C'est avec un immense plaisir que je me suis plongée dans cette nouvelle parution des éditions Hurlevent, entreprise que je suis heureuse de soutenir et dont je salue chaleureusement le travail de publication de grande qualité.
"
La Duchesse de Buckingham" est un roman historique se déroulant à l'époque Victorienne. La jeune Elena Quincy, jeune femme impétueuse et rebelle, assiste un jour à une terrible scène alors qu'elle est en ville avec sa gouvernante : un jeune enfant, la peau sur les os, se fait battre jusqu'au sang par son employeur. Voulant lutter contre les conditions horribles du travail infantile, les pas d'Elena la mène à Buckingham où elle a l'opportunité de servir la reine Victoria, et d'oeuvrer pour de meilleurs lendemains.
J'ai beaucoup aimé l'atmosphère du roman ; l'autrice est historienne de l'art, et cela se ressent. le mobilier, les toilettes portées par ces dames, les bâtiments : on a une image très nette de l'environnement.
Les références à "
Oliver Twist" de
Charles Dickens sont très agréables et donnent à l'intrigue une approche originale.
La plume est également très fluide : il ne m'a fallut que quelques jours pour lire le roman, les pages défilaient avec beaucoup de facilité.
Je dois admettre toutefois avoir rencontré une difficulté importante dans cette histoire, qui tempère quelque peu ma lecture : les personnages.
Je n'ai pas reussi à m'attacher à Elena. C'est une femme moderne pour son époque, et impulsive, "vraie" dans ses émotions. Toutefois, l'impulsivité, ou même la naïveté ne sont pas synonymes de "bêtise". Or, à de nombreuses reprises, c'est de bêtise dont Elena fait preuve. Elle agit sans penser aux conséquences de ses actes, faisant payer aux autres le fruit de ses actions. Elle dessert, constamment, sa propre cause : je me rappelle même d'une ligne de dialogue de la reine Victoria lui disant distinctement que ses projets auraient pu voir le jour, si seulement elle avait fait preuve de patience et de tempérance. À de nombreuses reprises, nous comprenons qu'Elena est novice dans le domaine de la politique et a peu de connaissances : mais à aucun moment le personnage ne m'a donné l'impression d'apprendre réellement de ses erreurs, continuant de tempêter sur la reine d'Angleterre ou de bafouer les règles. Elle fait ça avec les meilleures intentions du monde : mais cela ne justifie pas tout, notamment dans le cadre d'action politique se voulant durable. Elle se fait mener par le bout du nez à plusieurs reprises (et même, à deux occasions, par le même personnage...). Et malgré ses erreurs, parfois très graves, personne ne lui en veut vraiment ; elle a, en quelques sortes, le "beau rôle" à chaque fois. En fait, ce qui m'a gêné avec les personnages, c'est qu'un grand nombre de situations auraient pu être évitées si juste... ils se parlaient entre eux. Alors oui, il n'y aurait pas d'histoire autrement, mais j'y ai vu pas mal de facilités.
À termes, je crois que j'ai davantage eu de sympathie pour la reine Victoria qui s'échinait à trouver un juste milieu entre ce qui pouvait et devait être fait, entre la stabilité du royaume et la justice devant être appliquée.
Peut-être ai-je également mal compris un élément de l'histoire, mais avec le recul je ne saisis pas le titre, "
La Duchesse de Buckingham" ? Elena n'est pas duchesse de Buckingham, et le seul personnage me venant à l'esprit ayant cette fonction dans l'intrigue est un personnage secondaire ?
Qu'on ne se méprenne pas : malgré cette absence d'alchimie entre les différents personnages et moi-même (point qui reste très subjectif au vu des autres reviews que j'ai pu lire), j'ai passé une très bonne lecture et recommande chaudement cet ouvrage à tous les amoureux des rues londoniennes, et des intrigues de cours...
Hâte de me plonger dans la prochaine aventure Hurlevent !