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EAN : 9782021467772
112 pages
Seuil (04/03/2021)
3.89/5   65 notes
Résumé :
Voici un roman-photo comme vous n’en avez jamais vu. Jalousies, trahisons, bagarres, cafés gourmands, photocopieuses en panne et tendres baisers: Clémentine Mélois, plasticienne, écrivaine et membre de l’Oulipo, connue pour ses détournements de classiques de la littérature revus et passés à la moulinette de la culture pop (Cent titres, Grasset 2014) s’empare du très populaire roman-photo pour étudier le langage dans toutes ses fonctions. Au fil de dix-huit histoires... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Dis-moi un truc gentil.
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Ce tome est un recueil de dix-sept histoires racontées sous la forme de roman-photo. C'est l'oeuvre de Clémentine Mélois, qui a repris des romans-photos qu'elle a détournés. La première édition de cet ouvrage date de 2021. La typographie originale Fotonovzela a été réalisée par Thierry Fetiveau. L'autrice avait illustré un ouvrage de vulgarisation sur le roman-photo, écrit par Jan Baetens : le Roman-Photo - La petite Bédéthèque des Savoirs, tome 26 paru en 2018.

Les six fonctions du langage, romance : par une belle journée, un jeune homme compte fleurette à une jolie brune en lui demandant si on lui a déjà parlé des fonctions du langage selon le linguiste russo-américain Roman Jakobson. Il entreprend alors de lui énoncer ces six fonctions, puis lui susurre des mots compliqués pour lui montrer l'étendue de son champ lexical, ce qui la met dans tous ses états. Un coeur plein de désespoir, drame : Jean-Louis rend visite à Bien-Aimé en Christ et il lui expose son infortune, que ses jours sont comptés, et qu'il a décidé de faire de son ami, son légataire universel pour un montant de six cent cinquante mille euros. Voilà Dédé, amitié : Dédé, un vieil homme barbu et dégarni arrive chez un couple pour le réveillon de Noël, un autre couple invité étant déjà présent. Il entreprend de leur raconter ce qui est arrivé à sa Citroën qui était en rade la semaine dernière, plus de jus. L'anéantisseur ultime, controverse : le Priol vient trouver son chef à son bureau pour lui dire qu'il faut revenir sur ce qui a été décidé à la réunion de cadrage du 12, car il a un document qui prouve qu'ils se sont trompés sur toute la ligne.

Voili voilou, médecine : un médecin s'enquiert auprès de l'infirmière Nadine de la patiente qu'il doit aller visiter ce jour. Elle lui explique que cette femme est en genre mode craquage complet. Il se rend dans la chambre, et un infirmier lui indique que la femme fait une grosse crise de nerf. Il demande à l'infirmier ce qui s'est passé lors de la dernière crise de nerf. La croûte au couteau, création : un couple admire un tableau dans une galerie, monsieur estimant qu'il s'agit d'un moineau géant en train de décéder, madame pensant plus à une sorte de canard. L'artiste s'approche et leur propose de passer à son atelier : ils n'ont rien compris à son oeuvre, mais il leur expliquera. le meuble en kit, romance : un couple en maillot de bain, seuls sur la plage et monsieur susurre une litanie poétique amoureuse à l'oreille de sa belle qui lui répond de manière inattendue. El Magnifico, prouesse : à table au restaurant, un beau jeune homme demande à son interlocuteur en tenue de catche mexicain s'il prendre du dessert, car lui n'a pas encore décidé. le pays des bisous, entreprise : un nouvel embauché arrive pour commencer son travail. Il est reçu par celui en charge de l'accueil des nouveaux et qui se présente. Il s'appelle Fifi, le lutin farceur, et il va tout lui expliquer. Ils vont commencer par un petit tour des infrastructures. Etc.

Au cas où la couverture ne constitue pas un indice assez clair, la quatrième de couverture en rajoute une couche : des mots, de l'action, de la lascivité, du suspense, tellement réaliste qu'on peut presque toucher les larmes. Avec trois citations pour compléter. Roman Jakobson (1896-1982) : Clémentine Mélois n'a absolument rien compris à mon oeuvre. Ludwig Wittgenstein (1889-1951) : un livre inutile qui n'a pas sa place dans nos bibliothèques. Michèle Mélois : moi, j'ai bien aimé. Cet ouvrage est donc placé sous le signe de l'absurde, avec une composante philosophique. le lecteur découvre des histoires courtes de quatre à huit pages, sous la forme de roman-photo. Les tenues vestimentaires évoquent la fin des années 1960, et il constate des retouches de couleurs sur les décors, parfois sur les vêtements, ainsi que des couleurs un peu baveuses et mal reproduites, et parfois des solutions de continuité dans les habits d'un personnage d'une case à l'autre, l'un d'eux en faisant même la remarque. Il s'agit donc d'une réappropriation de romans-photos dont les textes ont été refaits, les séquences peut-être partiellement remontées pour certaines, et racontant une autre histoire que l'originale, un détournement de nature humoristique. L'autrice joue sur le décalage entre ce que racontent les images, oscillant entre relation amoureuse et drame, avec des exceptions comme la présence du catcheur mexicain ou la séquence dans un tribunal, et ce que disent les personnages. le premier sketch évoque les six fonctions du langage correspondant au contexte, à l'émetteur, au récepteur, au canal, au message et au code, et l'autrice joue avec ces six fonctions pour créer ces décalages.

L'utilisation de romans-photos datés introduit également un décalage, très perturbant. D'un côté, il est évident que ces photographies correspondent à plusieurs décennies dans le passé : tenues vestimentaires, coiffures. La piètre qualité de la reproduction des couleurs (peut-être même dégradées à dessein) ajoute à l'obsolescence des images. Il n'y a trace nulle part d'un outil informatique ou d'un téléphone portable. Les postures sont posées, mais sans paraître artificielles ou outrées. Il y a une prépondérance de plans taille, plans poitrine et gros plans, permettant de s'économiser sur les décors en arrière-plan. Il y a donc quelques plans non-raccords pour les costumes, et un ou deux pour les décors. L'acteur en costume de catcheur mexicain semble avoir été découpé dans un autre roman-photo et collé par-dessus la silhouette vraisemblablement d'une actrice. C'est une certitude quand il chevauche un fromage de chèvre. de temps à autre, le lecteur éprouve l'impression que l'autrice a peut-être également recolorié quelques fonds pour un arrière-plan plus uniforme. D'un autre côté, le lecteur regarde des photographies, avec de vrais êtres humains, ce qui apporte une sensation irrépressible de réel. Ce sont des personnes qui se trouvent devant lui et il cherche à déchiffrer l'expression de leur visage, à lire dans leur posture, dans la manière dont ils se tiennent face à leur interlocuteur, dans la manière dont ils réagissent. Lui-même réagit par automatisme, sans pouvoir s'en empêcher.

Pris entre l'aspect suranné de la narration visuelle et la réalité de ces femmes et de ces hommes qu'il a devant lui, le lecteur les perçoit comme des acteurs interprétant une pièce avec maladresse, tout en y mettant de la conviction : le décalage est déjà présent et produit déjà son effet. Voilà un homme et une femme dans l'intimité, en pleine conversation, certainement romantique, mais aussi pressante du côté du mâle, et pas entièrement convaincu du côté de la femme qui lui demande de l'impressionner. Il se lance alors dans une suite de mots compliqués : hypocoristique, ischio-jambier, irénique, marmoréen, polysyndète, pédiluve, ergastule, adamantin, rhombododécaèdre, zététique, brachydactyle, idéogénie, acheiropoïète. L'autrice fait preuve d'une inventivité. Après avoir cité la théorie de Roman Jakobson, elle fait intervenir Roland Barthes (1915-1980) dans le treizième récit : Pas de gestes brusques, action. Il propose à son interlocuteur de parler du concept dichotomique de Langue/Parole : si la langue est l'instance qui nous constitue comme sujet, la parole n'est-elle pas le relais fatal de tout ordre signifiant ? Là encore, il ne s'agit pas juste de prendre un nom comme référence et de faire semblant, mais bien d'évoquer rapidement ses théories, puisqu'il passe ensuite à la crise du Signe, et mentionne le philosophe germano-américain Rudolf Carnap, l'épistémologue anglais Bertrand Russell, et le philosophe autrico-britannique Ludwig Wittgenstein. Elle n'hésite pas à mettre ses propres récits en abîme avec le dernier, où le personnage principal appelle Iris pour lui demander son aide car il vient de recevoir un coup de fil de l'éditrice qui trouve qu'il n'y a pas assez d'action dans ce livre.

L'humour est présent dans chaque récit : il provient du décalage entre acteurs et texte, mais aussi de la logique même du récit, souvent sur la base d'un humour absurde. le premier séducteur échoue dans son entreprise avec sa compagne parce qu'il a le malheur de prononcer le mot Boulgour, un faux pas inexcusable dans la suite de mots compliqués. Dans la seconde histoire, le lecteur constate que l'interlocuteur répond de manière machinale à l'homme qui lui explique qu'il ne lui reste plus longtemps à vivre, que sa femme est décédée d'un accident de travail, et qu'il lui lègue une importante somme d'argent. En fait l'autre n'a rien écouté : zéro empathie. le comique de certaines situations fonctionne sur des personnes qui ne s'écoutent pas, ou qui ne sont pas dans le même registre lexical. D'autres fois, le sujet prend le lecteur par surprise. Il s'attendait à ce que la femme sujette aux crises de nerf ne puisse plus supporter la maltraitance de la langue française. Il n'aurait jamais imaginé qu'un sketch porte sur l'univers partagé Marvel, et deux armes de destruction que sont le gant de l'infini de Thanos, et l'anéantisseur ultime (Ultimate Nullifier) manié par Mister Fantastic. Il n'avait pas prévu que l'autrice puisse réaliser un gag purement visuel, avec El Magnifico chevauchant un Saint Marcelin géant. Il est également pris par surprise, par quelques vrais moments de tendresse, comme cette jeune femme qui demande à son compagnon de lui dire quelque chose de gentil.

A priori, un recueil de romans-photos usagés et détournés, même pour des histoires courtes, n'a pas grand-chose pour faire rêver. le résultat est irrésistible, à la fois par un humour fonctionnant sur le décalage, pour des situations absurdes et intelligentes, pour des thèmes contemporains. le lecteur ne s'attendait pas à éprouver une forme de tendresse platonique pour ces êtres humains plus intelligents qu'il ne le supposait, attachés à bien faire, à surmonter l'incommunicabilité générée par le langage.
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N'allez pas croire qu'il s'agit d'une adaptation à vocation pédagogique du schéma de Roman Jakobson ( qui a défini les 6 fonctions du langage en 1960). Non, Clémentine Mélois est à la fois une plasticienne, autrice ( il va falloir qu'elle s'habitue à cette dénomination) et humoriste ( même si le mot risque de ne pas trop lui plaire). Donc, son nouvel objet littéraire est une parfaite synthèse des talents énoncés plus haut. La plasticienne, à partir de romans-photos ( brésiliens à ce qu'il paraît) datant des années 70, qu'elle a découpés, remontés, colorisés a passé le relais à l'autrice qui a créé 15 petites histoires teintées de son humour oulipien.
A l'arrivée, nous avons un joli album, un roman-photo aux teintes qui rappellent la photographe espagnole Oka Leele et dont les personnages discourent de façon décalée, usant et abusant de différents niveaux de langage. Pour donner une idée du genre de l'oeuvre, nous sommes entre les comics retournés de Gabriela Manzoni en moins mordant et l'absurdité d'un Fabcaro. C'est bourré de références (certaines doivent sans doute échapper au lecteur), mais jamais de façon pédante, toujours empreintes d'une certaine folie douce qui donne la main à une jolie poésie nostalgique pour ceux qui ont connu les grandes heures du roman-photo. Vu le genre proposé, on pourra être tenté par une première lecture rapide ( comme pour une BD simple ou donc un roman-photo...), qui sera de toute évidence un peu superficielle. Lors d'une relecture plus attentive, on découvrira tout le sel, toute la malice de cette création et tout l'amour que porte Clémentine Mélois à notre langue française, jouant avec tous ses niveaux de langage et la confrontant à des images pour le moins piquantes, ringardisées à l'extrême.

Toutefois, les amateurs de grosses rigolades faciles seront à la peine, nous sommes ici dans le feutré d'amoureux de la syntaxe. On peut aimer, adorer ou peut être rester à la marge si on ne décrypte pas tous les codes employés. En tous les cas, une curiosité vivifiante et originale.
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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Un étudiant en linguistique, qui, sur la seule foi du titre, ouvrirait cet objet littéraire qui emprunte aux codes du roman-photo pour mieux les détourner, risquerait d'être surpris.
Et pourtant, c'est bien du langage qu'il est question dans ce nouvel opus de l'impératrice du détournement, j'ai nommé Clémentine Mélois.
Avec humour, elle pointe nos tics de langage, nos jargons, nous apprend à draguer avec des mots rares et précieux, (mais attention toute faute de goût serait rédhibitoire !), le tout accompagné de photos tirées de romans photos sud- américains des années 60.
On y voit donc un bellâtre blond au visage inexpressif dupliqué tandis qu'il écoute une litanie de mauvaises nouvelles ou bien encore des scène improbables comme cette femme qui étrangle par une clé de bras un homme de petite taille pour le désarmer. Les femmes (et parfois les hommes ) sont maquillés à la truelle, les vêtements sont à l'avenant des attitudes et des mimiques: outranciers.


Hautement réjouissant ce roman-photo est une pure merveille !
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Je remercie Babelio et les Editions du Seuil pour l'envoi de cet ouvrage plutôt inhabituel. L'auteure, qui est aussi plasticienne, a détourné de vieux romans photos pour se jouer autour de saynètes très souvent absurdes (quoique) des tics de langage, des conversations clichés ( vous savez ces conversations lors desquelles des gens parlent, parlent, parlent pour ne rien dire), du jargon jargonnant employés par certains (moi y compris).
C'est amusant.
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Un roman-photo pour les amoureux de la langue française et du bon mot ! J'ai été au début surprise par le côté roman-photo vieillot avec une qualité d'image qui n'est pas parfaite, puis séduite par le décalage des tenues, des hommes maquillés et des dialogues bien trouvés ! L'erreur serait de lire ce texte d'une traite comme un album franco-belge, il faut prendre le temps de déguster les différentes planches et leurs références. Je suis particulièrement conquise par le catcheur sur brie et le couple sur la plage. Je conseille ce livre à ceux qui ne sont pas premier degré et qui n'ont pas peur des bides quand ils tentent une belle répartie.
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critiques presse (3)
Actualitte
30 mars 2021
"Les Six fonctions du langage" est un roman-photo pas comme les autres, signé Clémentine Mélois, sous le titre. Un livre décalé, drôle, joliment bien ficelé.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaTribuneDeGeneve
29 mars 2021
Clémentine Mélois publie «Les six fonctions du langage», un album désopilant autour de nos turpitudes lexicales.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LeSoir
15 mars 2021
Avec « Les six fonctions du langage », Clémentine Mélois détourne les situations archétypales du roman-photo. Ses dialogues sont drôles, subtils et interpellants. Découvrez le premier chapitre.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Monsieur le directeur, écoutez-moi. Vous êtes sur le point de commettre une grave erreur. J’ai ici un document qui prouve que nous nous sommes trompés sur toute la ligne. Le Gantelet d’Infinité a beau posséder la gemme du temps, il ne peut pas être plus fort que l’anéantisseur ultime. Pour la bonne et simple raison que l’anéantisseur ultime a une action sur l’ensemble du multivers. […] En consultant la Database, j’ai aussi découvert que le Cube Cosmique était à même d’anéantir l’existence des Doyens de l’Univers alors qu’ils sont immortels. Il faut revoir tout le planning opérationnel et nous préparer au combat. Ces gredins de la compta vont voir de quel bois on se chauffe.
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Elle - Dis-moi encore des mots compliqués ...
Lui - HYPOCORISTIQUE...
Elle - Ooooh, Roberto tu vas me rendre dingue, je ne m’appartiens plus... encore plus compliqué ! Vas-y ! Montre-moi l’étendue de ton champ lexical !
Lui - Ischio-jambier... irénique... marmoréen... polysyndète... pédiluve...
(...)
Lui - Zététique... brachydactylie... idéogénie... acheiropoïète...
Elle - Ooooh ouiiiiiiii, encore...
Lui - BOULGOUR !
Elle - BOULGOUR ?!?! C’est une plaisanterie ?
Lui - Non mais je ...je ne sais pas ce qui m’a pris ... Je me suis laissé emporter, par le feu de l’action...
Elle - Ah non, ne t’avise surtout pas de me toucher !
Lui - Je t’en prie, pardonne-moi... je vais me rattraper... je connais plein d’autres mots compliqués...
Elle - Je ne crois pas qu’on puisse se reconstruire après ça...
Elle - Tout est fini, Roberto. Laisse-moi.
Lui - Hélas ! Quelle dolente attrition...
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Ma mère est décédée des suites d’une longue maladie. C’était une personne de petite taille, mal entendante et à mobilité réduite. Elle travaillait comme hôtesse de propreté, mais suite à un plan social, on lui a signifié sa mise en disponibilité immédiate. Elle s’est donc retrouvée demandeuse d’emploi dans la précarité. Et là, mon géniteur s’est fait manger le bras par un canidé sous l’emprise de l’alcool, au cours d’une altercation. Il nous a quittées un matin d’hiver. Ma mère stigmatisée par sa condition de personne verticalement différente n’a pas retrouvé d’emploi. Voilà comment nous nous sommes retrouvées sans domicile fixe. J’ai commencé par devenir travailleuse du sexe. Mais j’ai contracté une maladie sexuellement transmissible qui m’a rendu non voyante. Suite à ça, j’ai pris la décision d’intégrer une filière djihadiste. J’avais douze ans.
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Pendant des années, j’ai fait des efforts surhumains pour passer outre ces écarts de langage abjects. Je me disais : le français est une matière vivante, il faut t’habituer. Mais c’est au-dessus de mes forces, Bertrand. Je voudrais en finir. Ces dérives s’inscrivent dans un mouvement général de maltraitance de la langue contre lequel on ne peut que s’insurger, Docteur. Moi en tout cas, je m’insurge vivement contre, et c’est pourquoi, par capillarité, par imprégnation si je puis dire, j’ai fini par devenir intolérante comme on serait intolérant au gluten. Le corps proteste. L’âme de même, et, de fil en aiguille, sans même en avoir conscience, on développe les premiers symptômes de ce qui pourrait s’apparenter à un trouble catatonique.
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D’ailleurs vos hortensias, je pisse tous les jours dessus, ça fait de l’engrais naturel. Tous les pépiniéristes connaissent le truc, mais ils le gardent pour eux parce que ça ne coûte rien et que ça leur ferait perdre des clients. Sauf que Dédé il connaît bien le système débrouille. Ça me rappelle le temps où j’étais sur une plateforme pétrolière en Angola : je peux vous dire qu’on ne blague pas quand on doit plonger à cent mètres pour réparer un pipeline. Une fois, on était à court de mastic, j’avais colmaté avec de la mie de pain que j’avais mâchée. Du mauvais pain noir comme ils mangent en Allemagne. Moi, j’aime mieux la brioche, mais enfin, chacun son goût…
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