, à changer les noms des personnages, à signer d'un autre pseudonyme et à le proposer à un autre éditeur.
Malgré tout, la quantité de textes originaux est remarquable d'autant qu'
Henry Musnik écrivait également pour des journaux (sportifs, entre autres)…
L'aventure du Grand Maître débute donc en janvier 1939 avec le titre « L'invisible Grand Maître » et se conclut donc avec «
La capture du Grand Maître » presque un an et demi plus tard, en mai 1940.
Écrites avant le début de la Seconde Guerre mondiale, puis durant le début du conflit, les aventures tournent souvent autour de faits d'espionnages et d'armes destructrices que le Grand Maître cherche à livrer à l'ennemi.
Ce sera une nouvelle fois le cas dans cet ultime épisode.
L'interception d'un message envoyé depuis les États-Unis par un affilié du Grand Maître a mis Daniel Marsant sur la piste du destinataire du message, un certain Vauxhall, un vieil entomologiste extravagant.
Mais, quand Marsant arrive en Angleterre et s'adjoint l'aide de son ami le détective
John Armstrong, il apprend que le savant a disparu.
Et, dans l'équation entre un curieux personnage, cousin du disparu, venant de New York et qui semble suspect aux yeux d'Armstrong, chargé de se renseigner sur Vauxhall.
Ennemi, ami ? Ce cousin Morton n'est en tous cas pas le seul à s'intéresser au savant…
On retrouve donc dans ce dernier épisode les mêmes ingrédients que dans les précédents avec une narration similaire.
Premier chapitre contant un mystère ou un crime.
Intervention de Daniel Marsant qui sent la présence du Grand Maître dans toute cette affaire.
Enquête. Combats. Fuite.
Ultime chapitre où Daniel Marsant explique comment il a tout compris.
Sauf, qu'ici, point de fuite.
D'ailleurs, dans cet ultime épisode, le Grand Maître apparaît très tardivement et finalement très peu, ce qui n'est pas rendre hommage au personnage du Grand Méchant de la série.
Mais, bref, volonté de l'auteur de changer de personnages, sachant que Daniel Marsant et le Grand Maître, dans la collection « Police et Mystère », prenaient la succession de Jack Desly, un personnage de cambrioleur créé par Musnik, je ne sais pas.
Toujours est-il que l'auteur décide de mettre un terme définitif à sa série, une des nombreuses qu'il aura menées, souvent à partir de personnages inspirés de héros de la littérature populaire tel Arsène Lupin, Fantômas ou Maigret…
Rien de neuf, donc, si ce n'est cette fin.
Le noeud de l'intrigue peut paraître un peu naïf à notre époque, mais il faut se replacer dans le contexte des années 1940.
Pour le reste, un combat final qui s'instaure en combat final (lisez le titre pour me comprendre) et qui clôt une série qui n'est pas ma préférée de l'auteur (je préfère celles de Jack Desly ou encore de Mandragore), mais qui se lit plaisamment et rapidement.
Au final, une conclusion à la série qui respecte la forme et le fond des épisodes la composant et qui se lit de la même façon, vite et bien.