Témoignage postume d'un sonderkommando du camps de concentration d'Auchwitz-Birkenau, soit un deporté juif affecté au groupe main-d'oeuvre technique de la machinerie des chambres à gaz de la "solution finale" et dont la fonction même programmait l'élimination physique, ce dont ils étaient conscients. Très peu d'anciens sonderkommando sont sortis vivants des camps.
Ce témoignage rédactionnel a été retrouvé enterré proche des fours crematoires, à l'instar d'autres.
Aucun voyeurisme dans cet ouvrage très particulier, mais destiné à des lecteurs intéressés par ce sujet.
Ce document n'est pas une description du travail quotidien d'un sonderkommando mais un recueil tourmenté de sentiments, de réflexions, de conditions, essentiellement centrées autour de deux évènements, l'élimination de masse de juifs de Prague et la fragmentation du groupe sonderkommando. Tout ceci baignant dans une froide lucidité de celui qui se sait condamné ( "un mort peut-il pleurer les morts ?"), et qui écrit aussi pour souhaiter et annoncer la vengeance posthume d'un peuple envers ses bourreaux.
De par la particularité de l'oeuvre il est plutôt malaisant d'estimer la forme ; je vais reprendre ce qu'écrit en postface
Philippe Menard, et qui semble adapté :
-"...style littéraire chargé d'émotion et d'emphase, recourant à de nombreuses anaphores dont l'alternance avec les interrogatives et les appels aux lecteurs structure le texte."
-"après l'adresse au lecteur, sortir de soi même passe par l'application stylistique avec laquelle s'exprime son intention littéraire souvent chargée d'emprise et de pathos qui, à la première lecture, étonnent, voire déconcertent."
In fine le sujet et les conditions de rédaction ne prêtent pas flan à critiques ; ce temoignage est à prendre d'un bloc tel qu'il existe, et sera apprécié par les lecteurs cibles auxquels il s'adresse prioritairement.