L'habitude que nous avons de séparer le politique du religieux nous fait oublier qu'il n'en a pas toujours été ainsi en France, et c'est une des grandes vertus de l'histoire que de nous apprendre à penser autrement et à envisager les sociétés anciennes sans préjugé. Cet essai est particulièrement bienvenu, car il permet de découvrir concrètement les fonctions religieuses et la vie sacramentelle du roi de France, hâtivement emballées par les demi-habiles dans la formule mal comprise de "droit divin". Lire ce livre, c'est enfin comprendre en profondeur ce que "roi sacré" a voulu dire dans l'existence quotidienne de
Louis XIV, sur laquelle nous sommes particulièrement bien informés. Une première partie décrit les fonctions liturgiques du roi, depuis le sacre de Reims qui les lui confère, jusqu'aux fonctions de "roi-prêtre", chaque jour de sa vie. La seconde partie traite de la politique religieuse de
Louis XIV, qui, on l'oublie parfois, est un aspect fondamental de la vie du royaume, au point que la lutte contre les jansénistes et la question de la bulle Unigenitus portent en germe, selon certains, la Révolution. Enfin, la troisième partie étudie cet aspect essentiel du christianisme qu'est l'examen de conscience et la nécessité de réformer sa vie en profondeur : on y retrace la religiosité personnelle de
Louis XIV, ses combats "contre la chair", et sa conversion finale, à partir du mariage avec Mme de Maintenon, ouvrant une période intéressante de son règne que les historiens "laïcs" ont fort maltraitée. Voilà donc un essai remarquable, qui se lit très bien et qui fera date.