Les éditions
Monsieur Toussaint Louverture m'ont clairement tapé dans l'oeil et je me suis décidé à lire ce dytique qu'ils ont publiés, intéressé à la fois par l'aspect postapocalyptique tout autant que par l'aspect fantastique promis par le résumé. Et bien que pas très client de la couverture, que je trouve personnellement peu engageante, j'ai décidé de les acheter et les lire entre deux BD.
L'histoire est assez classique dans son déroulé et ne contient aucun twist incroyable. C'est une apocalypse annoncé, une destruction du monde dans le feu nucléaire puis une lente errance des vivants. Nous n'en suivrons que quelques uns et le but semble être de les voir évoluer puis se croiser dans ce monde d'après. Une trame narrative simple mais efficace, donc.
Là où l'histoire joue vraiment sur le lecteur, c'est dans la tension du récit, jamais relâché. Alors que je m'attendais à une ouverture sur l'après, nous allons vivre directement l'apocalypse par le regard des protagonistes, et cette scène sera longue et douloureuse pour chacun. C'est aussi une lente construction de quelque chose, mais je ne sais pas quoi. L'auteur place des pions et semble développer progressivement son propos mais je ne vois pas où il se dirige. Quel sera le rôle de Swan, a quoi servira l'anneau ? Quel impact aura Roland et son fanatisme ? le récit joue sur les zones d'ombres et ce n'est pas parce qu'il semble évident qu'on se dirige quelque part que le récit est transparent sur ce qu'on y trouvera.
Il y a donc une véritable tension dans le récit, un suspense qui est aussi amplifié par l'homme modulable qui plane sur le récit comme la mort sur un champ de bataille. Il est peu présent mais nous savons qu'il est là et le sera toujours. Une très bonne menace, voilée et absente.
Le récit poursuit lentement son trajet mais se prend le luxe de parler de différentes thématiques qui sont bien amenées. Que ce soit l'absurde de la guerre nucléaire, clairement évoqué, l'irresponsabilité du président qui fait un mauvais choix sur des données imprécises, la violence des survivants fanatisés (avec clairement un parallèle entre religieux et militaire), mais aussi quelques petites notes sur le racisme. On reste dans des personnages marginaux et rejetés comme protagonistes, ce qui est souvent le cas des oeuvres postapo.
Le premier tome se finit sans grand twist ni apogée, c'est une lente construction qui prend une tournure étrange vers la fin, ou le fantastique et le fanatisme s'invitent progressivement. Je me doute que les routes se croisent dans le deuxième volume, j'ai compris comment Swan servira le scénario, mais j'ai encore un doute sur le pourquoi et le comment. Et j'aime que l'auteur ne cache pas les directions mais les intentions. Que veut-il me dire et qu'est-ce que tout cela va donner, je ne le sais pas, et j'en suis ravi !