Internet est un formidable outil de connaissance...quand les connaissances sont en libre accès, gratuites, et largement diffusées. Mais tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne dans ce domaine, et entre la liberté de diffusion, le monopole, les restrictions, les droits d'auteurs etc, c'est un labyrinthe dans lequel il peut être difficile de se retrouver.
L'exception culturelle française n'y fait pas exception, en son sein grouille un mille feuille de réglementations, qui en fait même l'exception administrative française.
Et c'est sans compter sur l'esprit gaulois qui voit d'un mauvais oeil tout ce qui vient d'Outre-Atlantique, surtout quand en plus ce qui traverse l'océan tend à l'universalisme ( à l'impérialisme diront certains?) et au monopole.
Depuis la parution de ce livre il y a quelques années, je pense que la situation a encore évoluée, qu'en est-il aujourd'hui de la place du libre, dont on n'entend de plus en plus parler, par vague ponctuelle, quand certains réseaux sociaux et leurs propriétaires s'attirent les foudres de leur public?
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L’Europe, ce n'est pas seulement une tour de Babel linguistique, c'est aussi une Babel historique et institutionnelle.
L'Internet est parfois présenté comme une lutte permanente entre deux modèles, celui du libéralisme marchand de la mondialisation d'une part, celui du libertarisme de l'accès non marchand d'autre part. Il a sans conteste permis un renaissance de ce dernier courant, qui s'"est partiellement imposé: en ce sens, on peut parler de révolution numérique, dans toute la force du terme. Mais Internet a aussi été l'une des principales causes du premier courant, qu'il a largement accéléré.
C'est d'ailleurs pour cette raison que l'"industrie culturelle" française, menacée comme tant d'autres industries, par les géants de l'Internet, stigmatise le libéralisme marchand en invoquant la nécessité de l'exception culturelle. Cela ne la rapproche pas, loin s'en faut, du monde de l'Internet culturel non marchand: en fait, elle se bat sur deux fronts. Car, tout en la dénonçant, l'industrie culturelle profite de la mondialisation marchande, avec laquelle elle a partie liée: le système de sélection des contenus par les moteurs favorise par effet d'entonnoir les contenus-vedettes, ceux qu'elle souhaite promouvoir.
Tout en reprenant à notre compte cette idée d'humanisme numérique, précisons-la de deux manières. La première est l'ardente obligation de diffusion et de partage des connaissances sur Internet. Il ne saurait y avoir accès à tous de la connaissance s'il n'y a pas partage de la connaissance par certains, à commencer par l’État et par ses institutions scientifiques et culturelles. Ce partage de la connaissance, avec l'accès numérique à un certain nombre de biens publics qu'il implique, est au fondement même de la notion d'humanisme - et l'a été dès la Renaissance.
Réciproquement, l'Internet, outil d'accès à et de partage des connaissances, entretient une salutaire libido sciendi, un désir d'apprendre. C'est là le second fondement de la notion d'humanisme numérique telle que nous l'entendons: la confiance en nos pairs internautes, capables et désireux d'apprendre sur Internet, d'y exercer leur discernement et de s'y construire une opinion valable sur un certain nombre de sujets, à la lecture de plusieurs sources. Déjà à la Renaissance, l'humanisme était un retour aux sources.
C'est ce plein humanisme numérique que nous souhaitons promouvoir avec ces deux facettes: diffusion des connaissances sur Internet, confiance en nos pairs dans l'utilisation de l'outil. Il ne s'agit pas d'une utopie scientiste: chacun de nous reste conscient des dangers d'un "tout numérique", d'un transhumanisme, d'une religion de l'Internet; C'est même partie intégrante de cet humanisme numérique que de connaître ses propres limites et ne pas passer sur l'autre versant, celui du trans-humanisme à caractère scientiste.
Des grandes écoles ont remis un rapport, le 14 octobre, à la ministre de l?enseignement supérieur. Celui-ci contenait des pistes de réflexions pour promouvoir une plus grande diversité sociale et géographique dans ces écoles. Est-il possible de diversifier, de démocratiser les écoles d'élites ?
Pour en parler, Emmanuel Laurentin reçoit Alexandre Moatti (polytechnicien et docteur en histoire des sciences), Nesrine Slaoui (journaliste au Bondy Blog), Nassim Larfa (ancien président d'Ambition campus), et Marianne Blanchard (maître de conférence à l'université de Toulouse).
Le Temps du débat d?Emmanuel Laurentin ? émission du 31 octobre 2019
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