Je n'avais jamais été déçue par un roman d'
Henning Mankell. Il y a un début à tout.
J'ai aimé certains aspects du récit, comme la peinture de la vie rude, dans ce coin perdu de la Suède. A cette époque, une opératrice téléphonique opérait encore, de jour comme de nuit, pour mettre en communication les bienheureux (et rares) possesseurs du téléphone. A cette époque, les institutrices pouvaient pincer les oreilles jusqu'à arracher des larmes à leurs élèves. A cette époque, un homme qui fait la vaisselle n'est pas vraiment un homme, et ne fait donc pas un compagnon possible.
Joël, lui, veut rendre l'une de ses seules amies heureuse, en lui trouvant un compagnon. Las ! Gertrude, défigurée par une opération ratée, se retrouve encore plus isolée, encore plus en but à la moquerie des personnes normales après l'intervention de Joël. Et sa "vengeance" est extrêmement puérile, digne d'un enfant de douze ans immature. J'avais presque envie de lui donner des gifles tant sa naïveté est flagrante. Est-ce parce que son père, si bourru soit-il, a toujours cherché à le protéger ? Est-ce parce qu'il trouve trop souvent refuge dans l'imaginaire, face à une réalité hostile ? Il exprime souvent son désir de quitter le monde de l'enfance pour celui des adultes, cependant il ne comprend pas les émotions, les réactions des adultes qui l'entourent, perdu qu'il est dans son monde. Et le roman de s'arrêter presque là où il avait commencé.
Ce roman de littérature jeunesse a peut-être trouvé son public en Suède. Je me demande ce qu'il en est en France : sa rudesse, son décalage, séduirait-il de jeunes lecteurs ?
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