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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Je l'emmenais au bois de Boulogne les jours de beau temps. L'autobus, les lacs, les barques, le Chalet des îles avec le golf miniature….. La plupart du temps, au cours de nos marches à travers Paris ou pendant les trajets en autobus, nous ne parlions pas. le silence entre nous était un lien beaucoup plus fort que les paroles. Nous étions comme ceux qui marchent côte à côte sans rien se dire mais toujours sur le chemin des écoliers. »

Ouvrir un livre de Modiano, c'est, pour moi, retrouver la douce sensation que me procurent les bras rassurants d'un fauteuil club dont le moelleux me donne le sentiment d'être préservée, comme dans une bulle, de tout ce qui nous entoure de violent. Les silences qui s'échappent de l'écriture, la nostalgie d'un Paris passéiste, les souvenirs nichés au plus profond de mon moi intime, participent à cette envolée onirique. Et dans la lecture de la Danseuse, je suis tout à fait dans mon élément, la légèreté, la grâce, le travail jusqu'à obtenir la perfection d'un mouvement, maintes fois répétés. « Casse le coude, grand jeté, battement tendu, première, troisième, saut de biche…. ».

L'écriture aussi est dépouillée, élaguée, un travail colossal pour rendre le style aérien, c'est très beau mais je capte de la tendresse dans ses écrits, est-ce ma tendresse ou bien est-ce celle de Patoche pour ses personnages ! A vrai dire, je n'en sais rien, nous ne faisons plus qu'un ! Quatre vingt quinze pages, des chapitres courts, et pourtant je suis emportée sur le fil ténue qui se tisse entre lumière et pénombre, il y a quelque chose de mystique qui s'opère sous mes yeux : la légèreté de la danseuse me contamine, je deviens funambule avec Patoche.

Modiano m'entraîne dans le dédale de sa mémoire. Comme à l'accoutumée, je fais connaissance avec la danseuse qu'il a rencontrée à ses tout débuts, au temps où il cherchait son chemin, où il se cherchait.

Il avance, longe les quais de la Seine qui sont ses points de repère, bien ancrés dans la réalité. Il se tient aux confins de ses réminiscences et par instant, une bulle de lumière éclate dans la pénombre de sa mémoire. Les rues, le quartier de la porte de Champerret, le studio Wacker, le grand Kniassef, le monde interlope de Modiano surgissent parfois au coin d'une rue, devant un immeuble, à une terrasse de café. Tout n'est pas sans danger dans ce Paris, il y a aussi ces individus vaguement évoqués mais que l'on devine dangereux comme les frères Barise que fuit la danseuse et qui la guette chaque fois qu'elle prend le train qui la transporte depuis Saint-Leu-La-Forêt.

J'aime ce Paris en noir et blanc, je m'y transporte en sa compagnie. Que c'est doux de se promener en sa compagnie, rien ne vient interrompre notre balade si ce n'est qu'un éclat de lumière tamisée de temps à autre et pourtant au fil de ses livres, une histoire se raconte. Ici, je tiens la main du Petit Pierre, le fils de la danseuse que Modiano garde de temps en temps, encore un enfant dont les parents s'occupent de loin. Je suis sous le charme de tous ses spectres, rien n'est anodin chez Modiano, je regarde Petit Pierre effectuer ses puzzles et je savoure ce temps passé en compagnie de Patoche. Il me faut revenir dans ce monde d'aujourd'hui !

« A le voir marcher de dos, il lui semblait que Knassief était si léger que ses pieds touchaient à peine le sol. C'était cela la danse, avait-il l'habitude de dire à ses élèves. Tant de travail pour donner l'illusion que l'on s'envole sans effort à quelques mètres du sol ».

« Si tu continues comme ça, tu seras aussi bonne que Chauviré….. »

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D'où vient ce charme indéfinissable qu'on ressent systématiquement en refermant un livre de Patrick Modiano ?

Ce n'est pourtant pas l'histoire qui nous retient. Ici un souvenir ancien du narrateur, des bribes de souvenir d'un passé en partie enfoui, un quartier de Paris près de la Porte de Champerret où se retrouvaient un petit groupe de gens passionnés par la danse. Il y a là justement « la danseuse », une femme mystérieuse et flamboyante, dotée d'un fils, Pierre, mais dont le père est absent.

Il y a toujours des zones d'ombres chez Modiano. A l'image de la mémoire qui laisse des trous parfois béants dans les souvenirs du passé, le récit n'explique pas tout. Que fait le narrateur ? de quoi vit-il ? Comment s'est-il inscrit dans la vie de la danseuse, en s'occupant du petit Pierre, et en la raccompagnant, le soir, le long des grands boulevards ?

Et puis il y a des noms qui font rêver : studio Wacker, Boris Kniasseff, Verzini, Ronnie, Félix Blaska , la Boîte à magie, Pola Hubersen, Marpessa Dawn, rue Coustou, Chauviré, Hovine, Barise, rue Chauveau-Lagarde, Jean-Pierre Bonnefous, Lionel Roc, Tious, Peggy Sage, Saint-Leu la Forêt, l'église de Saint-Jean-des-Briques ….

Plonger dans un livre de Modiano, c'est faire un rêve au petit matin, être entre deux eaux, la fiction et le réel, suivre son récit comme on écoute une musique douce et nostalgique.

On peut désormais dire qu'il y a un style « modianesque », reconnaissable entre mille, qui nous embarque dès la première page. L'auteur se moque de la modernité, il ne passe des modes, et nous parle d'un temps sans Internet ni téléphone portable. Une impression d'un film en noir et blanc, dans un Paris d'après-guerre que Modiano nous ressuscite au fil des pages.

« La danseuse », c'est une plongée dans le monde d'autrefois, c'est ouvrir un album photo et voir défiler des visages inconnus, c'est mettre un disque de jazz en sourdine et se laisser bercer.

C'est du charme à l'état pur.
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Ce roman est pour moi une halte dans cette course de la rentrée...

Au hasard d'une rue bondée de touristes, dans un Paris qu'il ne reconnaît plus, Modiano semble reconnaître un homme.
Cette rencontre fait ressurgir les souvenirs d'une époque, où jeune écrivain, il se posait maintes questions.( En a-t-il, un jour, trouvé les réponses ?)
Alors qu'il a l'impression d'être perdu il rencontre une danseuse, LA danseuse.

Je me trompe peut-être mais j'ai vu la vie de la danseuse, comme une réponse à celle de Modiano. La danse est précise, elle demande "un travail intense pour dénouer les noeuds et atteindre la légèreté"
Un travail certainement semblable à celui que, lui jeune écrivain, devra un jour se décider à fournir. Peut-être pour dénouer ses questions.

Tout semble flou, les visages, les lieux, les bribes de souvenirs. Rien ne s'assemble correctement. Sauf l'image de Pierre, l'enfant de la danseuse, avec qui Modiano passe beaucoup de temps pour pallier les absences de sa mère.

La danseuse était-elle "brune? Non. Plutôt châtain avec des yeux noirs". Par contre ce qui ressurgit précisément c'est ce qui émanait de la danse . " Incandescence, béatitude, ravissement, extase..."

Cette lecture est une errance dans les souvenirs.

Quel style !comme par exemple cette façon si délicate de suggérer une scène d'amour.

" Maintenant, ils étaient seuls tous les deux dans la chambre, et au bout de quelques instants elle avait de nouveau cette sensation, comme l'autre jour au studio Walker, de danser avec lui à la même cadence, en parfaite harmonie...Et bientôt des éclats de plus en plus forts se succédaient à intervalles de plus en plus courts. Chaque fois, elle éprouvait un vertige qui s'amplifiait à l'infini "

C'est beau !

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On ne saura pas le nom de la danseuse. C"est ainsi qu'elle traverse le dernier Modiano et rejoint le peuple des anonymes qui lui sont chers en incarnant une figure très universelle. Adepte d'une discipline alliant l'extrême rigueur et l'illusion de légèreté la danseuse à l'air de conjuguer élan du corps et quête de perfection du geste en une recherche d'accomplissement de soi qui fait écho aux états d'âmes du narrateur. D'où vient-elle ? D'un entrelac de souvenirs dormants peut-être et d'une vallée l'autre plus sûrement – de Chevreuse à celle de Montmorency ; la danseuse arrive de Saint-Leu-la-Forêt escortée de quelques revenants surgis du passé pour parfaire son art à Paris et a confié son fils Pierre au narrateur/baby-sitter, alors obscur parolier de chanson. Elève fictive du très réel et illustre Boris Kniaseff au studio Wacker (créé en 1923 démoli en 1974), la danseuse est aussi la vivante interprète de la Somnambule de Balanchine, travaille avec la troupe de Félix Blaska ou se mêle à l'occasion à celle du marquis de Cuevas. Comme un leitmotiv ressassé le credo russe de Kniassef, selon lequel le corps doit s'épuiser avant de pouvoir se libérer, porte en lui la nostalgie du maître mais a aussi l'allure du refrain qui passe et repasse ironiquement scandé par le narrateur : « Diagonale, variation, déboulé. Barre à terre/barre au sol. « Casser le coude ». Inlassablement la danseuse répète et l'improbable baby-sitter arrache Pierre à la cantine scolaire qui lui en rappelle d'autres qui furent siennes ou se fond dans le cercle des fréquentations composites de sa mère passé l'entraînement. Opéra, Music-Hall et Grand Boulevards dans la nébuleuse du souvenir d'un quartier de spectacles où l'ombre tutélaire du Palais Garnier jamais cité, n'est jamais très loin.

Un Modiano plutôt rive droite opérant quelques incursions nocturnes rive gauche qui, dans son économie stylistique et sa pudeur habituelles, décline ici un très beau motif de survie par l'art ("atmosphérisé" par l'univers de la danse) en battant une nouvelle fois le rappel de ses débuts hasardeux dans la vie toujours au son du pavé parisien (brutalisé par les hordes de valises à roulettes du temps présent). Un narrateur qui emboîte souvent le pas de la danseuse à sa sortie du Studio Wacker ou du sous-sol du cinéma Rex ; marchant de conserve à travers rues, du quartier de la Madeleine jusqu'à la Porte de Champerret où elle habite. la danseuse est son guide, hors exercices et figures imposées, leur marche accompagnant des images de chorégraphies mémorables ou depuis longtemps oubliées, d'artistes que la scène a immortalisé(e)s dont elle semble perpétuer le talent et dire « l'éternel présent » (Marpessa Dawn, Chauviré ou Maria Tallchieff, première amérindienne à avoir été nommée danseuse étoile à N. Y.). Une danseuse qui somme toute, jusque dans son duo dans le fictif « Train des roses » inventé pour elle avec le non moins fictif partenaire Georges Starass dans les bras duquel enfin elle exulte, a l'air d'offrir en sourdine le miroir de sa vie, entre « erreur de jeunesse » et rêve de danse, au narrateur/auteur qui se déclare un jour gauchement devant elle écrivain (avec certaine forfanterie) et qui du fond de sa mélancolie existentielle et cafardeuse fouille, à travers elle, la genèse de son propre désir d'écriture. Dans les coulisses d'un espace temps purement modianesque où tout passe, s'efface et toujours revient.

« Il y a tant de façons d'entrer en littérature […] ». Encore faut-il y durer.


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Dans La danseuse, les souvenirs s'entremêlent avec subtilité. Entre visages flous du passé et personnages énigmatiques, Patrick Modiano m'a entraînée dans une promenade dans le temps que j'ai trouvée trop courte. du pur Modiano.
Le narrateur se remémore une danseuse qu'il a rencontrée il y a longtemps — on ne saura pas son nom. Autour d'elle, d'autres gens aux visages flous, sauf celui de son fils Pierre. Il croise un homme, de ce temps-là, qui lui dit que non, ce n'est pas lui, il se trompe, mais qui lui donne quand même son numéro téléphone. Pas certain que cet homme a été recommandable. Qu'importe.

Comme d'habitude, on n'aura pas toutes les réponses, celles qui sont essentielles tout de même. Comme d'habitude, je me suis laissée prendre à la musique de Modiano. Comme d'habitude, c'est à la fois brumeux et précis. Et ma seule réserve concerne la longueur du livre, j'aurais bien continué cette promenade dans le temps.

Lien : https://dequoilire.com/la-da..
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Toujours, à lire Modiano, la torpeur me gagne.
Je flotte entre les brumes de vagues souvenirs et d'impressions fugaces.
Je suis ailleurs sur le champ à renouer avec une musique pourtant connue, ritournelle au présent éternel alors que le passé se dérobe et n'a finalement guère d'importance.
Des personnages énigmatiques se croisent, croient se connaître et se parlent.
Ils ne livrent d'eux que la part du pauvre, pièces d'un tableau commencé voici un demi-siècle.
Il y a un narrateur, discret sur ses attentes, respectueux des silences éloquents. Il semble distant mais paraît espérer je ne sais quoi d'inexprimé. Les uns et les autres essaient de mettre de l'ordre dans une vie décousue.
J'ai lu au crépuscule.
Je me suis retenu de lire trop vite un texte court où les mots vous enveloppent, lestés de sédiments d'un lit mouvant.
J'ai marqué des pauses, visualisé les quartiers parcourus un enfant à la main ou foulés du pas léger de la danseuse. J'ai comblé les blancs d'un récit vaporeux.
Modiano susurre ses fantasmes temporels dans le creux de l'oreille, d'une voix douce, concise, envoûtante.
Le charme opère encore et toujours.

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Court roman, tout léger, léger, comme la danseuse dont le narrateur se souvient, alors qu'il déambule dans un Paris qu'il ne reconnait pas et qui ressemble "à un grand parc d'attractions ou à l'espace « duty-free » d'un aéroport.[...] Les passants march[ai]ent par groupes d'une dizaine de personnes, traînant des valises à roulettes et la plupart portant des sacs à dos." le narrateur, qui ressemble bien à l'auteur, se demande où vont tous ces gens.

Léger, léger, comme la déambulation dans un passé révolu, mais retrouvé par images en clair-obscur, éclatées, répétées, parfois estompées, comme éludées telles des peintures impressionnistes ou comme les mouvements de la danseuse : "diagonale, variation, déboulé, barre à terre ou la barre au sol, « casser le coude » pour donner une impression de fragilité"

Ce narrateur se souvient ainsi de ce temps où il était encore un jeune homme, sans argent, sans métier, il faisait ses tout premiers pas comme écrivain, chargé par un éditeur, Maurice Girodias, de compléter et d'arranger des romans anglais censurés dans les pays anglo-saxons ! Il était logé par un certain Serge Verzini, qu'il rencontre par hasard des années plus tard dans le Paris "parc d'attraction". À l'époque, la danseuse aussi faisait son apprentissage "avec Boris Kniaseff, un Russe que l'on considérait comme l'un des meilleurs professeurs…" Elle avait un enfant d'une dizaine d'années, Pierre, dont le narrateur s'occupait avec un certain Hovine dont on ignore à peu près tout. Évoquant le passé de la danseuse, Verzini explique : "Nous appartenions à un milieu un peu particulier. » Il n'avait pas besoin de me donner des précisions. J'avais compris. Mon père lui-même et ses amis…" précise le narrateur qui suggère un univers interlope qui lui rappelle ses propres origines car "lui aussi" avait "besoin d'une discipline."

Cet art de la suggestion se retrouve aussi dans l'évocation de quelques scènes érotiques : "un manteau d'homme sur le grand canapé. Pola Hubersen était sûrement en compagnie de quelqu'un dans sa chambre"

En somme, lire Modiano, c'est entrer dans un univers, se couper du monde, se laisser entraîner dans un temps révolu à travers Paris, mais lire La Danseuse, c'est découvrir un univers plus épuré, plus aérien et se laisser perdre entre tous ces noms de personnes mêlés aux noms de personnages !

Lien : http://www.lirelire.net/2023..
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Au hasard d'une promenade dans un Paris qu'il ne reconnaît plus, envahi de touristes munis de sac à dos et de valises à roulettes, le narrateur croise Serge Verzini. Ce dernier ne le reconnaît pas, mais les deux hommes vont boire un verre dans un petit bistrot de quartier. le narrateur lui demande des nouvelles de la danseuse et de son fils Pierre, mais Verzini ne se souvient pas d'eux, ou ne veut pas lui en parler. C'est l'occasion de se replonger dans son passé, quand il était un jeune homme qui voulait devenir écrivain. On devine sans peine que l'auteur parle de lui-même, de sa vraie jeunesse ou de sa vie rêvée, on ne sait pas et c'est ce qui fait tout le charme de Modiano.

Il servait de babysitter au petit Pierre, sept ans, le conduisait à l'école, le ramenait et prenait soin de lui quand sa mère était trop occupée. Elle prenait des cours de danse avec Boris Kniasseff (personnage réel), répétait un ballet, voyait ses amis, avait une liaison avec son partenaire de danse etc. le narrateur écrivait des paroles de chansons avant de se faire engager comme correcteur par un éditeur de romans anglais qu'on devine osés et appartenait à son cercle d'amis.

Les livres de Modiano sont vraiment magiques par leur ambiance, du moins si on les apprécie. C'est un auteur qu'on adore ou qu'on déteste, il n'y a pas de demi mesure. Si l'on se base sur les indications du roman, il se déroule vers 1970, mais il évoque une période plus ancienne, l'après-guerre, un Paris en noir et blanc, le jazz. C'est tout l'art de l'auteur, de nous transporter à une époque en affirmant autre chose. Tout est flou, incertain. Souvenirs, rêves et réalité se mêlent intimement et font écho à notre propre vie. Même si je ne suis allée qu'une dizaine de fois à Paris, la dernière remontant à douze ans et que je n'aurais sans doute plus l'occasion d'y retourner, une part de moi vit dans l'univers onirique du Paris de Modiano, c'est difficile à expliquer, c'est une sorte de musique intérieure.

On retrouve les thèmes chers à l'auteur, la mémoire, le passé, le rêve, l'enfance difficile, les mauvaises fréquentations, il décline toujours les mêmes sujets à l'infini et chaque fois la magie opère. La thématique de l'occupation et de l'identité juive n'apparaissent pas dans ce roman alors que c'est souvent le cas. Les époques s'entrechoquent, notamment dans les numéros de téléphone donnés par Verzini, celui de portable, contemporain et le fixe qui date d'avant la guerre et rappelle Rue des boutiques obscures. Ces anciens numéros sont d'ailleurs un motif récurrent dans son oeuvre, ils sonnent dans le vide nous rappelant que le temps est assassin. le monde contemporain rebute Modiano, les temps sont difficiles depuis l'époque du Covid, les touristes avec leurs valises à roulettes sont comparés à une armée d'envahisseurs., il ne va guère apprécier les J.O.

Un grand crû que les amateurs vont adorer et qui m'a transporté dans un monde magique une fois de plus. Il ne se passe presque rien et pourtant on est embarqué dans cet univers particulier. Un nouveau coup de coeur.
Lien : https://patpolar.com/
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Voilà, encore un Modiano pur jus… Je me disais, pour rire, que je pourrais très bien ressortir ma chronique sur « Chevreuse » et juste changer quelques noms, quelques situations (et encore) et le tour serait joué !
Bien sûr j'ai adoré ce texte. Pour les mêmes raisons que j'ai aimé ses autres romans. Je ne vais pas me répéter, c'est inutile, mais je voudrais profiter de cette chronique pour tenter de préciser ce que la lecture d'un texte de Modiano produit en moi.
Il s'agit d'une sensation presque physique, une impression étrange, exactement la même que lorsque je lis « Nadja » de Breton. Avec ça, vous voilà bien avancés !
Je crois que c'est l'évocation de Paris qui est à l'origine de cela. Un rapport tout particulier que j'ai à cette ville où je suis née, que j'ai quittée à l'âge de 6 ans pour la banlieue et où j'ai fait mes études. Je suis très attachée à Paris. de façon vraiment viscérale. Et mon grand regret est de ne pas y avoir vécu à l'âge adulte. Or, la lecture de Modiano fait naître en moi des souvenirs de moments, aussi surprenant que cela puisse paraître, que je n'ai pas vécus ou que j'aurais vécus mais dans une autre vie, quelque chose de très enfoui, de profond qui m'oblige à poser le livre et à tenter de retrouver la trace de ces moments dans ma mémoire. J'ai un souvenir assez précis de mes années d'enfance à Paris et quand je lis Modiano, c'est comme si ces années remontaient à la surface et me revenaient par bouffées. le Paris de Modiano réactive de façon très puissante des sensations passées, le souvenir de lieux traversés à la fois dans une vie qui a eu lieu, celle de mon enfance, mais aussi dans une vie qui n'a pas eu lieu. Les phrases de Modiano me laissent deviner des choses que je n'ai pas vécues (ou que j'ai vécues et dont je ne me souviens pas) et qui auraient eu lieu à Paris. Ainsi, quand je lis du Modiano, très souvent, je m'arrête pour chercher ce qu'est en train de me dire le texte sur Paris et sur moi. Je sens que c'est là, que ça remonte à la surface, que ça me dit quelque chose que je ne parviens pas à comprendre, à saisir. C'est une lecture qui provoque en moi une expérience intime singulière et vraiment étrange que j'ai beaucoup de mal à décrire.
Bon allez, je parlerai de tout ça un jour ou l'autre à mon psy…
Ce qui est certain, c'est que Modiano à Bordeaux ne m'intéresserait absolument pas…
C'est drôle quand même la littérature...
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Un nouveau Modiano. Celui là m'a époustouflée, souffle suspendu par le degré d'épure de cette écriture qui nomme les êtres et les rues pour que tout le reste demeure innomé, en atmosphère de suggestion, en rêverie.
En marchant avec « la danseuse » m'est venu que les enfances fracassées par les violences des adultes laissent grandir des êtres dont l'errance est tournée vers la nécessité de rassembler les morceaux, trouver la colle, remettre la main sur sa vie. Trouver sa colle. Une des solutions fréquemment utilisée passe par l'appropriation de la violence, s'imposer une violence ritualisée, en chercher la juste mesure qui dans son dépassement permet tout à la fois une reconquête et un instant de délivrance. Ils sont nombreux ces êtres patiemment recollés par la douleur à laquelle ils s'astreignent pour recontacter le sentiment d'être à soi, en soi.
En marchant avec Patrick Modiano j'ai pensé à ce que peut recouvrir le mot discipline.
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