La
rue des boutiques obscures est sans doute devenue une avenue où les enseignes commerciales ont laminé le monde d'avant. Et encore davantage celui interlope des années d'après guerre, dont
Modiano s'était fait le gazetier, semblant ignorer son époque.
Mais la voici tout à coup qui s'impose à lui, révélateur du décalage avec son oeuvre. le bruit des valises à roulettes des touristes airbnb a écrasé pourtant depuis longtemps celui des carrioles des vendeurs de quatre saisons tournant sur le quartier des Halles. "Que reste t'il de tout cela dites le moi?" Chantait
Charles Trenet.
Les personnages de
Modiano sont étrangers au monde depuis toujours, mais cette fois ils me semblent même étrangers à l'auteur, tout comme le Paris nouveau..
Paris n'est plus une fête, dirait
Hemingway. le monde d'hier n'existe plus que dans un décor pour touriste. Comment faire pour survivre au décalage de plus en plus abyssale entre l'oeuvre et le temps présent? Un prix Nobel donne t'il toujours une légitimité éternelle à repasser sans cesse la même trame de plus en plus usée, au musée Grévin dont on ne parvient plus à mettre un nom sur les figures de cire?
Romain Gary s'était fatigué d'être sans cesse encensé par la critique, ses oeuvres acceptés d'office par son éditeur. Il avait décidé de se saborder et de se faire
Emile Ajar.
Sans doute pas un exemple à suivre à la lettre, mais dont on peut s'inspirer dans cette leçon de "repartir à zéro", comme on disait dans le temps, en s'inventant des habits nouveaux, et de surprendre critique et lecteurs.
Même les petits commerçants doivent revoir le look de leur enseigne.. Comme on disait dans le temps.