AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,63

sur 1867 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les lettres persanes se lisent comme un roman épistolaire, même si le propos a des ambitions philosophiques et sociologiques
Usbek et Rica quittent la Perse pour découvrir l'Europe, et font par de leurs impressions dans ces écrits qu'ils adressent aux amis qu'ils auront croisés au cours d é leur périple mais aussi à des correspondants restés en Perse.
La naïveté avec laquelle ils décrivent les moeurs des pays traversés (et surtout la France) donne un ton léger à ce qui est pourtant une critique acerbe des us et coutumes locaux. (Montesquieu est aux Pays-Bas lorsqu'il rédige l'ouvrage, qu'il ne signe pas). C'est aussi un atout pour le lecteur que cet humour satirique.
Tout y passe : la mode, la religion, le mariage, la monogamie, le verbiage des érudits, mais aussi la monarchie, l'esprit des lois, la justice la presse quotidienne naissante et l'opportunisme des courtisans.
Si Montesquieu donne la parole à un musulman fidèle à sa religion, il n'hésite par cependant à faire part de ses doutes sur certaines pratiques (les interdits alimentaires notamment ). Mais l'occasion est belle aussi pour exprimer ses doutes quant aux fondements du christianisme et aux légendes qu'il colporte.

Les lettres couvrent une période de neuf ans et l'absence d'Usbek prolongée au sérail a des conséquences dramatiques : il perd ses épouses. le voyage a profondément transformé l'homme qui se sent contraint de retourner au pays.

Belle incursion au coeur du 18ème siècle, sous une forme accessible et plaisante ( qui demande cependant un peu d'attention, car le style d'écriture, le vocabulaire et les références sont d'époque, même si les adaptations les plus récentes facilitent la tâche).


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          900
Comme si j'n'existais pas
Elle est passée à côté de moi
Sans un regard, reine de Saba
J'ai dit Aïcha, prends, tout est pour toi

ça se termine dramatiquement, dans le sang, au sérail d'Usbek, qui est à Paris. Loin des yeux, loin du coeur ?
Les lettres persanes est/sont un roman philosophico-politique épistolaire. Usbek abandonne son sérail d'Ispahan à son grand eunnuque noir, et part plusieurs années pour Paris avec son ami Rica.
Ce qui les frappe d'entrée, ce sont les Parisiennes, libres, pas voilées, qui vont où elles veulent, qui disent ce qu'elles veulent.
Après, selon les lettres et la sensibilité des deux amis, ceux-ci ( le baron de Montesquieu) abordent divers sujets, religieux, politiques et sociaux.
Louis XIV, les jésuites et Dieu ( convention humaine) en prennent pour leur grade ; la justice et les lois aussi, mais surtout l'étroitesse d'esprit des magistrats et de ceux qui font les lois. Depuis Les lettres persanes ( 1721), on voit pointer le traité politico-philosophique " de l'Esprit des lois"(1748).
.
La forme épistolaire permet à Montesquieu une critique déguisée sous forme de deux étrangers qui s'envoient des lettres, entre eux mais aussi en Perse, de critiquer indirectement le système français.
Par exemple, quand Montesquieu croit percevoir un abaissement de la démographie. Il explique cela d'une façon intéressante.
Pour l'auteur, le système romain ( mariages-divorces) était meilleur ; ici, une femme qui n'aime pas son mari ne peut divorcer ; d'autre part, il y a trop d'ecclésiastiques ( qui ne font pas d'enfants) ; quand au système musulman des harems, le nombre d'eunnuques empêche, selon lui, l'augmentation des naissances.
Après une descente aux enfers de l'incompétence des médecins, l'auteur trouve une solution aux problèmes d'insomnies : des décoctions à base de tisanes de feuilles philosophiques saoûlantes, de harangues ou de sermons !
Il fait une belle analyse de chacun des pays d'Europe, relevant d'une phrase les points forts et faibles de chacun !

Puis le lecteur "souffle", se distrait quand Zalema imagine un sérail inversé où une femme aurait plein d'hommes !
Enfin, John Law passe au tribunal montesquien : c'est un infâme ministre ( oui, j'ai vérifié, cet Ecossais a été ministre français), qui donne le mauvais exemple avec ses billets, bouleverse l'ordre établi sous la régence, et l'on s'aperçoit que des débiteurs tuent alors leurs créanciers ( vrai/faux?)
.
J'ai été lent à le lire, ce livre est soporifique pour moi, comme les sermons de la décoction montesquieuse ; en plus je n'aime pas les romans épistolaires, car même si je rentre dans le coeur des personnages, je suis perdu car j'aime suivre un fil rouge. Là, on passe du coq à l'âne. Chez mon Friedrich aussi, mais lui, je l'aime, c'est différent, j'ai une profonde amitié pour mon moustachu souffrant de l'humain trop humain, tout comme pour mon Stefan en crise ( L'homme cardinal est, lui aussi, une révolte)
.
ici, Charles Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu, par les yeux perçants de nos deux Persans, semble faire un froid bilan de la France de Louis XIV, qui abaisse les nobles, et de Philippe II, duc d'Orléans, qui se fait piéger par un financier étranger.
Cependant, c'est brillant ! le style est clair, malgré de rares passages obscurs, et comme mon Friedrich, Charles Louis ( n'est ce pas ; tu-vas-bien ?) Charles Louis donc, sait faire de petites phrases qui illuminent ce roman épisolaire :)
Commenter  J’apprécie          377
Véritablement transportée par l'ensemble des échanges de nos deux protagonistes et de leurs amis.

La qualité des réflexions nous renvoie inévitablement à notre société actuelle. L'humour piquant employé dans certaines lettres permet de confronter les différences de civilisation entre l'Europe et l'Orient. le concept est très moderne. Montesquieu aurait bien pu écrire ce livre au XXIème siècle. C'est ce qui m'a le plus frappé.

Un regard très critique mais assez juste qui retranscrit parfaitement le mode de vie et de pensée des occidentaux et plus particulièrement des français dans le contexte européens. Personne n'est oublié (sourire).

Il est bien dommage qu'au lycée ce livre ne soit traité que par extraits, car la lecture entière de l'ouvrage apporte toute sa force et sa logique. Un travail méticuleux de Montesquieu qui aboutit sur une oeuvre magnifique.

Sans le challenge "Le siècle des Lumières" initié par Parthenia je serais passé à côté du "livre qu'il faut avoir lu". Merci
Commenter  J’apprécie          351
Lecture scolaire.
Voilà, on sait déjà que ce n'est pas un livre que j'ai choisi, que je n'ai pas parcouru les rayons de la bibliothèque pour le trouver, que je n'ai pas dépensé mon argent de bon coeur après l'avoir choisi à la librairie, que je ne l'ai pas rangé religieusement dans le tiroir de ma table de nuit une fois rentrée, et que je n'ai pas non plus attendu impatiemment de le lire. Et puis, j'ai 16 ans, une crise d'adolescence à faire, des parents contre qui me rebeller, des profs à contester, alors forcément, tout ce qui est imposé, je n'aime pas trop, question de principe. Mais d'un autre côté, les livres, c'est mon carburant, et les Lettres Persanes, c'est un classique littéraire, pas vrai? Soit, Montesquieu, je ferai un effort pour toi.
Pour toi, je dépenserai 3,20€, j'écouterai les discours interminables de ma prof de Français sur ton cher -et je cite- "regard éloigné, étranger, distancié, naïf ou plutôt dirais-je faussement naïf", je l'écouterai décortiquer bon nombre de tes lettres mot par mot, procédé par procédé, figure de style par figure de style...
Et comme je ne suis qu'une sale gamine insolente, laisse-moi te dire, mon cher Montesquieu, que parfois c'est trop long, d'accord, parfois une phrase suffirait au lieu d'une lettre, parfois tu en fais un peu trop.
Ah, mais je voulais aussi te dire, j'ai bien aimé cette lettre dans laquelle tu invitais les femmes à se libérer, et aussi celles, dont la 24 fait partie, où tu en mets plein la face au roi, ça lui fera pas de mal, et il y a ces moments où tu critiques la religion et là je suis bien d'accord avec toi, non mais, ça va massacrer des enfants au nom de Dieu et ça ne sait même pas qu'à la base Dieu répand l'amour!
Et mine de rien, quand j'écoute ma prof parler, je me rend compte que 1721, -tu sais, l'année de tes Lettres Persanes- c'était quand même il y a un bout de temps, et même si on a un peu avancé depuis (tu serais fier de nous!), je peux te dire que c'est affolant comme ton oeuvre est encore d'actualité. Alors je me dis que c'est quand même fort, qu'un drôle de bonhomme comme toi, avec ses phrases tordues et suintant l'ancien français, aie pu traverser les époques de la sorte, pour être encore crédible aujourd'hui.
Finalement, je pousserai mon arrogance jusqu'à te dire : bravo.
Et puis surtout : merci.
Commenter  J’apprécie          320
Je ne suis pas forcément un adepte des romans épistolaires, mais ces "Lettres persanes" sont probablement mes préférées dans le genre. Je suis tombé sous le charme de ce livre de Montesquieu dès la première lecture. le ton satirique légèrement camouflé sous le vernis du voyage initiatique est merveilleusement bien dosé par l'auteur, qui se permet par ailleurs des analyses intéressantes et comiques sur les moeurs de son temps : qu'elles soient d'ordre politique, social ou religieux.


Une critique acerbe et intelligente qui sait également se comporter comme un roman relaxant et divertissant : difficile de faire mieux de nos jours, non ?! Voilà pourquoi je considère ces "Lettres persanes" comme un classique indubitable de la littérature française.
Commenter  J’apprécie          170
Usbek, un riche noble persan, quitte Ispahan à la recherche de connaissances, en plus de la culture orientale, avec l'idée qu'il faut aussi connaître l'Occident. Il est accompagné de son ami Rica, dans un long voyage à Paris, après avoir laissé ses cinq femmes aux soins de plusieurs eunuques. En entretenant, lors du voyage et du séjour prolongé à Paris (1712-1720), une correspondance avec des amis rencontrés dans les pays traversés, il dresse un regard faussement naïf sur les moeurs, les conditions et la vie de la société française au XVIIIe siècle, politique en particulier, se terminant par une satire cinglante du système de droit.

Montesquieu utilise une perspective étrangère pour mettre en lumière la culture et les systèmes politiques occidentaux, profitant de cette perspective pour tisser une critique bidirectionnelle, des Français et des Perses, des positions libérales et conservatrices.

A Paris, les Perses dressent un portrait de la société française de l'époque, commentant les sujets les plus divers. La différence de tempérament entre les deux amis est notable, Usbek étant plus instruit et posé beaucoup de questions, tandis que Rica est moins impliqué, plus libre et plus attiré par la vie parisienne.

Les Perses notent le rôle des parlements, des tribunaux et des organisations religieuses. Ils décrivent une culture florissante, la prolifération des imprimés. le café - où se déroulent des débats, du théâtre et de l'opéra. La presse périodique commence à jouer un rôle dans la vie quotidienne. Des institutions (universités, Académie française, sciences) et des groupes sociaux sont également décrits.

Il existe également une étude intéressante sur les religions comparées, dans laquelle Usbek tente de comprendre le christianisme à la lumière de l'islam, ainsi qu'une critique cinglante du dogme religieux.

L'action se déroule dans les dernières années du règne de Louis XIV, décrit satiriquement comme un « grand magicien » qui maintient ses sujets sous l'illusion. Critiquant sévèrement le pouvoir absolu des monarques, qu'il prétend maintenir comme représentants de Dieu sur terre.

Le décor exotique est dû à l'énorme succès de la première traduction dans une langue européenne, le français, des Mille et Une Nuits, réalisée par Antoine Galland.
Commenter  J’apprécie          121
Plongée dans ce recueil aux morceaux choisis pour une étude scolaire, je me délecte des bons mots de Montesquieu!

Je prends plaisir à me faire lecture à voix haute!!! Je redécouvre ainsi ces textes aux propos si actuels, aux remarques pleines de bon sens sur la société, la nature humaine… Je suis bien contente que Montesquieu ait pensé au subterfuge de lettres trouvées pour faire publier son oeuvre… Quelle langue savoureuse ! Mais il est bien dommage que certains aspects soient toujours le reflet de notre société… Bien souvent, je me suis surprise à répondre tout haut : "Cest vrai!" Mais sa subtilité et son ironie m'ont bien amusée, j'ai passé un très bon moment en la compagnie de Montesquieu

A (re)lire de toute urgence! Mais à dose homéopathique, par petites touches, pour faire durer le plaisir...
Commenter  J’apprécie          120
En utilisant des protagonistes étrangers, Usbek et Rica, Montesquieu justifie ainsi ses critiques de la societé française.

C'est aussi le moyen pour lui de présenter, au travers des réflexions de ses personnages confrontés à deux mondes culturellement opposés, ses idées politiques. Dans l'édition que j'ai lue, il y a une préface de Laurent Versini qui est très intéressante. Elle explique notamment pourquoi Montesquieu a choisi de présenter certaines sociétés et leurs formes de gouvernement (l'Angleterre, Rome, etc.) et pas d'autres, et démontre également que la thèse germaniste, à laquelle Montesquieu adhère, commence alors à prendre de l'importance.

Ce roman met en avant l'individu : comment être heureux, justifier son existence, sans toutefois nuire à son prochain ? Il base sa réponse sur deux principes essentiels : la justice et la tolérance. Grâce au regard d'Usbek ou Rica, il montre à quel point les sociétés peuvent être ridicules dans de petits détails quand ces valeurs sont universellement partagées et reconnues. Individualité également parce que Montesquieu montre qu'il peut apprécier une entité ou une personne tout en méprisant un ensemble. Par exemple, il croit en Dieu mais dénigre le clergé.

Lecture fluide et agréable : on passe sans peine d'une lettre à l'autre !
Commenter  J’apprécie          110
Cette oeuvre majeure, publiée anonymement à l'origine car le risque de se dévoiler était évident, (les Louis n'appréciaient pas trop la critique) est la façon la plus simple d'aborder Montesquieu. L'emploi de commentateurs étrangers sous couvert d'échanges épistolaires étaient encore assez neufs et permettait une liberté de ton pas si fréquente (étonnement du candide). C'est parfois drôle ce qui ne gâche rien et renforce la vision philosophique et politique de l'auteur.
C'est très agréable à lire et, en étant attentif, on y découvre des petites flèches empoisonnées et des commentaires assez corrosifs.
Commenter  J’apprécie          110
Après avoir longtemps renié la paternité des lettres qui composent cette oeuvre et avoir prétendu en être le simple compilateur, on sait aujourd'hui qui en est l'auteur.
Pour contourner la censure, Montesquieu utilise le regard que des étrangers portent sur Versailles, le Prince et sa cour. Ce n'est donc pas lui qui se moque ou qui critique mais c'est le regard neuf et étonné des étrangers sur les moeurs occidentales et principalement françaises qui immunise l'auteur contre toute censure.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (9240) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11244 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}