Monsieur Élan aime raconter chaque soir après le dîner (Comment? Que dites vous, jeunes lecteurs? Non, ll n'y a pas la tv dans les bois et dans cette histoire. Bref, il aime raconter...) et vient alors un jour où il aura fait le tour de ses aventures favorites, que tout le monde connait par coeur (sa famille). Mince...
Pas moyen d'en emprunter à ses voisins comme on emprunte du sucre pour dépanner, car personne (les animaux) ne possède de livre et surtout ne sait lire. Ah, ça?
Ils donneront l'impression de s'en être bien passé jusqu'à présent et notre Élan va pourtant changer la donne, faire goûter aux récits d'aventures et le doux virus va prendre...
Il prendra tant et si bien qu'Élan devra s'alimenter en conséquence. Chaque jour, depuis qu'il aura découvert à la ville la bibliothèque et que ses voisins de plus en plus nombreux viendront pour l'écouter raconter.
On aime cet élan de convivialité très présent dans cette histoire d'Inga Moore. La générosité du plaisir partagé autour d'un livre (cela se mesure à un public qui revient, à un autre nouveau et à une maison bientôt pleine à craquer chaque soir).
Comment faire pour satisfaire toute la demande, ne jamais tarir sur les propositions?
On aime, on aime. On aime le graphisme de l'auteur, un peu dans la veine anglaise d'
Helen Oxenbury ( "Popi", "
La chasse à l'Ours"...) qui donneront un supplément de tendresse à des animaux assez réalistes.
On aimera tous ses personnages, à l'écoute, volontaires, captifs, collés les uns aux autres comme autour d'un bon feu, en famille sur leurs siège.
Quelle belle ode à la joie de lire et au plaisir de raconter !
Clic clac crac, notre Élan ne voudra pas décevoir ou simplement que l'engoûment nouveau qui aura réveillé le lieu s'affaisse, il fabriquera son "Bibliobus", un nouveau lieu pour réunir et recevoir ses écouteurs d'histoires, grands et petits.
C'est bien vu, le personnage ne se contentera pas d'être le détenteur du savoir, il fabriquera "des clefs" pour que chacun soit libre de pouvoir s'évader sans lui dans les livres: il va leur apprendre à lire.
Tout est chouette dans l'intention!
Cette histoire pourra faire une excellente promotion auprès des familles pour qu'elles trouvent leur intérêt à venir emprunter ou partager des " Heures du conte" avec les autres.
Pour
le bibliobus loin de la civilisation dans les bois, avec les animaux qui ne savaient pas lire, nous penserons aux publics éloignés et empêchés, loin des bibliothèques, parce qu'ils sont géographiquement trop loin ou bien parce que des carences en lecture les forceront à ne pas emprunter le chemin dans cette direction.
Notre Monsieur Elan jouera les médiateurs culturels sans l'avoir prévu.
Comme les églises, les cafés, dans les petits lieux, les salles d'attente des médecins, les bibliothèques servent aussi à cela, apporter de la vie à des lieux créant de l'animation, en offrant une mission essentielle, en faisant sortir les habitants de chez eux pour une belle communion.