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EAN : 9782251450865
380 pages
Les Belles Lettres (20/03/2020)
3.61/5   18 notes
Résumé :
Notre langage est devenu faible, accablé de néologismes et rongé par l’à-peu-près. En un mot : pauvre.
Notre langage va mal. Ainsi le monde que nous déchiffrons.
Comment sortir du chaos de l’approximation ?
Comment nous réapproprier nos mots ?

Songez que la plus simple marguerite contient en elle une perle, un rayon de lune et l’histoire d’un amour rarissime ; ou que le secret des confins, inaccessibles et inquiétants, est en réal... >Voir plus
Que lire après Etymologies pour survivre au chaosVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'avais adoré « La langue géniale ; 9 bonnes raisons d'aimer le grec », cette ode au grec ancien, joyeuse et vibrante.

J'attendais avec impatience « Etymologies - pour survivre au chaos » qui devait initialement être disponible au mois de mars 2020, sortie repoussée pour cause de confinement. C'est fiévreusement que j'ai reçu mon exemplaire, objet essentiel par excellence, auprès de mon dealer local préféré.

Difficile de trouver un titre plus adapté à la conjoncture astrale…

Par « chaos » l'auteure cible les mésaventures du langage, mais ce « chaos » est devenu aussi malheureusement celui des sociétés en proie à la pandémie.

Les mots, le langage peuvent aider à survivre au chaos, à vivre.

Et j'adhère totalement à cette sorte de déclaration préliminaire, « notre langue est faible parce que nous sommes affaiblis (…) lorsque nous renonçons à un mot (…) nous offensons notre propre faculté de raisonnement, parce que s'il y a moins de mots la pensée n'existe plus » (p. 15)

Immédiatement, le rapprochement se fait avec Orwell et « 1984 » son intuition terriblement sombre et prémonitoire de la mise en place de la « novlangue » comme outil totalitaire absolu bien plus que les caméras de « Big brother » qui ont tant frappé les lecteurs.

Un mot est un objet vivant, avec des racines, une histoire, qui donnent sens (au pluriel). C'est un peu comme une tomate cerise ou une fraise, fruits, végétaux qui après avoir fusionné à la terre, absorbé la lumière et l'eau, sont devenus fleurs avant de fondre dans le palais. Aujourd'hui, les mots sont consommés préemballés étiquetés novlangue, avec des colorants artificiels et trop de ces variants anglais si contagieux qui colonisent et cannibalisent le langage comme ces algues indésirables sur le littoral.

Le métissage, en particulier culturel, est une richesse, encore faut-il que la biodiversité soit respectée et qu'il n'y ait pas de prédation.

C'est tout le sens de ce livre de rappeler qu'un mot, c'est d'abord de l'étymologie.

« L'adjectif grec etymos signifie « vrai », « réel », « authentique » : de là vient le mot étymologie, (…) il porte en lui toute la puissance du verbe legô, concept philosophique qui signifie dans cet ordre exact et inébranlable :  « penser pour comprendre ». Et ensuite seulement, dire pour comprendre. » (p. 21)

Ce livre n'est ni un dictionnaire, ni un manuel. Andrea Marcolongo a composé des bouquets de mots, regroupés par thème (la confusion, le délice…) ; pour chacun des mots, qui lui tiennent manifestement à coeur, elle expose le résultats de ses recherches. Car pour nombre d'entre eux, il faut conduire une enquête pour tracer et identifier le plus exactement possible l'étymon. Si le grec ancien est le champ (chant) magnétique naturel, il est régulièrement fait appel à d'autres langues pour éclairer l'étymologie.

Mais le propos de l'auteure ne se limite pas à cet état des lieux linguistique, elle met en évidence combien la signification des mots peut agir dans notre sensibilité, notre quotidien.

Contrairement à certaines critiques que j'ai pu lire, je n'ai pas perçu ces développements comme étant élitistes. Andréa Marcolongo déroule son fil d'ariane du langage, passionnément mais sans démesure, sans hybris, ne pas confondre mot dire et maudire...

L'intérêt de cet ouvrage est d'ouvrir la réflexion, d'aérer l'esprit et nul besoin d'être docteur es grec ancien pour apprécier. Assurément, comme dans « La langue géniale ... » ici et là l'utilisation ponctuelle de vocabulaire technique aurait justifié un petit glossaire annexé. Mais cette lacune ne confère nullement un aspect ésotérique à l'ouvrage, qui à mon goût est de surcroît gorgé d'une joyeuse saveur.

Quatre-vingt dix neuf mots ont été retenus et chacun d'entre eux mériterait que l'on s'y attarde mais c'est fatalement impossible.

Alors je retiendrai juste cet extrait, au sujet du mot « lire »
« Mais non le livre, en revanche : il vient, du point de vue étymologique, du substantif latin liber, littéralement « la fine membrane entre le bois et l'écorce d'un arbre » qui fut un temps utilisée pour écrire.
Il s'agit d'une homographie de l'adjectif, liber, « libre » et c'est l'un des lapsus qui me font le plus sourire (et dont j'ai honte) lorsque je parle ma deuxième langue, le français : combien de fois ai-je dit, et dirai-je encore, « je suis livre » au lieu de « je suis libre » ? » (p.66)

A lire, pas curiosité et à garder à proximité, aux confins de la méditation, c'est-à-dire d'un point de vue étymologique, je suis à tes cotés, en toute confiance.
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Avec cet essai Andréa Marcolongo invite le lecteur à visiter son jardin dans lequel elle cultive l'amour des mots. Elle y propose un florilège de mots très ordinaires, comme le sont les roses ou les tulipes, mais qui pour elle ont une résonance particulière. Elle en dévoile les racines afin de découvrir leur structure, leur évolution et leur sens parfois insoupçonné en faisant appel à de multiples références linguistiques, littéraires, philosophiques ou historiques, émaillées d'anecdotes personnelles.
Le texte est vivant, agréable par moments mais trop érudit, donc souvent difficile à appréhender pour qui n'a pas reçu une solide formation littéraire.
En préambule l'auteure affirme que "la démocratie se loge au coeur du langage: la langue est un bien commun, un partage." En gros, ceux qui parlent mal ne peuvent pas penser clairement, ceux qui sont conscients de l'importance de pouvoir s'exprimer sont rebelles. Pour elle, prendre conscience de la valeur des mots et de leur origine est une tâche démocratique et politique…
Soit, chacun est libre de croire à ce qu'il veut cependant il m'a semblé que si l'étymologie est une méthode pour goûter l'émerveillement du langage, je ne lui ai rien trouvé de rebelle ou démocratique. A mon humble avis elle me semble même plutôt élitiste, ce qui m'a fortement enquiquinée ! (Enquiquiner: probablement dérivé de l'argot kiki, quiqui, « cou, gorge », d'origine onomatopéique. Au sens propre, « serrer à la gorge ». Pop. Importuner, agacer, irriter).
Manifestement Andréa Marcolongo s'est fait plaisir en rédigeant son essai mais a-t-elle pensé à celui du lecteur qui n'a pas le privilège d'appartenir au cercle des distingués linguistes ? J'en doute...
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Des mots et encore des mots. Qui prennent racine dans l'antiquité et qui sont une fontaine dans notre source quotidienne de partages, d'échanges, de découvertes. Les mots contre les maux dans toute la fulgurance de la maestria d'Andrea Marcolongo.

Par mon résumé, vous trouverez chaque mot choisi par l'auteure pour offrir une odyssée des chemins de l'âme et ses moyens le plus terriens pour s'exprimer : le langage avec pour métaphores des couleurs : le mélange (Krasis), la couleur pers (Glaukos), le cyan (Kyaneos), le pourpre (Porthyreos), le noir (Melas), le blanc (Leukos), le rose (Rhodon), le bronze (Xanthos) et l'indigo (Indikon).



Tout commence par un mélange en entrant dans un labyrinthe. La confusion est totale et il en faudrait peu pour devenir nerveux. Tel un migrant on n'espère rien d'odieux, ni de détestable une fois le chaos derrière soi. Personne pour trahir quand explosera le feu de la joie.

Puis, la couleur pers filtre doucement, avec une délicatesse infinie, provoquant un délice pour les yeux. On se met à regarder le ciel pour y trouver toute la poésie à lire ou à imaginer. Dans une posture d'ingénu, on perçoit un nuage se développant en fleurs et le coeur devient pétale en espérant un jour de s'éprendre pour goûter au bonheur, à la félicité, tout ce qui fait aimer la vie.

Le cyan succède à la manière d'une nature morte, un tableau qui pourrait paraître noir mais qui en réalité colore pour apaiser l'anxiété, l'angoisse, pour éviter les cauchemars et atténuer la douleur. Même si on affronte la solitude, il ne faut jamais se jeter dans un quelconque abandon tout en prenant conscience que tout est mortel et que l'éternel serait toxique. Vivons, tout simplement.

Le pourpre prend la place dans toute sa flamboyance couleur de vin. Telle une passion soudaine, le temps d'un voyage, loin de la rage du monde. L'ambition alterne avec l'enthousiasme, comme une virgule sur chaque étape de la vie. Une catharsis en quelque sorte. Au fait, si on allait voir un loup ?

Une éclipse en plein jour, fait rarissime. Tout devient noir et tout devient triste. A qui la faute ? A la guerre que les hommes continuent à entretenir ou à une tache invisible dans l'univers ? Pourtant, la jalousie n'est pas la seule responsable dans cet omnibus des existences. Ne tombons pas dans la mélancolie, regardons à travers cette lumière diaphane, quelle soir diurne ou nocturne, la nuit suivons la chouette qui en sait beaucoup plus que nous.

Soudain une étincelle jaillit, du crépuscule nait, fulgure une lumière, une lumière tout de blanc vêtu, aussi claire qu'une pleine lune dans toute sa majesté et sans aucun dissimulateur. Une merveille pour qui sait voir, regarder. C'est un phare qui s'élève dans le firmament, l'être aimé qui envoie un baiser, un ami retrouvé, un arc-en-ciel offrant une fontaine de couleurs.

Bref, la vie en rose, en couleurs et en fleurs. Garder confiance, sans pour autant occulter un tabou ou un paradoxe. Partir aux confins de son âme comme un papillon qui s'envole, développant ses ailes vers un climax de beauté.

Juste avant de peindre un dernier contour, tracer un chemin de bronze où s'élève un cerf-volant. Il a la forme d'un animal habillé de vert-de-gris ; ce n'est pas une blague même si d'aucuns peuvent être surpris. Et pourtant, c'est simple comme effeuiller la marguerite, poser un grain sur le destin.

Enfin l'horizon apparaît dans toute la magnificence d'un indigo, si grandiose que le regard se porte en même temps vers l'Orient et l'Occident. L'étymologie est une belle aventure, aussi étrange que le processus de la soie, aussi bienfaitrice pour donner un sens à chaque chose. Embarquons tous dans cette montgolfière du langage pour retrouver la liberté.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Livre savant ? Si peu... Suivez-moi dans le monde merveilleux des mots, nous avons pour nous guider la fameuse lettres classiques Andrea Marcolongo 😍

Ce livre, qui nous emmène à la découverte de 99 étymologies, se veut une tentative pour retrouver le sens des mots, une boussole linguistique, mais aussi personnelle, pour s'y retrouver dans le chaos ambiant, chaos de nos mots envolés, incontrôlés, perdus, et chaos de nos vies, à l'aune de notre langage et notre intériorité, à l'aune de notre société.

Si vous attendez un simple catalogue d'étymologies, ce livre risque de vous apporter plus que prévu, car c'est réellement un discours philosophe sur la vie, ses bonheurs, ses épreuves et ses douleurs, qui vient émailler ces étymologies. L'ordre alphabétique ne préside pas, c'est un classement selon les couleurs grecques et ce qu'elles renferment. le choix des mots suit les curiosités, envies et besoins de l'autrice.
Bien sûr, vous y apprendrez beaucoup de choses, de mots qui viennent de l'indo-européen comme des noms de leurs créateurs, du grec au latin... Mais cela vous servira aussi de tremplin, de port d'embarquement pour une réflexion sur votre vie et ce que vous voulez qu'elle devienne.

Comme toujours avec Andrea Marcolongo, c'est très riche, très bien mené, et cela nous rend accessible un savoir antique qui est encore, des millénaires après, tellement d'actualité... Un pur plaisir de lecture !
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Un peu difficile de faire un résumé d'un tel livre. Je me suis perdu de
nombreuses fois : l'auteure nous propose une sorte de ballade dans une liste
de mots qu'elle a choisis et de leurs origines. Elle mêle étymologie - qui reste
hélas trop vague, me semble-t-il -, philosophie, littérature, culture antique,
réflexion contemporaine et une bonne dose d'autobiographie. Pourquoi pas ?
Mais, au final, je n'ai retenu aucune étymologie - une discipline que pourtant
j'adore - à l'exception de celle du mot "ambition". Ce qui est un comble pour
un livre qui s'intitule quand même : Etymologies - pour survivre au chaos.
Rien que cela. Je referme ce livre que j'ai eu du mal à terminer avec la
curieuse impression d'un texte trop intime pour être général et me concerner
et trop général pour être d'un véritable intérêt pour lecteur que je suis... Va
comprendre ! A ne lire que si l'on veut découvrir cet auteur.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J'ai relevé deux maux qui affligent le langage contemporain : d'un côté une hypertrophie incontrôlée qui provoque une abondance de termes et une production effrénée de néologismes, comme si les mots que nous avons déjà ne suffisaient plus à exprimer ce que nous pensons. De l'autre, une faiblesse généralisée, presque une fragilité, qui nous pousse à ne pas avoir confiance en nos mots,à penser qu'ils ne nous suffisent pas, qu'ils ne sont pas assez précis ni incisifs.
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Intègres, les étymologies nous contraignent à nous révéler, à nous comprendre, à nous dépouiller de milliers d'excuses, pour être, à notre tour, les étymons à la source de nos vies : des hommes et des femmes réels, authentiques, fidèles.
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Les mots exacts et nécessaires pour vous dire ainsi que votre manière de saisir le monde, avec une exigence de lucidité qui n'est certes pas du snobisme, mais le goût pour la précision de la pensée et le souci de soi est des autres.
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J'ai plutôt voulu essayer de dévoiler , littéralement de lever le voile de la soie chatoyante mais dangereuse qui dissimule le sens le plus intime de notre dire.
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Vidéo de Andrea Marcolongo
Silvio Berlusconi, homme d'affaires italien, entrepreneur des médias, politicien et ancien propriétaire du club de football Milan AC Silvio Berlusconi est mort ce lundi 12 juin à l'âge de 86 ans.
Surnommé "Il Cavaliere", Silvio Berlusconi a été au coeur de nombreux scandales sexuels et de nombreux déboires judiciaires. Son empreinte est et sera durable tant il incarne les succès et les outrances de l'Italie paillettes.
Pour en parler Guillaume Erner reçoit : Marc Lazar, professeur émérite à Science Po. Andréa Marcolongo, journaliste et écrivaine italienne. Enrico Letta, président de l'Institut Jacques Delors et ancien Président du Conseil des ministres italiens.
#berlusconi #italie #politique ____________ Découvrez tous les invités des Matins de Guillaume Erner ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins
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