Elle s'appelait
Gabrielle Perrier, elle était institutrice. En octobre 1943 alors qu'elle a 21 ans elle est nommée à Izieu (Ain) pour faire la classe à 44 ans enfants âgés de 5 à 17 ans. C'est son premier poste. Ces enfants ont été accueillis dans la colonie d'Izieu, ils sont réfugiés mais personne ne dévoilera à l'institutrice qu'ils sont juifs. Au fond d'elle-même elle s'en doute, mais ne posera jamais de questions pour éviter de les trahir. Pendant six mois,
Gabrielle Perrier va se dévouer pour instruire au mieux les jeunes écoliers, qui, dira-t-elle, étaient des enfants comme les autres, débordant de vie, mais attentifs, intelligents et doués.
Mais l'horreur va surgir, le jeudi 6 avril 1944. Sur ordre de Klaus Barbie, tous les enfants ainsi que leurs 7 moniteurs sont raflés par des soldats allemands, emmenés dans des camions. Direction Montluc, Lyon, Drancy, Auschwitz. Ils ne reviendront jamais.
C'était le début des vacances de Pâques. La veille de ce jour funeste, l'institutrice était rentrée chez ses parents, dans son village de Colomieu à une vingtaine de kilomètres d'Izieu. Sa vie va basculer et tout le reste de son existence elle portera le poids de la culpabilité de ne pas avoir été présente sur les lieux au moment du drame. Mais qu'aurait-elle pu faire contre cette barbarie ?
Gabrielle Perrier va se heurter à l'incompréhension de l'administration et va se refugier dans le silence et l'anonymat. Discrète, modeste, elle ne souhaitait pas se raconter ni devenir célèbre même après avoir témoigné au procès de Barbie à Lyon en 1987. Elle confiera à ses proches : "J'aspirais à une retraite paisible et bien anonyme... Mais la vie est ainsi faite. J'avais un peu l'impression d'être une célébrité." Et d'ajouter : "C'est vraiment là qu'il m'a fallu du courage pour affronter les journalistes".
En 2005 lors de la commémoration annuelle au mémorial d'Izieu, l'autrice,
Dominique Missika, a tenté en vain d'approcher
Gabrielle Perrier afin de recueillir ses témoignages, mais celle-ci a refusé tout net de lui parler ; elle préférait se taire et rester dans l'ombre, comme elle l'avait toujours fait. Elle est décédée en 2010 "emportant avec elle une part du drame."
Et pourtant, malgré tout,
Dominique Missika par cette biographie, a tenu a rendre un hommage vibrant à
l'institutrice d'Izieu. Pourquoi aller contre ses volontés ? Par devoir de mémoire, sans doute, afin qu'on n'oublie jamais les atrocités perpétrées par les nazis.
"L'institutrice est restée discrète, silencieuse, anonyme alors qu'elle incarne la noblesse d'âme, la dignité, la modestie. Sa vie, en apparence minuscule, brisée par
L Histoire (...) symbolise les souffrances muettes de la guerre." Tels sont les mots de
Dominique Missika.
Ne l'oublions jamais.
#Challenge illimité des Départements français en lectures (01 - Ain)