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Critique de de


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22 novembre 2011
L'expérience concentrationnaire hier encore caractérisée comme indicible, donne lieu aujourd'hui à de multiples bavardages, à la sacralisation, sans parler des manipulations de la mémoire.

Philippe Mesnard déploie « une interrogation sur la capacité d'une culture à inclure dans la sphère du sens une violence dont les principes étaient tout entiers mobilisés pour la détruire définitivement ». Ainsi à travers de multiples oeuvres littéraires et cinématographiques, le propos de l'auteur s'articule autour de quelques questions : « Quels savoir-faire et quelles possibilités les rescapés ont-ils mobilisés pour transcrire la violence radicale dont-ils ont fait l'expérience ? Comment s'y prennent les écrivains et artistes : quelle est leur boîte à outils, quelles lectures les ont nourris, quelles sont les ressources culturelles aux quelles ils font appel ? Quel est le programme ou la visée de leur oeuvre ? »

Sans pouvoir citer toutes les oeuvres étudiées par l'auteur, j'indique cependant, dans cette courte note, les noms de Robert Antelme, Vassili Grossman, Michael Haneke, ittskhol Katzenelson, Imre Kertesz, Claude Lanzmann, Primo Levi, George Perec, Alain Resnais, David Rousset et Elie Wiesel.

L'auteur va distinguer et étudier, entre autres, l'écriture réaliste, l'utilisation de scène symbolique pour transposer la réalité, l'écriture pathétique bousculant le récit par sa violence émotionnelle, les ajustements entre distance et proximité, les sens du vide et de la perte.

Les chapitres de la « fenêtre comme ouverture » et des « flammes » m'ont particulièrement touché. Les propos de l'auteur, ses développements, ses allées et retours dans et autour des textes et des oeuvres, permettent une réflexion élargie tant sur la transmission de l'expérience concentrationnaire.

Je ne partage pas le point de vue de l'auteur sur le film « La vie est belle » de Roberto Benigni qui relève, pour moi, d'une certaine abjection pour utiliser le terme critique de Jacques Rivette à propos d'un travelling utilisé par Gillo Pontecorvo dans le film Kapo. Mais cette réaction sensible, ne doit pas cacher l'apport important de la lecture de Philippe Mesnard.

Ce livre est bien à la hauteur de son objet, il nous aide à « penser en termes de possible et de dicible ce qui souvent est renvoyé à l'exception, à l'impossible, à l'indicible. »

Un complément nécessaire ou une invitation à lire et à relire quelques oeuvres, très importantes, du siècle passé.

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