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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avoue que j'ai tendance à me méfier de l'usage des Yokaï dans la bande dessinée, c'est un peu le phénomène à la mode. Mais avec NonNonBa, on est loin de ça, parce qu'il y a une véritable sincérité dans le propos. Ce manga raconte la jeunesse de l'auteur dans le Japon rural des années 1930.
L'auteur, Shigeru, était enfant et sa famille, assez moderne dans l'esprit, a accueilli une vieille dame du coin, NonNonBa, qui sera leur baby sitter, mais cette vieille dame est très superstitieuse. Shigeru qui est un enfant curieux va s'intéresser à ses croyances d'un autre âge, son univers sera alors peuplé de monstres, d'esprits.

On passe de la vie de tous les jours dans le Japon des années 30, d'un point de vue social, économique, familial, un Japon qui entre dans la modernité, à un monde onirique, fantastique, dans l'esprit réalisme magique, un pays ou le mysticisme est très marqué. Cette histoire est un témoignage ethnologique et sociologique mais c'est surtout une belle histoire pleine de rires et d'émotions. le graphisme est simple pour les personnages mais parfois les décors deviennent fabuleux, le trait se fait plus fin, et la magie arrive alors. Et ici, les Yokaïs ne se limitent pas à une astuce scénaristique, on découvre comment ils sont perçus à travers les croyances, les superstitions, comment ils font partie de la vie de ce Japon encore très rustique. J'ai été étonné de découvrir des mentalités finalement plus proches des nôtres, occidentaux, à travers la curiosité de Shigeru, malgré son exotisme, ce récit revêt une dimension universelle, une histoire d'enfance, de développement de la personnalité. Voici une bande dessinée vraiment passionnante et émouvante, sur un sujet qui généralement m'incite à la méfiance, une bande dessinée où le Japon est représenté avec une sincérité rare, loin de l'adoration béate qui m'exaspère si souvent et aussi loin du culte de l'héroïsme ou de la réussite.

Ce manga est une ode à l'imagination, à la créativité, simple et sincère, une très belle lecture.
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Cette brique de 400 pages est la première oeuvre publié en français de Shigeru Mizuki, mangaka de renommé au Japon, surtout connu pour son oeuvre »Kitaro le repoussant ». L'excellent travail de l'éditeur Cornélius, qui respecte les onomatopées originelles tout en pourvoyant un lexique très riche, est d'ailleurs à souligner sur cet album qui décrocha le grand prix du Festival d'Angoulême en 2007.

Shigeru Mizuki va puiser dans ses souvenirs d'enfance pour cette oeuvre grandement autobiographique. On y découvre un humour et une fraicheur découlant logiquement d'un univers enfantin, mais également une chronique sociale qui découle du quotidien de ce petit village du Japon des années 30.

Un Japon qui a fort évolué depuis et largement tourné le dos à ces nombreuses superstitions villageoises et à cette foisonnante mythologie japonaise auxquels l'auteur réfère en long et en large avec une certaine nostalgie. Une description des traditions, des rapports familiaux et d'un certain conservatisme qui font penser à l'excellente trilogie « Histoire couleur terre », sauf qu'ici le fantastique vient remplacer la symbolique de la nature. Les yökaï, créatures des légendes de ce quotidien révolu où morts et vivants cohabitent, sont en effet omniprésents au sein de ces nombreuses histoires courtes pleines de sagesse.

Le graphisme en rondeur et assez espiègle se met entièrement au service de l'histoire et colle parfaitement à cette narration issue de l'univers des enfants.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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Shigeru Mizuki est un mangaka japonais né en 1922 à Sakaiminato. Il est l'un des fondateurs du manga d'horreur, puisque ses récits regorgent de créatures surnaturelles, de monstres et de fantômes. L'auteur, gaucher ayant perdu son bras gauche durant la Seconde Guerre mondiale en Nouvelle-Guinée, surmonta ce traumatisme et apprit à se servir de son seul bras valide pour devenir le mangaka que l'on connait enfin aujourd'hui.


Dans le Japon des années 30, on découvre l'enfance du jeune Shigeru. Il vit avec ses parents dans une campagne niponne simple, sans accès direct à la technologie et à la culture moderne. Il se lie d'affection avec une vieille dame attachante, Nonnonba, qui lui transmet ses connaissances sur les démons inoffensifs et malicieux que connait ce Japon là, tout de superstitions et de croyances anciennes. L'univers que cette mémé d'adoption fait surgir dans la vie de Shigeru est une réelle bouffée d'air frais, un peu de fantastique dans cette existance monocorde, bien que d'une douceur candide. Shigeru trouve auprès de Nonnonba des sujets originaux, mystiques et cocasses pour écrire ses histoires et dessiner ses mangas. A chaque sursauts de la réalité, agréables et désagréables, le petit garçon court se réfugier en cet échapatoire riche, peuplé de yokaï (démons) et de fantômes. Certaines entités, étranges et familiaires, apparaissent avec les éclairs en jetant des haricots rouges sur les toits, d'autres lèchent la crasse dans les maisons, tandis que d'autres encore aspirent les forces des humains qu'elles possèdent. Chaque visite de démon rythme l'histoire et la segmente en petites nouvelles délicieuses, nous ramenant au temps des histoires qui font peur, racontées par un copain dans la pénombre, sous une couverture, éclairés par une lampe de poche fébrile.

Avec Nonnonba, on touche une histoire universelle de l'enfance, des découvertes qui la caractérisent et des sentiments qui naissent : l'amour, la peur, la créativité, l'amitié, les croyances. Ce pavé de papier se lit de droite à gauche et de la fin vers le début du livre, comme tout bon manga qui se respecte. le dessin de Shigeru Mizuki est sensible, loin du manga actuel si moderne, si rapide, si pressé. Il a quelque chose de suranné et de nostalgique qui accompagne le propos, sans doute est-ce du à la part autobiographique de l'histoire. La petite mémé ne gronde pas. Elle n'éduque pas mais apprend au garçon à percevoir, à imaginer et à sublimer ce que ses yeux ne voient pas.
Bien sur l'âme vient du Japon où nous ne sommes pas nés, et pourtant Nonnonba a cette proximité touchante. La curiosité de l'enfant est la même sur n'importe quel continent, c'est en grandissant qu'elle prend des voix différentes. Aucun doute, cet album mérite largement le prix du meilleur album de l'année décerné au festival BD d'Angoulème. Cette récompense marque la reconnaissance du monde de la BD envers le manga, enfin reconnu comme style de BD à part entière.
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J'avais à peine 20 ans quand nonnonbâ a débarqué en France et remporté le Prix du meilleur album au festival d'Angoulême l'année suivante. Je ne m'intéressais pas trop alors au folklore fantastique japonais traditionnel et le dessin très old school de Shigeru Mizuki me rebutait, ce qui fait que je n'avais pas investi dans ce riche pavé malgré des critiques unanimes. 15 ans plus tard, je répare cela et découvre un titre vraiment émouvant.


Shigeru Mizuki, c'est le spécialiste des yokai pour nous en France. Il est également connu pour son personnage Kitaro, dont j'avais essayé de lire les premières aventures sans trop de succès, malgré un univers folklorique riche et passionnant. Il m'avait manqué quelque chose et je crois que c'est dans nonnonbâ que j'ai trouvé ce qu'il me manquait, ce qui a fait de cette lecture une vraie réussite contrairement à la précédente.

Avec ce mélange de leçons de vie, d'imaginaire Yokai et d'histoires d'enfants dans le cadre historique du Japon des années 30 et le cadre géographique d'une bourgade de campagne, Mizuki m'a enchantée. J'ai l'impression d'avoir entre les mains à la fois un livre traditionnel pour enfant et l'ancienne d'Une sacrée mamie, manga dont j'adore faire la découverte grâce à sa réédition actuelle.

Avec un trait qui n'appartient qu'à lui où les personnages ont vraiment des têtes surdimensionnées et cartoonesques mais à la mode japonaise, Mizuki plante un décor rétro immersif, dans lequel le dessin des paysages et des intérieurs est particulièrement réussi. On a parfois l'impression d'être en présence de photo redessinées. Il fait également preuve d'une riche et vive imagination pour dessiner l'ensemble des créatures issues des rêveries du héros et de ses proches, et notre offre parfois des pages aux compositions superbes quand un étrange nuage de fumée vient happer le lecteur au milieu de ce décor d'un autre temps. C'est particulier, mais superbe.

L'histoire, elle, dépayse également. Nous sommes dans un décor typiquement japonais avec un auteur qui glisse nombre de références sur l'époque à laquelle a grandi le mangaka : les années 30. Ainsi voit-on comment on vivait à la campagne alors, avec bien moins de modernité que maintenant, plus de misère, mais également plus d'entraide. On retrouve une cellule familiale typique avec le père qui travaille, souvent loin, comme de nos jours, et une mère qui s'occupe de l'éducation de ses enfants. On voit des enfants, en mode Guerre des boutons, qui joue à la guéguerre en singeant les adultes qui eux font véritablement la guerre en Chine. C'est vraiment intéressant de noter toutes les références.

Mais le coeur de l'histoire est dans la relation entre Gege, le héros ou plutôt le mangaka qui se dessine lui-même, et la vieille femme pauvre du coin qui lui raconte plein d'histoire sur les esprits du folklore traditionnel japonais. A leurs côtés, nous allons vivre leur quotidien rythmé par ces légendes qui vont sans cesse s'insérer dans leur train train quotidien, entre les études de Gege, ses histoires avec ses copains, ses balades dans le village, ses histoires de famille mais aussi celles d'une famille de nouveaux arrivants. Tout est prétexte à une histoire fantastique, à une créature car les deux mondes sont encore très intriqués l'un dans l'autre.

Il est amusant de voir ce mélange de peur et de plaisir que le narrateur - héros prend face à ces créatures, qui sont également le sujet des histoires qu'il aime tant dessiner. Il est touchant de voir combien cela le rend proche de cette mamie, qui n'est pas vraiment la sienne, mais qui est toujours là pour raconter des histoires aux enfants et ainsi s'occuper d'eux, ce que ne font pas vraiment leurs parents, plus pris dans leurs histoires d'adultes à eux. Ce sont vraiment ces dynamiques qui ont fait tout le succès du titre pour moi.

nonnonbâ est un titre qui a vraiment sa place dans le patrimoine du manga pour ce qu'il apprend de l'Histoire de ce pays et de sa culture. Cornelius lui offre en plus une édition de qualité avec un bel objet livre et surtout un appareil critique et des notes pertinentes et passionnantes pour enrichir encore nos connaissances. Je suis donc plus que ravie de cette découverte aussi bien du point de vue du plaisir que j'ai pris comme lectrice et de l'enrichissement historique et culturel que j'ai gagné en tant que personne. Un livre deux en un qui ne m'a nullement déçue, mais m'a plutôt touchée et passionnée.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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En complément de la belle critique d'orhal, je voudrais ajouter une information sur la qualité des Editions Cornélius (je n'ai aucun lien avec eux je le jure!). J'ai aussi été très ému par cet enfant qui découvre tout ce qui structure le parcours de toute vie: l'amitié, l'amour, la haine, le pouvoir, la mort. Shigeru est souvent confronté à des choix difficiles à prendre tout autant qu'à des drames et des déceptions terribles . Mais la présence toujours essentielle de NonNonBa mais aussi de ses parents (et surtout de son père, personnage magistral!) lui permet de ne jamais sombrer.
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L'Américain Robert Crumb, réfugié politique en France* depuis une vingtaine d'années, a acquis grâce à l'exposition de son travail au Musée d'art moderne en 2012 le statut d'artiste international. On a senti alors une certaine réserve de la part de cet iconoclaste, passé de l'ombre de l'underground à la lumière du musée. La muséographie est l'art de l'éclairage et de la mise en valeur, et occulte le plus souvent les zones d'ombre de la contre-culture. Il faudrait une histoire de l'art non-académique pour traduire le véritable sens de la contre-culture.

L'intérêt de la longue interview biographique de R. Crumb, qui tient lieu de préface aux nombreux extraits de son travail, vient de ce que cet artiste est né, a grandi et a vécu dans la nation où la culture de masse est la plus étouffante. R. Crumb ne se prive d'ailleurs pas de citer en modèle Brueghel et de dénigrer les « comics » :

- Gary Groth : Qu'est-ce que tu as contre le romantisme ?

- Robert Crumb : Je ne sais pas quel est le problème exactement. Tout ça s'est prolongé dans Superman, les super-héros et les bandes-dessinées d'aventure « réalistes », tous ces trucs d'évasion.

- Gary Groth : Tu te sens encore étranger à ta culture ?

- Crumb : Oh, putain, oui. le seul moment où je n'ai pas eu cette impression, où j'ai même commencé à me dire que je faisais peut-être partie du truc, c'était à la fin des années 1960, pendant la période hippie. Même si je ne me sentais pas tant que ça en phase avec le mouvement hippie (…).


Cet isolement, Robert Crumb l'a d'abord ressenti au sein du foyer familial, installé à Cleveland, puisque les difficultés de ses parents le plongèrent, lui et son frère aîné, dans la lecture et le dessin de petites BD inspirées de gazettes humoristiques comme le célèbre « Mad » (Harvey Kurtzman). Il raconte sans ambages et de façon pittoresque une enfance américaine typique :

« Et donc il y a avait toujours une tension entre mes parents parce que mon père ne supportait pas le côté fêtard de ma mère et de sa famille, qui ne pensaient qu'à se saouler et à s'amuser. le reste, ils s'en foutaient. Mon père, à l'inverse, avait un sens aigu du devoir, de l'honneur et tous ces trucs. C'était constamment une source de tension. Quand un salaire arrivait, ma mère voulait toujours le dépenser, tout claquer tout de suite. Ils se disputaient toujours au sujet de l'argent, ce qui est typique du petit bourgeois de la classe moyenne. »

Cette marginalité, subie au début, Crumb a réussi grâce à son art à la transformer en individualisme. Bien que « self made man » à sa manière, Crumb est un Américain pas comme les autres, et cela rend son témoignage unique. de la culture américaine, Crumb ne sauve pas grand-chose d'autre que cet espèce de fugueur frénétique de Jack Kerouac, Charles Bukowski, romancier politiquement incorrect et provocateur, et quelques musiciens de jazz déjantés.

Crumb n'hésite pas à mettre « ses couilles sur la table » : il déballe ses frustrations et ses désirs sexuels pour les femmes costaudes, ses convictions politiques communistes teintées de scepticisme anarchiste, parle de célébrité, d'argent et de femmes, évoque les rencontres décisives de sa carrière artistique, de la façon dont le LSD a changé sa vie, ou encore de la façon dont la musique, selon lui, a perdu sa sincérité.

Comme l'opinion de Crumb sur le féminisme est à peine plus orthodoxe que celle qu'il a de la famille, son interlocuteur G. Groth l'interroge longuement sur cette épineuse question, devenue pratiquement aujourd'hui un enjeu de politique internationale. « le principal défaut du féminisme, c'est qu'il n'incluait pas de questions de base sur le fonctionnement du système mais voulait simplement que les femmes y soient présentes. » Crumb n'est pas du genre à botter en touche, et se montre aussi capable d'autocritique :

- G.G. : « Même aujourd'hui, tu ne te considères pas comme un bon dessinateur ? »

- R. Crumb : « Non. Je ne l'ai jamais été. Je n'ai jamais été dessinateur du tout. »

… et avoue même un certain plaisir à pratiquer l'autodénigrement.

Plusieurs exemples de la production de Crumb suivent ensuite, destinée aux adultes, de courts chapitres humoristiques. On peut y découvrir ou redécouvrir les différents antihéros bizarres, mi-humains mi-animaux le plus souvent (Fritz-the-cat, Big-Foot), dont l'artiste s'est servi pour donner sa version du rêve américain dans plusieurs fanzines.

*R. Crumb justifie en effet son exil par le durcissement de la politique et des moeurs américaines depuis les années 90.
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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J'ai mis du temps à me décider à emprunter ce livre à ma bibliothèque de quartier. Habituellement, je choisis les mangas à l'histoire bien sûr, mais aussi et surtout aux dessins... et ceux de NonNonBâ me paraissaient un peu trop "simples". Mais au final je ne regrette absolument pas de l'avoir pris ! Ce livre m'a emmenée dans un autre monde, peuplé de Yôkaï grâce à la mémé et aux "aventures" de Shigé-san. Merci Shigeru Mizuki, j'ai passé un très bon moment !
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Un pan réimaginé de l'enfance de l'auteur, entouré de légendes japonaises à propos des yokaïs, sorte de démons du quotidien, maléfiques ou gentils. Shigeru enfant commence à comprendre le monde adulte et s'affirme tout en dessinant des mangas. On aurait envie qu'un 2eme tome sorte.
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Un très joli manga autobiographique dans lequel l'auteur nous parle de son enfance dans la campagne japonaise, entouré de ses parents, de ses frères, de ses amis, de sa grand-mère nonnonbâ, mais aussi d'une multitude de petits êtres mythologiques appelé Yokaïs.
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